Si certains additifs sont naturels et inoffensifs pour notre santé (encore que naturel ne veuille pas forcément dire non toxique, comme c’est le cas de nombreux champignons par exemple), la plupart sont chimiques et n’ont a priori aucune raison d’être ajoutés à ce que nous mangeons. Or, l’industrie alimentaire a pris l’habitude d’en distiller un peu partout, pour améliorer la couleur, la consistance, le goût, la conservation des aliments. On estime qu’un enfant en consommerait désormais jusqu’à 100 chaque jour ! Rares sont les produits alimentaires transformés qui ne contiennent pas d’additifs alimentaires. Certains additifs de synthèse se cachent même derrière des noms qui nous semblent absolument sans danger.
Avec l’aide du guide sur les additifs alimentaires écrit par Corinne Gouget, 66 Millions d’Impatients a sorti sa loupe pour décrypter les étiquettes des produits que nous mangeons…
Additifs alimentaires et codes correspondants
Voici une liste (non exhaustive) de ce que sont les additifs alimentaires, parfois repérables grâce au code qui leur est attribué et qui commence par un E (pour Europe) :
- Colorants (Catégorie des E100) ;
- Conservateurs (Catégorie des E200) ;
- Antioxydants (Catégorie des E300), pour empêcher l’oxydation des produits et qu’ils ne rancissent pas, par exemple ;
- Emulsifiants pour stabiliser les préparations ;
- Exhausteurs de goût (Catégorie des E600) ;
- Edulcorants de synthèse ;
- Arômes, plus de 25000, le plus souvent artificiels ;
- Ainsi que beaucoup d’autres éléments qui sont incidemment mêlés à ce que nous mangeons comme les agents de lavage, de pelage, de démoulage, anti-moussants, etc…
Pourquoi s’inquiéter s’ils sont autorisés ?
Le guide de Corinne Gouget établit la liste de nombreux additifs alimentaires et les classe en 3 niveaux de toxicité. Mais l’on peut trouver sur internet de nombreuses bases de données sur les additifs alimentaires (comme celle-ci, ou celle-là), et de l’une à l’autre liste, le niveau de toxicité des additifs varie parfois beaucoup.
Même d’un pays à l’autre, l’autorisation d’utilisation de certains additifs peut changer. Par exemple, l’extrait de paprika (E160c) qui est un colorant d’origine végétale classé peu toxique dans la plupart des listes est pourtant interdit en Australie.
Il y aura toujours de nombreuses polémiques sur la dangerosité ou l’innocuité de tel ou tel additif, comme on a pu le voir avec le cas de l’aspartame qui d’après l’EFSA (European Food Safety Authority) est inoffensif mais qui est largement décrié par de nombreuses études scientifiques à travers le monde.
Toujours est-il que régulièrement, des additifs autorisés durant de nombreuses années et donc largement consommés sont mis sur la sellette. Cela a été le cas en janvier dernier pour le dioxyde de titane (E171), dont nous avions déjà parlé dans cet article consacré aux nanoparticules. Couramment utilisé en confiserie notamment, le E171 contient en effet des nanoparticules qui provoqueraient selon des chercheurs de l’INRA des troubles du système immunitaire et serait peut-être cancérigène (lire le communiqué de l’INRA). Le gouvernement a saisi l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) pour savoir si cette étude de l’INRA menée sur des animaux pouvait s’appliquer à l’homme. En attendant, nous continuons d’en consommer…
On ne saurait ici juger de la toxicité de chaque additif mais simplement proposer des pistes de vigilance, et encourager les consommateurs à apprendre à les reconnaître.
Tout ce qui commence par un E n’est pas forcément dangereux, mais des appellations parfois anodines peuvent cacher des additifs trompeurs
Un additif qui commence par un E n’est donc pas forcément dangereux, bien que la grande majorité soit chimique et donc sujette à controverse. Par exemple l’agar-agar (un gélifiant naturel à base d’algues) porte également le code E406 et n’est a priori pas toxique. Mais dans l’ensemble, on retrouve souvent les noms complets de ces additifs naturels sur les étiquettes des produits car ils font moins peur que leur code en E.
Inversement, un étiquetage qui présente un « arôme naturel » semble sans danger. Pourtant cet arôme n’est malheureusement pas vraiment issu du produit que l’on s’attend à consommer. Il reproduit l’arôme attendu sur la base de substances naturelles auxquelles peuvent être ajoutés, sans déclaration, des solvants, émulsifiants ou conservateurs (comme l’explique fort bien cet article de Consoglobe, à compléter par celui de l’Obs). Pour être sûr que vous consommez un arôme naturel qui vient bien de l’aliment que vous voulez consommer, il doit être indiqué sur l’étiquette « arôme naturel de… ».
Un autre additif sans E mérite un peu d’attention, c’est l’acide citrique. A priori du jus de citron, non ? Et bien pas vraiment… La plupart du temps, il s’agit d’un dérivé de micro-organismes comme le champignon Aspergillus niger, qui est de surcroit parfois transgénique, explique Corinne Gouget… Désespérant et impossible donc de savoir ce que l’on achète vraiment… Le meilleur moyen de ne pas se tromper : acheter un maximum de produits frais, non transformés, à préparer soi-même.
Additifs alimentaires – Corinne Gouget, éditions Chariot d’Or, 10€
Pour info, l’Anses (agence nationale de
sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail) vient de rendre son avis sur le risque cancérogène de l’additif E171, couramment retrouvé dans les confiseries mais aussi dans les cosmétiques, les peintures, les matériaux de construction et les médicaments… Elle estime que l’étude de l’Inra (institut national de la recherche agronomique) ayant mis en évidence, chez le rongeur, un effet cancérogène de l’E171 n’est pas de nature à remettre en cause à elle seule du risque sanitaire que représente cet additif.
Toutefois, l’Anses souligne la nécessité de conduire des études pour caractériser
parfaitement le danger associé à l’E171, en sa basant sur des études réalisées avec un nombre suffisant d’animaux. L’agence rappelle également l’existence d’études en cours de publication qui décrivent d’autres effets potentiels du dioxyde de titane, entre autres sur sa capacité à passer la barrière hémato-encéphalique. Enfin, sur la base d’une étude animale, l’Anses a proposé à l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) de classer le dioxyde de titane INHALE dans la catégorie 1B des substances cancérogènes (c’est-à-dire celles dont le potentiel cancérogène pour l’être humain est « supposé »).
L’intégralité de l’avis de l’ANSES : http://www.anses.fr/fr/system/files/ERCA2017SA0020.pdf