Femmes enceintes et jeunes enfants : les dangers de l’alcool et du tabac

Poursuivons notre série sur les expositions chimiques particulièrement à risques pour les femmes enceintes et les très jeunes enfants avec les contaminants chimiques contenus dans la cigarette et l’éthanol contenu dans l’alcool.

En effet, parmi les nombreux risques provoqués par la cigarette, retenons par exemple que fumer multiplie par trois le risque de faire une fausse-couche et concernant la consommation d’alcool pendant la grossesse, elle est la première cause de handicap mental d’origine non génétique chez l’enfant.

C’est pourquoi il est essentiel de s’abstenir de fumer et de boire de l’alcool, non seulement pendant la grossesse, mais également pendant la période de conception si la grossesse est prévue et durant l’allaitement puisque :

  • L’alcool représente un risque dès les premiers jours de la grossesse
  • Le cigarette réduit les chances de concevoir et augmente les risques de grossesse extra-utérine et de fausse-couches
  • La barrière du placenta ne suffit pas à préserver les bébés in utero des contaminations toxiques
  • Les contaminants peuvent également passer à travers le lait maternel

CIGARETTE : LE FŒTUS EXPOSÉ À UNE USINE CHIMIQUE

4 000 SUBSTANCES CHIMIQUES PAR CIGARETTE

Ainsi que Santé Publique France le rappelle sur son site, dès lors que l’on allume une cigarette : « Les 2 500 composés chimiques contenus dans le tabac non brûlé passent à plus de 4 000 substances dont beaucoup sont toxiques. […] On y retrouve toujours la nicotine, les goudrons et les agents de saveur mais il en existe beaucoup d’autres, tels que des gaz toxiques (monoxyde de carbone, oxyde d’azote, acide cyanhydrique, ammoniac) et des métaux lourds (cadmium, plomb, chrome, mercure). »

LE TABAGISME RÉDUIT LES CHANCES DE CONCEVOIR UN ENFANT

Le tabagisme a en premier lieu une incidence sur la fécondité, autant chez l’homme que chez la femme. Il est recommandé aux couples d’arrêter de fumer pour augmenter leurs chances de concevoir un enfant. Chez la femme, le tabac a un effet délétère sur l’ovulation, augmente le risque de grossesses extra-utérines et de fausse-couches.

LE TABAC NUIT AU BÉBÉ DANS LE VENTRE DE SA MAMAN

Lorsqu’une femme enceinte fume, son bébé reçoit moins d’oxygène car le sang de la maman se charge en gaz carbonique et la nicotine empêche une bonne circulation du sang.

En outre, les contaminants toxiques contenus dans la fumée peuvent causer des retards dans le développement de l’enfant à naître.

LES RISQUES LORSQUE L’ON FUME EN ÉTANT ENCEINTE OU AU MOMENT DE LA CONCEPTION

  • 35% des grossesses extra-utérines seraient dues au tabac
  • il y a 3 fois plus de risques de faire une fausse-couche en début de grossesse
  • le tabac augmente le risque d’accouchement prématuré
  • le tabac peut causer des retards de croissance (faible poids, petite taille, petit périmètre crânien)

MÊME PAS QUELQUES CIGARETTES PAR JOUR ?

Malheureusement, le fait de dire qu’il vaut mieux fumer quelques cigarettes par jour plutôt que d’être stressée par l’arrêt total du tabac est une idée reçue. Il est vraiment important de se faire aider par un professionnel de santé si la future maman ne parvient pas à arrêter. Quel que soit le moment au cours de la grossesse où elle réussit à ne plus fumer, c’est toujours bénéfique pour l’enfant à naître.

TABAGISME PASSIF SUR LA FEMME ENCEINTE ET LE PETIT ENFANT

Le tabagisme passif, c’est le fait d’inhaler la fumée des fumeurs environnants. Le tabagisme passif est à prendre au sérieux puisque l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime qu’il est responsable de 600 000 décès chaque année dans le monde dont environ 168 000 enfants (voir l’article publié dans la revue médicale The Lancet).

Les substances chimiques contenues dans la fumée de cigarette respirée par une femme enceinte passent dans son sang et celui de l’enfant à naître. Comme pour une femme enceinte qui continue de fumer, les risques du tabagisme passif sont notamment des retards de croissance in-utérins.

Dans une brochure consacrée au tabagisme passif, Tabac Info Service rappelle que les enfants exposés au tabagisme passif présentent plus de risques de souffrir :

  • d’irritation des yeux, du nez et de la gorge ;
  • de rhinopharyngites et d’otites ;
  • de crises d’asthme et d’infections respiratoires telles que la pneumonie et la bronchite ;
  • d’une faible mais significative diminution du développement du poumon ;
  • en outre, fumer en présence d’un nourrisson augmente le risque de mort subite.

CIGARETTE ET ALLAITEMENT

La nicotine passe dans le lait maternel et intoxique alors les enfants allaités si leur mère fume.

ZÉRO ALCOOL DURANT LA GROSSESSE

ON ESTIME QUE 500 000 PERSONNES EN FRANCE, LA PLUPART NON DÉPISTÉES, SONT TOUCHÉES PAR DES TROUBLES DE L’ALCOOLISATION FŒTALE

Chaque année en France, 8000 enfants naissent avec ce que l’on appelle des « troubles causés par l’alcoolisation fœtale » (TCAF), et 800 d’entre eux présentent une forme grave de cette maladie.

On estime donc que 500 000 personnes sont touchées en France par des troubles de l’alcoolisation fœtale. La plupart ne sont pas dépistés et ce sont autant de personnes qui ignorent de quoi elles souffrent et n’ont pas de prise en charge médicale adéquate.

Cela peut s’expliquer par le manque de connaissance et de vigilance de la population au sujet de l’alcool pendant la grossesse, même si les messages de prévention qui mettent bien l’accent sur ZERO ALCOOL PENDANT LA GROSSESSE commencent à porter leur fruit.

En attendant, les chiffres restent alarmants puisque Santé publique France précise que :

  • seulement 44% des Français déclarent spontanément qu’il n’existe pas de consommation d’alcool sans risque pour l’enfant durant la grossesse (en progrès puisqu’en 2015, ils étaient 25% seulement) ;
  • 21% des Français pensent qu’il est conseillé de boire un petit verre de vin de temps en temps durant la grossesse (contre 27% en 2015) !

QUELQUES EXEMPLES DE TROUBLES DE L’ALCOOLISATION FŒTALE

Les troubles sont divers et plus ou moins marqués selon les individus, cela comprend par exemple :

  • Des retards de croissance
  • Un petit périmètre crânien
  • Des malformations diverses
  • Des troubles de l’attention, de la mémoire, de l’apprentissage, du langage
  • De l’hyperactivité, un comportement impulsif, colérique ou familier avec les inconnus
  • Des difficultés d’adaptation sociale

ZÉRO ALCOOL DURANT TOUTE LA DURÉE DE LA GROSSESSE

Ainsi que le rappelle, le docteur Germanaud, neuro-pédiatre à l’hôpital Robert-Debré, dans notre article sur les troubles causés par l’alcoolisation fœtale :

« L’alcool est un produit qui, depuis la maman parvient jusqu’au bébé dans le ventre de sa mère, de façon extrêmement libre, il a même une fâcheuse tendance à s’y concentrer. Une fois dans l’embryon et dans le fœtus, il va avoir une action toxique directe ou perturbatrice. Des gênes impliqués dans le développement et la maturation du cerveau et des neurones vont en effet être perturbés spécifiquement par la présence d’éthanol. »

« Aujourd’hui, on ne peut pas identifier, à l’échelle individuelle, une consommation dont on puisse s’assurer qu’elle est absolument sans danger pour le bébé. »

« La toxicité a lieu durant toute la période de vie in-utero ainsi que durant la période d’allaitement et cette toxicité impacte la croissance globale de l’organisme et la maturation du cerveau, même lorsque l’exposition du bébé à l’alcool se produit tardivement dans la grossesse. »

RAPPELONS DONC QUE :

  • L’alcool consommé par la maman enceinte passe rapidement dans le sang du bébé
  • Le foie de l’enfant à naître étant immature, il mettra plus de temps à éliminer l’alcool absorbé via sa maman
  • L’alcool peut intoxiquer le bébé à naître à tous les stades de la grossesse
  • La période du début de la grossesse est plus à risque et si la grossesse est prévue, il est bon de stopper toute consommation d’alcool pendant la période de conception
  • Même une faible consommation d’alcool peut présenter des risques de malformation ou d’atteinte du système nerveux
  • Tous les types d’alcool présentent un risque (vin, bière, cidre, spiritueux, etc.)
  • L’alcool peut aussi intoxiquer l’enfant à travers le lait maternel pendant l’allaitement

En savoir plus :

Retrouvez notre série d’articles dans notre article introductif au DOSSIER Femmes enceintes et enfants en danger face aux produits chimiques du quotidien

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