Le changement récent de la composition du Levothyrox, un médicament indiqué dans le traitement des troubles de la thyroïde consommé par trois millions de personnes en France, a généré des effets secondaires chez de nombreuses personnes.
Le point sur ce qu’on sait de la situation et la marche à suivre pour les patients qui seraient éventuellement confrontés à ces effets indésirables.
« Punaise, qu'est ce qu'ils ont mis dans leur foutu médoc ? », s’interroge cette patiente sur la page Facebook de l’Association Vivre sans thyroïde. « Il faut probablement porter plainte pour avoir mis en danger les patients », estime une autre. « Je veux revenir à l'ancienne composition du Levothyrox !!! Il fallait nous demander notre avis avant !!! », gronde une troisième…
Voilà, en quelques réactions, résumée la tempête qui s’abat depuis une dizaine de jours sur les patients souffrant de troubles de la thyroïde et qui consomment quotidiennement du Levothyrox. Ils sont 3 millions en France. En cause : un changement de formule opéré en mars par le laboratoire Merck – à la demande de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) – afin d’améliorer la stabilité dans le temps du médicament.
Pourquoi avoir imposé ce changement de formule ?
« Ces modifications, peut-on lire dans un document de questions/réponses publié par l’ANSM le 17 août dernier, ont pour objectif de garantir une teneur en substance active (la lévothyroxine) plus constante d’un lot à l’autre, ou au sein d’un même lot, et ce pendant toute la durée de conservation du produit. Il pouvait exister des différences de teneur en lévothyroxine, non seulement d’un lot à l’autre de Levothyrox mais aussi au cours du temps pour un même lot. Ces fluctuations en teneur active étaient à l’origine de perturbations de l’équilibre thyroïdien chez les patients ».
Précisons que ce changement ne concerne pas le principe actif du médicament mais l’un de ses excipients (le lactose), qui a été remplacé par du mannitol et de l’acide citrique anhydre. Les excipients servent à faire parvenir le principe actif dans l’organisme à l’endroit où il doit agir. Ils jouent un rôle dans l’absorption et la stabilité du médicament et conditionnent l’aspect du médicament, sa couleur ou encore son goût. Mais ils n’ont aucune activité pharmacologique.
En principe donc, cette modification de la composition aurait dû passer inaperçue. Sauf que le Levothyrox fait partie des médicaments « à marge thérapeutique étroite », susceptibles même en cas d’infimes variations des doses délivrées à l’organisme, de perturber l'équilibre thyroïdien du patient.
« Ce changement de formule peut entraîner des modifications de l'équilibre thyroïdien chez certains patients, en particulier s'ils utilisaient une boîte un peu ancienne (risque de baisse en teneur de principe actif) et sont passés à une nouvelle (teneur en principe actif correspondant exactement au dosage indiqué), indique Jean-Philippe Rivière, médecin généraliste, dans une analyse publiée sur le site du Vidal. Un petit dérèglement peut avoir un impact important sur la qualité de vie et provoquer des symptômes parfois très inquiétants et / ou handicapants. C'est d'ailleurs pour cela qu'il n'est pas substituable, en cours de traitement, par un générique ».
Perte de cheveux, fatigue, vertiges, transpiration excessive, irritabilité, perte de poids : nombreux sont les symptômes associés à ce changement de formule aux dires des témoignages recueillis sur le web. Des symptômes similaires à une activité réduite de la thyroïde ou au contraire à une production trop élevé d’hormones dans l’organisme. En juin, une pétition a été lancée pour réclamer au laboratoire Merck le retour à l’ancienne composition. Elle a recueilli à ce jour plus de 160 000 signatures.
Une faillite de la communication avant tout ?
En février, l’ANSM envoyait à 100 000 professionnels de santé (médecins généralistes, endocrinologues, pédiatres, chirurgiens ORL, gynécologues obstétriciens, cardiologues, gériatres, pharmaciens officinaux et hospitaliers) un courrier les enjoignant de mettre en place « un suivi spécifique et un contrôle de l’équilibre thérapeutique pour les patients à risque ».
Chez ces patients (personnes traitées pour un cancer de la thyroïde, atteintes d’une maladie cardiovasculaire – insuffisance cardiaque ou coronarienne et/ou des troubles du rythme –, enfants, seniors ou patients ayant un équilibre thérapeutique difficile à atteindre), l’ANSM recommandait de réaliser un dosage de TSH dans les 6 à 8 semaines après le début de la prise de la nouvelle formule. Quant aux femmes enceintes sous Levothyrox, l’agence préconise un contrôle de la TSH dans les 4 semaines après le début de la prise de la nouvelle formule.
Cette recommandation a-t-elle été bien suivie ? L’ANSM n’en sait rien. Les témoignages publiés sur les réseaux sociaux montrent, chose certaine, que ça n’a pas toujours été le cas. Exemple avec Raphaëlle, une jeune bretonne atteinte d’une hypothyroïdie d’Hashimoto diagnostiquée depuis trois ans, qui a appris ce changement de formule par la presse il y a quelques jours. Elle a pourtant commencé le nouveau traitement en mai, après avoir consulté son endocrinologue. En dépit des recommandations de l’ANSM, celui-ci n’a pas pipé mot sur la nécessité d’adapter le suivi en raison de l’âge de sa patiente, encore mineure.
« J’ai bien remarqué que la couleur de la boîte avait changé mais personne ne m’a prévenue que la composition avait été modifiée. Peut-être que cette modification peut expliquer l’état de fatigue avancé que j’ai ressenti tout l’été ». Peut-être, oui… Elle aurait apprécié en tout cas que son endocrinologue lui en parle. Le professionnel de santé a-t-il seulement lu le courrier de l’ANSM ? L’histoire ne le dit pas mais il est permis d’en douter. Raphaëlle l’a immédiatement appelé afin d’obtenir une nouvelle prescription d’un dosage de TSH. Les résultats de cette analyse n’étaient pas encore disponibles au moment d’écrire ces lignes.
Pour l’Association Vivre sans thyroïde (VST), le défaut de communication auprès des patients est patent dans cette affaire. « Il aurait fallu au moins apporter des explications dans la notice ou inscrire temporairement sur la boîte qu’il s’agissait d’une nouvelle formule ». Las, le laboratoire Merck et les pouvoirs publics n’en ont rien fait et ce sont les médias qui sont montés au créneau pour alerter sur le sujet, provoquant l’affolement général. « On a laissé les médias faire le boulot, ce qui a créé beaucoup d’anxiété parmi les personnes concernées. Nombre d’entre elles se sont sentis flouées. La confiance des patients s’est émoussée au point que certains se posent même la question de l’arrêt du traitement ». Une très mauvaise idée, il va sans dire…
Quelle attitude adopter pour les personnes sous traitement Levothyrox ?
Agacée du traitement alarmiste que certains médias ont servi au public, l’association VST rappelle que nombre de patients sont passés à la nouvelle formule du médicament sans heurts. « C’est juste que les journalistes ont moins tendance à les interroger et à privilégier le sensationnel ». Pour l’association, trois cas de figure se présentent :
- soit le patient ne ressent aucun symptôme, auquel cas tout va bien et le traitement peut suivre son cours ;
- soit le changement de médicament semble avoir perturbé son équilibre thyroïdien et il faut sans tarder qu’il consulte un médecin. Celui-ci prescrira un dosage de la TSH et proposera éventuellement d’adapter le traitement en diminuant les quantités de Levothyrox ou en les augmentant ;
- et si la personne se sent vraiment mal, par exemple si elle a l’impression que son cœur bat plus vite / trop vite, il est tout à fait pertinent de contacter le 15 comme pour tout symptôme pouvant signaler une urgence… les professionnels de santé qui vous répondront pourront estimer avec vous en direct de ce qu’il convient de faire.
Il est essentiel, rappelle également VST, de s’assurer que les effets indésirables sont signalés aux pouvoirs publics. « Vous pouvez déclarer un effet indésirable à tout professionnel de santé, précise l’ANSM. Il a l’obligation d’établir une notification de pharmacovigilance. Vous pouvez également déclarer vous-même les effets indésirables que vous ressentez sur le site de l’Agence du Médicament. Il est recommandé de renseigner vos analyses de sang ». A noter également que depuis le 13 mars 2017, les professionnels de santé ou les usagers peuvent signaler aux autorités sanitaires tout événement indésirable sur le site signalement-sante.gouv.fr.
Le Centre régional de Pharmacovigilance dont dépend le patient peut aussi recueillir son signalement. Les coordonnées de chacun d’entre eux sont disponibles sur le site de l’ANSM.
N’oubliez pas d’apporter les informations suivantes à l’appui de votre déclaration (toutes les données sont anonymisées) :
- la date de début des symptômes que vous suspectez être en lien avec la nouvelle formule du Levothyrox ;
- la date de début de prise de la nouvelle formule ;
- la durée précédente de traitement avec l’ancienne formulation ;
- la posologie (nombre de microgrammes par jour) ;
- la pathologie pour laquelle le traitement est prescrit.
« Il est important, peut-on lire sur le site du réseau français des centres régionaux de pharmacovigilance, de transmettre les résultats des dosages d’hormones thyroïdiennes (surtout de TSH) qui ont été effectués avant la survenue des effets indésirables (au cours des 6 derniers mois) et au moment de vos symptômes, en notant bien les dates. Ceux-ci sont indispensables pour évaluer l’impact de cette nouvelle formulation ».
Sollicitée par 66 Millions d’IMpatients, l’ANSM a indiqué ne pas avoir encore suffisamment d’éléments pour communiquer sur le résultat de ces signalements. Pour l’agence, la question d’un retour à l’ancienne formulation, même s’il est réclamé par nombre de patients, n’est toutefois pas d’actualité. Ses services publieront les résultats de l’enquête de pharmacovigilance dans les prochaines semaines. Le temps d’analyser avec précision chacun des signalements et de les confronter à ce qu’il en était avant le changement de formulation.
depuis le changement de formule la fatigue s’est installée palpitations malaises vision brouillée insomnies difficulté de concentration besoin d’uriner souvent
courbatures crampe migraine j’étais une loque humaine depuis 1 semaine je prend des gouttes et comme par magie tout a disparu quel avenir pour tous les malades qui ne supporte pas cette nouvelle formule
Vous avez de la chance d’avoir pu obtenir les gouttes, car moi en pharmacie on me les refuse, et je continue à galèrer. Lundi vite prise de sang.
Depuis quelques semaines je me sentais très fatiguée et déprimée. Je ressentais, les symptômes qui m'ont permis de découvrir mes problèmes de thyroïde il y a 3 ans. Je prévoyais de revoir mon médecin traitant en rentrant de vacances si cela n'allait pas mieux. Durant mes vacances j'ai entendu parlé des soucis rencontrés par certains malades. J'ai fait une prise de sang avant de revoir mon généraliste, prise de sang normale, mon généraliste me dit que cela ne vient pas du nouveau traitement. Premièrement c'est pour ça que je ne fais pas une réaction au traitement et deuxièmement le taux est considéré comme normal avec une TSH entre 0.25 et 4.20. C'est large et surtout ça varie avec l'âge il peut être anormal d’avoir une TSH à 0.25 si on est âgée et grave d'avoir une TSH à 4 si on a 15 ans. C’est en remarquant que ma valeur valant antécédent était supérieure à cette dernière évaluation que j'ai décidé de diminuer mon traitement en passant de 67.5 mg à 50 mg et depuis comme par miracle plus d'effet secondaire. évidemment je referai une prise de sang dans 6 semaines pour vérifier que mon bilan thyroïdien reste satisfaisant. Tout ça pour dire que mon généraliste n'est en aucun cas suffisamment au fait de cette pathologie pour conseiller les patients sur ces effets secondaires. Plutôt que de me dire je ne sais pas, voyez votre endocrinologue mon médecin m'a accusé d'hypocondrie et m'a conseillé de voir un psychiatre pour mes crises de larmes. J'étais à priori en surdosage mais mon médecin n'était pas compétent pour le voir. C'est compliqué !
Bonsoir, je suis étudiante en journalisme et je fais un reportage pour mon école pour un partiel, il ne sera pas diffusé, ma prof sera la seule personne à voir cette interview. Ma mère est sous levothyrox NF et je veux l'interviewer et interviewer un autre patient suivi au levothyrox NF et qui, comme tout le monde, ne le supporte pas et a des effets secondaires très indésirables et invivables. Je suis sur Lyon et mon école est à Paris, je dois réaliser l'interview de ce patient qui prend du levothyrox NF demain, dimanche 28/01. Est-ce que je peux vous interviewer svp??
Une honte cette histoire….et on n'a pas fini d'entendre parler…en Charente…la France profonde.ou FB est peu utilisé ! .. nous avons reçu 250 personnes à une réunion avec le Dr Gérard Bapt !