Ados et infections sexuellement transmissibles (IST)

Les ados Junot face aux tentations de l’été. Episode 2 : Ados et infections sexuellement transmissibles

Au cours de l’été, les parents de la famille Junot ont  cherché à accompagner de la façon la plus juste et utile leur deux adolescents, Sidonie et Sébastien, respectivement 16 et 17 ans, qui avaient très envie de profiter des vacances pour faire la fête et de faire des rencontres. Ils ne sont certes pas encore adultes mais en tout cas ils ne sont plus des enfants et ils sont ou vont indéniablement être confrontés à des questionnements nouveaux. Quand et comment parler de sexualité et de santé sexuelle à ses enfants adolescents ? Ce n’est pas vraiment évident…

Il y a quelques jours, nous avions suivi les questions de la mère de la famille Junot par rapport à la contraception, en particulier pour sa fille de 16 ans. Cette semaine, abordons le sujet des IST (Infections sexuellement transmissibles) qui inquiète évidemment beaucoup les parents Junot, d’autant qu’ils ont entendu dans les médias ces derniers mois qu’il y avait une nette augmentation des IST chez les jeunes.

Alors que dans le premier épisode, on pouvait voir que les chiffres sur l’utilisation du préservatif par les jeunes semblaient encourageants, puisqu’ils sont 86%  à y avoir recours lors de leur premier rapport sexuel, les données sur les IST chez les jeunes montrent néanmoins que la question ne doit pas être éludée.

D’après un avis concernant le suivi de recommandations sur la prévention et la prise en charge des IST chez les adolescents et les jeunes adultes datant de janvier 2017 et émis par le Conseil national du sida et des hépatites virales : « De façon convergente, les données disponibles montrent la prédominance des IST chez les jeunes et l’augmentation récente et préoccupante de leur fréquence dans cette population. Ainsi, les jeunes âgés de 15 à 24 ans rendent compte d’environ 40% des IST (VIH, syphilis, gonocoque, et chlamydia) rapportées en 2013- 2014 en France. Les jeunes HSH sont particulièrement exposés au risque d’infection par le VIH, ainsi qu’au risque de syphilis et de gonococcies ; les infections à chlamydia sont plus fréquentes chez les jeunes femmes. ».

Il est donc toujours aussi important d’être sensibilisé sur les IST, de savoir comment s’en protéger et de pouvoir en parler (cela pouvant être en famille, à l’école ou dans des structures adaptées comme les centres du planning familial, l’essentiel étant de ne pas rester seul avec ses questions sans réponse) pour être en mesure d’accéder aux bonnes informations sur la prévention et le dépistage. Les parents de la famille Junot ont eux choisis de se préparer afin de pouvoir répondre au mieux aux interrogations de leurs adolescents, ou en tout cas savoir vers où les orienter en toute confiance dans le cas où la communication se révèlerait spontanément pas si évidente que cela sur le sujet… Et vous, êtes-vous prêts ?

PETITS OU GROS SOUCIS DE SANTÉ, ALIMENTATION, ENVIRONNEMENT, PRÉVENTION… SUIVEZ LES AVENTURES DE LA FAMILLE JUNOT (CAROLINE, MATHIEU ET LEURS 2 ENFANTS, SÉBASTIEN ET SIDONIE) QUI SE POSE LES 1001 QUESTIONS QUE NOUS NOUS POSONS TOUS QUAND IL S’AGIT DE NOTRE SANTÉ.

Quelles sont les Infections sexuellement transmissibles ?

Les infections sexuellement transmissibles sont celles qui se transmettent lors de rapports vaginaux, anaux ou oro-génitaux, comme une fellation. Sur ce sujet, bien que le risque de transmission du VIH par fellation soit faible, il est bel et bien important pour les autres IST, notamment la syphilis.

Pour certaines infections, on ne ressent pas toujours de symptômes, mais même sans symptôme apparent si on a contracté une IST  on risque de la transmettre, et le seul moyen de réduire ce risque c’est  d’utiliser des préservatifs en cas de rapport sexuel même si aucun des partenaires n’a de signe visible de maladie.

Si l’on a pris des risques en ayant des rapports non protégés, il est important de se faire dépister, non seulement pour savoir s’il l’on présente un risque de transmettre une infection mais également pour se faire soigner au plus vite dans le cas où le test se révélerait positif. La plupart des infections se soignent rapidement et efficacement, alors que si on laisse la maladie s’installer, les conséquences sont toujours plus graves.

Sur le site info-ist.fr, les détails sur les symptômes, diagnostics, traitements et complications sont parfaitement expliqués… Petit rappel des informations principales à avoir comme repère :

  • La blennorragie gonococcique ou « chaude-pisse» : des brûlures accompagnées parfois d’écoulements jaunes par la verge, l’anus ou le vagin peuvent apparaître 2 à 7 jours après la contamination. Le diagnostic se fait suite à un prélèvement sur un coton-tige à l’entrée du vagin pour les filles ou au bout du pénis pour les garçons, ou encore via une analyse d’urine. L’infection se traite grâce à des antibiotiques et un traitement local (crèmes ou ovules). Sans traitement, ces premiers symptômes disparaissent d’eux-mêmes au bout de quelques jours / semaines mais l’infection reste et continue à se développer dans l’organisme souvent sans signe apparent mais avec des conséquences pouvant être lourdes avec des risques d’infection des articulations et de stérilité.
  • La chlamydiose : le plus souvent asymptomatique, l’infection peut se manifester 1 à 2 semaines après la contamination, par des sensations de brûlures et des écoulements par la verge, l’anus ou le vagin, accompagnés de fièvre, de douleurs au bas-ventre, ou encore engendrer une angine.  Le diagnostic se fait de la même façon que pour la blennorragie gonococcique et se traite également par antibiotiques, en moins d’une semaine. Il y a notamment de gros risques de stérilité et de grossesses extra-utérines si on ne traite pas l’infection.
  • L’herpès génital : il se manifeste par crises, avec des poussées de boutons, comme des cloques, sur les organes génitaux, l’anus ou la bouche et peut s’accompagner de maux de tête, de fièvre, de douleurs lorsque l’on urine. Les traitements atténuent en général les symptômes jusqu’à ce qu’ils disparaissent, mais n’éliminent pas le virus et les crises reviennent ensuite de façon plus ou moins régulière.
  • Les mycoplasmes et la trichomonase : une semaine après la contamination, l’infection peut se manifester par des écoulements au niveau de la verge, de l’anus ou du vagin, accompagnés de brûlures et de démangeaisons. Le diagnostic est établi suite à un prélèvement local. Le traitement consiste en la prise d’antibiotiques, associée à une crème ou des ovules en traitement local.
  • Les papillomavirus (HPV) : de petites verrues peuvent apparaître sur les organes génitaux ou l’anus, 1 à 8 semaines après la contamination. Chez la femme, un frottis du col de l’utérus peut être nécessaire pour établir le diagnostic. Des traitements locaux doivent être envisagés afin d’éviter des risques de cancer du col de l’utérus pour certains papilloma. Un vaccin existe.
  • La syphilis : deux semaines après l’infection et durant quelques semaines, une petite plaie indolore appelée « chancre » peut apparaître au niveau des organes génitaux, de l’anus, de la bouche ou de la gorge là où l’infection a été contractée. Sans un traitement antibiotique, le chancre peut disparaître au bout d’un certain nombre de jours / quelques semaines, mais on reste porteur de l’infection que l’on peut donc transmettre. A terme, sans traitement, de très graves complications peuvent atteindre le cerveau, les nerfs, le cœur, les yeux…
  • L’hépatite B : 2 à 8 semaines après la contamination, on peut ressentir de la fatigue, des douleurs musculaires et articulaires, des maux de tête, de la fièvre, des nausées, diarrhées. Sans traitement de la maladie qui se détecte à l’aide d’une prise de sang, il y a des risques de cirrhose et de cancer du foie. Une mère infectée peut également transmettre la maladie à son nouveau-né. Un vaccin existe pour l’hépatite B.
  • Le VIH/SIDA : 2 semaines après la contamination, de la fièvre, des éruptions cutanées, une fatigue et des diarrhées peuvent se manifester puis disparaitront d’elles-mêmes. Le mieux si l’on a eu des rapports non protégés est là encore de se faire dépister, soit en faisant une prise de sang, soit à travers un test d’orientation rapide (TROD), soit à l’aide d’un auto-test en vente libre en pharmacie (voir notre article sur les TROD et auto-tests). Aujourd’hui les traitements sont très efficaces dans presque tous les cas mais ne font pas disparaître le virus et obligent donc les personnes séropositives à rester sous traitement toute leur vie. Sans traitement, le patient est exposé à terme à un grave affaiblissement de ses défenses immunitaires. Il existe un traitement d’urgence pour le VIH/SIDA, qui réduit le risque de contamination. Il dure un mois et doit être envisagé dans les 4 heures (et au plus tard dans les 48h) qui suivent le moment de la possible contamination. Pour en bénéficier, il faut alors se rendre aux urgences d’un hôpital. Ce traitement d’urgence n’est pas efficace à 100%.

Un dépistage pour se soigner et protéger son, sa ou ses partenaire(s)

En ce qui concerne le dépistage des IST, il y a plusieurs possibilités :

  • Se rendre chez son médecin, son gynécologue ou une sage-femme pour la prescription d’un test.
  • Se rendre GRATUITEMENT dans un CPEF (Centre de Planification et d’Education Familiale).
  • Se rendre GRATUITEMENT dans un CeGIDD (Centre Gratuit d'Information, de Dépistage et de Diagnostic).
  • Aller voir également des associations comme AIDES qui mettent notamment en place des actions de dépistage.

C’est quoi déjà un CeGIDD ?

Depuis le 1er janvier 2016, les CDAG (centres de dépistage anonyme et gratuit) et les CIDDIST (Centres d’Information, de Dépistage et de Diagnostic des Infections Sexuellement Transmissibles) ont disparu au profit des CeGIDD (Centres Gratuits d’information, de Dépistage et de Diagnostic des infections par les virus de l’immunodéficience humaine, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles).

Un bouclier contre les IST : le préservatif !

Qu’il soit féminin ou masculin, le préservatif est le meilleur moyen de se protéger des Infections sexuellement transmissibles (IST).

On trouve facilement des préservatifs :

  • En pharmacie, parfois aussi dans des distributeurs à l’extérieur de certaines pharmacies et donc disponibles 24/24
  • En vente sur internet
  • Dans de nombreux magasins comme ceux d’alimentation, grandes surfaces, les stations-services, etc…
    Là aussi cela arrive qu’il s’agisse de distributeurs accessibles 24/24
  • Au lycée dans des distributeurs
  • ET GRATUITEMENT :

    • Dans les Centres de Planification et d’Education Familiale (CPEF)
    • Dans les CEGIDD (Centres Gratuits d'Information, de Dépistage et de Diagnostic)
    • Dans les associations de lutte contre le VIH

Il existe 2 applications mobiles qui peuvent vous aider à trouver les points de vente de préservatifs autour de vous :
TUP
Condomatix

Voici quelques modes d’emploi (pour toute la famille) en images pour l’utilisation du préservatif masculin et féminin :

QUAND ET COMMENT PARLER DE SEXUALITE AVEC SES ENFANTS ?

C’est la question que les parents de la famille Junot se posent, comme tant d’autres parents, et que nous avons abordée avec Caroline Rebhi, co-présidente du Planning Familial.

66 Millions d’IMpatients : A quel âge et en quels termes peut-on commencer à parler de sexualité avec ses enfants ?

Caroline Rebhi : Le planning familial s’apprête justement à sortir une plaquette début septembre à destination des parents, qui permette de les aider à répondre aux questions des enfants. Dans l’ensemble,  il vaut mieux ne pas anticiper leurs questions et attendre que les enfants soient demandeurs. En effet, il est difficile de savoir ce qui se passe dans la tête d’un enfant  si on ne risque pas de  donner des informations qui peuvent paraître peut-être choquantes plutôt qu’aidantes. En revanche, dès la petite enfance, il faut avoir un langage clair, notamment sur la description du corps. Il ne faut pas éluder les parties qui ont à voir avec la sexualité comme les fesses, le sexe. Ce sont des parties du corps qu’il faut nommer, et ne pas en faire un tabou. C’est en parlant naturellement que les questions viendront naturellement. C’est un travail sur le long terme évidemment. Ce climat d’une parole libérée sur la sexualité peut faciliter la discussion à l’adolescence. Cela crée un climat de confiance, où les jeunes peuvent par exemple demander à leurs parents, le moment venu, où se procurer des préservatifs gratuitement.

Faut-il anticiper les besoins des adolescents par peur qu’ils n’osent pas parler avec leurs parents ?

Certains parents, par exemple au moment où une jeune fille a ses règles, vont expliquer comment le corps fonctionne et penser spontanément qu’il faut qu’elle prenne la pilule. Il arrive même qu’ils prennent rendez-vous pour la jeune fille chez la gynécologue de la maman ou au planning familial. Il n’est pas rare que ces jeunes filles nous disent qu’elles n’ont pas envie que leurs parents sachent si elles ont ou pas des rapports sexuels. Etre dans l’anticipation n’est donc pas forcément une solution lorsque c’est trop directif, car cela devient intrusif. Certaines mamans n’hésitent pas à demander un compte rendu à leur gynécologue quand celle-ci reçoit aussi leur fille. Le gynécologue est normalement tenu au secret médical mais parfois la limite est franchie et les jeunes filles ne se sentent pas en confiance finalement. C’est comme les préservatifs laissés dans la salle de bain, que les garçons n’osent pas utiliser car ils se disent que les parents les comptent. Finalement, au mieux, les jeunes les achètent ailleurs, au pire, ils s’en passent. Il vaut peut-être mieux laisser une boîte directement dans la chambre de l’adolescent(e), sans se laisser, en tant que parent, la possibilité de contrôler l’utilisation des préservatifs. En fait l’idée est d’aider l’adolescent à devenir autonome par rapport à sa sexualité et ne pas vouloir absolument anticiper ses besoins pour contrôler ses choix.

Les questions sur la sexualité d’il y a 15 ans, sont-elles les mêmes pour les jeunes d’aujourd’hui ?

Dans la majorité des cas les jeunes d’aujourd’hui se posent les mêmes questions que leurs parents, bien que cela ait beaucoup évolué avec internet. Il faut pourtant savoir que l’une des principales questions qui préoccupent les jeunes en 2017 reste : dans quel sens faut-il tourner la langue pour un premier baiser ?

Les questions d’aujourd’hui ne sont pas si différentes de celles de la génération précédente. Les jeunes se demandent comment faire pour ne pas se prendre un « râteau », si cela fait mal la première fois, si leur sexe a une taille normale. Dans l’ensemble, il y a toujours ce besoin de savoir si on est bien comme tout le monde, si on est « normal ».

Bien entendu, le lien à internet a fait évoluer certaines choses, comme l’exposition facilitée à la pornographie notamment. Il est nécessaire de s’y adapter. La première chose est de faire en sorte, à la maison, d’installer des dispositifs qui limitent l’accès à des sites pornographiques, comme les codes parentaux pour la télévision. Cependant, c’est impossible d’imaginer protéger de façon certaine les enfants de cette exposition à la pornographie. Il est donc important de pouvoir en parler avec eux, idéalement à la maison autant qu’à l’école. Les jeunes ont une vision souvent faussée de ce qu’est la sexualité à cause de la pornographie. Au planning familial, nous organisons des groupes de paroles avec les jeunes dans les écoles, et dans 40% des cas, nous constatons que pour les adolescents, la sexualité « normale » ressemble à ce que l’on peut voir dans des vidéos pornographiques, comme faire l’amour à plusieurs par exemple. Cette question de la normalité par rapport à la pornographie revient beaucoup, et cela fait autant peur aux garçons qu’aux filles. Je me souviens d’un garçon dans un groupe de juin dernier qui disait qu’il voulait vraiment attendre avant d’avoir un premier rapport sexuel car il avait visionné un film pornographique avec des copains et qu’il ne se sentait pas à la hauteur. Il est vraiment important de leur expliquer que c’est de la fiction, que ce n’est pas la vraie vie et que dans la vie réelle, la relation avec l’autre, les sentiments sont également essentiels. Je précise que ces groupes de paroles sont organisés dès la maternelle, pour apprendre à poser une parole naturelle sur la sexualité dès le plus jeune âge, ainsi que j’en parlais tout à l’heure.

Comment savoir s’il faut s’inquiéter lorsqu’on est parent ?

Les changements de comportements doivent alerter les parents, comme le fait de voir leur enfant se renfermer, devenir agressif, bagarreur, de sécher les cours, de changer tout d’un coup et de façon étonnante de style vestimentaire. On l’attribue souvent à l’adolescence et cela peut être le cas, mais ce sont aussi les signes d’un problème éventuel, qui peut être lié à du harcèlement à l’école ou à une agression sexuelle notamment.

Est-ce qu’on peut tout simplement venir pour parler au planning familial, que l’on soit une fille ou un garçon, et sans forcément avoir une demande médicale précise autour de la contraception ?

Tout à fait, c’est un lieu d’écoute. Il y a des permanences d’écoute et de conseils partout en France. Tout le monde peut venir pour n’importe quelle question. Souvent les jeunes pensent que leur sexualité dépend de la décision de leurs parents et qu’ils n’ont pas de droits, or ils ont bel et bien le droit à l’anonymat, à la gratuité, le droit d’être informés, de vivre une sexualité choisie même s’ils sont encore mineurs, même s’ils sont sans papier. Au planning familial nous accueillons tout le monde gratuitement et anonymement si nos visiteurs le désirent. Pour parler spécifiquement de ce sujet des droits des jeunes en matière de sexualité et de la santé sexuelle, nous avons d’ailleurs mis en place un site dédié : libredenoschoix.fr.

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