Maladies graves et chroniques : continuer ses soins en vacances

Maladies graves et chroniques : continuer ses soins en vacances…

Lorsque l’on est atteint d’une maladie qui nécessite des soins lourds et réguliers, on hésite bien entendu à partir loin de l’établissement et des équipes soignantes qui nous suivent. Cela peut s’avérer bénéfique pourtant, autant pour le malade que pour les proches ou les aidants, de prendre un bon bol d’air frais et du recul. De nombreux protocoles de soins sont transposables ailleurs que sur son lieu de résidence habituel et sont remboursés dans les mêmes conditions.

Quelques recommandations générales avant de partir

  • Vérifier ses vaccins avec son médecin : les malades ont souvent une immunité plus fragile. S’ils partent dans des pays qui nécessitent des vaccins ou des traitements (contre le paludisme par exemple), il faut les prendre très au sérieux. Il faut cependant vérifier avec son médecin qu’il n’y a pas d’éventuels problèmes d’interactions médicamenteuses.
  • Gérer le décalage horaire : là encore, si l’on est contraint à des horaires pour son traitement, mieux vaut discuter des ajustements à faire avec son médecin dans le cas où l’on part dans un pays avec un décalage horaire.
  • Prendre toutes ses ordonnances, si possible les faire traduire en anglais et demander à son médecin de préciser la dénomination internationale de ses médicaments au cas où l’on aurait besoin d’en acheter sur place, par exemple.
  • Jeter un sérieux coup d’œil à son assurance voyage. Elle peut être comprise lorsque vous réglez billets ou hôtels avec votre carte de paiement. Regardez de près les exclusions à la prise en charge. Par exemple, une hospitalisation (même ambulatoire) dans les mois antérieurs au voyage peut devenir un motif d’exclusion.
  • Voyager avec ses médicaments en cabine car il arrive fréquemment que les bagages en soute se perdent et arrivent avec un peu de retard, voire pas du tout…
  • Renseignez-vous bien selon le matériel médical avec lequel vous voyagez, pour savoir ce qui est autorisé ou non dans les trains, avions, bateaux. Par exemple, des obus gazeux agréés « aviation » sont fournis aux insuffisants respiratoires directement par les compagnies aériennes. Les malades ne peuvent voyager avec les leurs.
  • Si vous avez des soins à programmer en France ou à l’étranger, il est préférable voire nécessaire de prévenir votre caisse d’Assurance maladie et de demander un accord préalable, puis de chercher et prévenir l’établissement de soins qui pourra vous accueillir. Méfiez-vous, selon les cas, le transport entre votre lieu de villégiature et l’établissement de soins ne sera pas forcément pris en charge.
  • Si vous partez dans un pays de l’Union européenne, demandez votre carte européenne d’Assurance Maladie sur ameli.fr, au moins 15 jours avant votre départ (1 mois c’est mieux).

Interview du Dr Bergerot, Administrateur national de la Ligue contre le Cancer, Vice-Président du Comité de Loire-Atlantique et médecin radiothérapeute à la clinique mutualiste de Saint-Nazaire

Lorsque l’on est malade du cancer, peut-on faire une partie de son traitement sur son lieu de vacances ?

En cancérologie, on est relativement organisé et c’est donc possible mais cela dépend du traitement. Un traitement de radiothérapie n’est pas transposable. Quelqu’un qui commence un traitement de radiothérapie dans un centre ne peut pas le terminer ailleurs. Cela intéresse donc principalement la chimiothérapie pour laquelle les médecins peuvent s’organiser pour accueillir un malade dans un centre à proximité de son lieu de vacances. Cela se prépare en amont, l’oncologue ou le responsable du service de chimiothérapie se met en rapport avec le responsable du service correspondant près du lieu de vacances et voit s’il y a des disponibilités pour y poursuivre les séances.

Est-on pris en charge de la même façon que sur son lieu de résidence habituel ?

Il n’y a pas de différence puisque ce sont des pathologies prises en charge à 100%. Il faut simplement prévenir l’Assurance maladie que l’on va changer de région et ça ne pose pas de problème. Au niveau des soins, on va respecter le protocole du médecin du lieu de résidence habituel bien évidemment.

Les malades du cancer osent-ils bouger et prendre des vacances ?

Ceux qui sont en traitement pour éviter les récidives peuvent être relativement en forme et se le permettent davantage. En revanche, les patients métastatiques hésitent à quitter leur zone de soins. À Saint-Nazaire nous avons également des patients qui ont des traitements au long cours et qui reviennent d’une année sur l’autre.

J’ai également des patients à Saint-Nazaire qui préfèrent venir faire la totalité de leur radiothérapie (on doit faire la totalité du traitement en radiothérapie dans un seul et même centre, il n’y a pas la même souplesse que pour la chimiothérapie) chez nous alors qu’ils habitent Paris par exemple. Ils trouvent plus confortable de venir dans une maison de vacances de la région pour éviter notamment les difficultés de transports en région parisienne. C’est plus reposant pour eux et il n’y a pas de frais supplémentaires.

Est-ce bénéfique pour les malades de partir en vacances ?

Souvent oui, ça les change de leur routine, cela peut permettre de prendre un rythme plus apaisé. C’est aussi très important pour les proches qui peuvent également avoir besoin d’une respiration et peuvent notamment en profiter pour aller rejoindre de la famille qui prendra un peu le relais pour s’occuper éventuellement du malade.

Y a-t-il des précautions à prendre lorsqu’on est sous traitement et en vacances ?

C’est vrai qu’il faut prendre davantage garde au soleil, éviter de s’exposer délibérément, porter un chapeau, mettre de la crème. Quand on prend un bain de mer, il faut se rincer immédiatement après. Mais il faut aussi profiter des vacances pour faire ce que l’on aime et et pratiquer peut-être une activité physique quand on est en capacité de le faire. Ce n’est pas incompatible avec les traitements, au contraire, c’est recommandé ! Autant en profiter pour nager un peu ou faire des randonnées en famille.

Si le coût du transport sanitaire est plus cher sur le lieu de vacances que le coût habituel pour sa résidence principale, est-on remboursé de la même façon ?

Il faut faire une demande d’accord préalable, mais à ma connaissance ça ne pose pas de problème tant que l’on choisit le lieu de soins le plus proche de son hébergement de vacances. Heureusement, on a la chance en France d’avoir un bon maillage territorial pour la chimiothérapie et c’est rare d’être à plus d’une heure d’un endroit où l’on peut suivre son traitement.

Faut-il s’y prendre très à l’avance ?

L’idéal est de s’y prendre environ deux mois à l’avance.

Y a-t-il des problèmes de saturation dans les centres proches des lieux de villégiature ?

Parfois cela arrive, c’est un peu une question de volonté des services de s’adapter à cette demande, d’où l’intérêt de s’y prendre à l’avance.

En revanche, si une personne a des complications liées à un traitement pour son cancer durant ses vacances, n’importe quel établissement pourra gérer une hospitalisation en urgence. C’est le travail de routine de tout établissement de soins.

 

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