Voici une invention qui ne va pas plaire aux détracteurs des TROD et autotests ! Trois adolescents de la Isaac Newton Academy de Londres ont remporté, il y a quelques mois, le premier prix des TeenTech Awards pour l’invention de préservatifs qui changent de couleurs s’ils croisent la route de certaines infections sexuellement transmissibles (IST).
Des IST toujours en augmentation…
Muaz, Daanyaal and Chirag, à 14 ans, disent avoir pensé aux générations futures avec leur invention ! C’est dire si à leur âge ils ont déjà conscience du problème que pose la transmission des IST qui, dans les pays développés, font partie des 5 motifs les plus fréquents de consultation médicale chez l’adulte.
Un chiffre qui ne semble pas se démentir puisque le nombre de cas de la plupart des IST continue d’augmenter.
Parmi elles, on compte même à nouveau la syphilis qui avait pourtant quasiment disparu dans les années 1990 et qui, depuis 2000, est en augmentation constante chaque année en France, très majoritairement chez les hommes et particulièrement les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes.
Et justement, la syphilis fait partie des maladies que cet ingénieux préservatif, baptisé « S.T. Eye », pourra détecter. En sa présence, il prendra une couleur bleue, tandis que le vert sera un signe de présence de chlamydia, le jaune d’un herpès et le violet d’un papillomavirus.
L’usage d’un tel préservatif est-il réaliste dans la vraie vie ?
Michel Bourrelly, membre du Crips (Ile-de-France), le centre de ressources d'Île-de-France dans la prévention du VIH/Sida et des IST, interrogé par Sciences et Avenir, se pose la question de la pertinence de se faire annoncer une IST par son partenaire et parle plutôt d’un « gadget ». Le Dr Mark Lawton de l'Association britannique pour la santé sexuelle et le HIV (BASHH), interviewé par la BBC sur ce même sujet, émet également des réserves, notamment en ce qui concerne l’utilisation de produits chimiques additionnels qui pourraient entraîner des risques d’irritation.
Mais pour les 3 jeunes inventeurs pleins de bonne volonté, c’est surtout disent-ils, pour que : « les gens puissent agir immédiatement chez eux, en toute intimité, sans passer par un processus médical souvent effrayant. ».
Ce débat rejoint évidemment celui posé par les autotests, dont les opposants mettent en cause les éventuels problèmes de mauvaise utilisation et de fiabilité qui pourraient laisser penser à tort à la personne qu’elle n’est pas atteinte et risquerait ainsi de contaminer d’autres personnes. En outre, ces mêmes opposants aux autotests s’interrogent sur le manque de prise en charge efficace si le diagnostic d’une maladie parfois grave est appris chez soi, sans les explications d’un médecin. Certes, ces dispositifs peuvent soulever des questions et ne présentent pas que des avantages par rapport aux autres moyens de dépistage qu’ils ne doivent pas remplacer, mais ils n’en constituent pas moins une possibilité complémentaire de recourir à un dépistage et donc de le répandre plus largement.
De toute façon, en pratique, l’utilisation d’un tel préservatif concernerait principalement les couples qui ont déjà une certaine complicité et pourraient en parler au préalable… Ou bien pourrait-il devenir une arme de prévention pour un nouveau genre de super héros de l’amour, en mission pour lutter contre les IST ? Un sacré sujet pour une série télé, non ?
Chez 66 Millions d’IMpatients, on a plutôt tendance à saluer ce genre d’initiatives qui montrent que beaucoup d’idées peuvent encore créer la surprise… au moins pour provoquer le débat et donc la prise de conscience par rapport à des sujets où l’éducation à la santé fait particulièrement la différence. Et vous, vous en pensez quoi ?
En savoir plus :
Informations sur les IST – Site de Aides http://www.aides.org/info-sante/prevention-sexualites (prévention) et http://www.aides.org/info-sante/vih-depistage (faire un test de dépistage)
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