déterminants de santé-politiques de la ville-environnement

Les politiques urbaines au service de la santé

Notre environnement, qu’il s’agisse de notre niveau d’exposition à la pollution atmosphérique, de la qualité de l’eau que nous buvons, de l’état de salubrité de notre habitation, des nuisances sonores, du niveau d’urbanisation, de l’accès facilité à des activités sportives, à l’éducation, à une alimentation saine et bien évidemment aux soins de santé, mais aussi nos conditions de travail ou le risque de chômage, la sécurité du cadre de vie, etc., vont déterminer notre chance à être et rester en bonne santé.

Aussi les décisions prises par les pouvoirs publics sur les plans national et local, pour limiter par exemple la pollution due aux voitures en valorisant notamment les transports en commun ou les pistes cyclables, peuvent-elles avoir un impact direct sur notre bien-être et notre état de santé.

Les déterminants sociaux de la santé, l'une des principales causes des inégalités en santé

Force est de constater que bien souvent les populations les plus défavorisées socialement sont aussi les plus exposées à un environnement nuisible pour la santé. C’est ce que démontre Equit’Area, qui étudie justement le rapport entre les différentes expositions environnementales et les inégalités sociales. Ce type d’études, initié aux Etats-Unis dans les années 1960/70, tendait alors à étudier, là-bas, les cas des minorités ethniques, et particulièrement celles avec de faibles revenus, qui étaient celles qui vivaient à proximité des grands axes routiers à forts densité de trafic, des aéroports, des industries polluantes, incinérateurs, décharges ou centrales énergétiques…

En Europe et en France, les recherches sur ces sujets datent du début des années 2000 et présentent une cartographie entre inégalités sociales et zones exposées aux pollutions, parfois différente de celle que l’on trouve outre-Atlantique. C’est notamment le cas à Rome, Strasbourg ou Paris, où certaines populations aisées vivent dans un centre ville exposé aux pollutions atmosphériques. Malgré cela, les inégalités sociales se cumulent bel et bien aux problèmes d’environnement chez les plus défavorisés et les résultats des études montrent qu’entre 2004 et 2009, à Paris, le taux de mortalité lors des pics de chaleur était de 3,78 pour 100 000 dans les quartiers favorisés, montait à 6,92 dans les quartiers défavorisés et atteignait 9,82 dans les quartiers défavorisés ET exposés de façon chronique aux pollutions atmosphériques.

Le même genre de recherche a révélé qu’à Marseille, un habitant vivant dans les quartiers les moins exposés aux pollutions atmosphériques gagnait 1 an d’espérance de vie par rapport à une personne vivant dans les quartiers les plus exposés.

Les populations les plus vulnérables face à cette pollution, et qu’il est donc nécessaire de protéger en premier lieu, sont les personnes âgées, les personnes souffrant de maladies respiratoires, de maladies chroniques ou de problèmes de mobilité, les enfants, les personnes travaillant dehors, celles vivant loin des zones vertes, et comme nous venons de le voir, les habitants des quartiers défavorisés.

Le Réseau français des Villes-Santé de l’OMS : mener des politiques favorables à la santé et à la qualité de vie urbaine

Face à des chiffres aussi troublants, les pouvoirs publics, ne peuvent plus ignorer la situation et certaines mairies ont décidé de compter parmi leurs priorités ces problématiques, entre santé, inégalités sociales, urbanisme et environnement.

Ainsi, à la fin des années 1980, quelques villes françaises ont-elles adhéré au programme des Villes-Santé mis en place par l’OMS (Organisation mondiale de la Santé). Puis dès 1990, ces villes ont renforcé l’enjeu de santé et leurs actions en s’organisant en réseaux national et régionaux. Elles sont aujourd’hui 86 sur le territoire français et le réseau vient donc de fêter ses 25 ans. Pour l’occasion, le guide Agir sur les déterminants de la santé : les actions des Villes-Santé, consultable sur internet, est paru  : il présente des initiatives locales emblématiques du programme pour améliorer la santé et le bien-être des habitants, mises en place par les villes françaises. Autant de sources d’inspiration…

 

Interview de Charlotte Marchandise-Franquet, adjointe à la Maire de Rennes, déléguée à la Santé et Présidente du Réseau Français des Villes-Santé (RFVS) de l'OMS.
Rennes fait partie du programme Villes-Santé depuis le début, il y a 25 ans.

 

Pourquoi la ville de Rennes s’est-elle impliquée dans le programme Villes-Santé ?

Dès le début, le projet a été porté par le maire et mon homologue de l’époque, et l’idée était vraiment d’inscrire dans la ville les principes de promotion de la santé. La question s’est posée de savoir comment faire pour avoir une ville qui contribue au bien-être et à la santé de ses habitants.

Comment cela se passe-t-il lorsqu’il y a un changement d’équipe dans la mairie ? Le programme est-il toujours suivi ?

Il faut convaincre les nouveaux élus et ce n’est pas toujours facile. J’ai la chance d’être soutenue par la mairie pour me consacrer à 100% à la santé, et de remonter la place de la santé dans toutes les politiques de la ville. C’est beaucoup un travail de plaidoyer.

Cependant dans le programme Villes-Santé, il y a un élu en charge mais aussi un technicien de la ville, qui lui maintient la continuité du travail en cas de changement des élus.

Les villes du programme ont-elles des obligations de résultats ?

Il est compliqué de mettre en place des obligations de résultats mais nous avons effectivement des obligations, sous forme d’un engagement sur 5 ans sur le programme de l’OMS. Le réseau fait le point avec les villes tous les 5 ans, pour voir où chacun en est. On tient au fait que ce n’est pas un label mais un engagement.

Du coup, sans évaluation précise, le risque n’est-il pas que certaines villes veuillent faire partie du programme pour plaire aux électeurs, mais s’engagent finalement peu ?

Ce genre d’attitude existe malheureusement partout et c’est au réseau de remonter des alertes le cas échéant et de remotiver les villes qui nous donnent peu de nouvelles. C’est d’ailleurs aussi notre mission, en tant que réseau, de rencontrer au maximum les personnes en charge du programme des Villes-Santé, de leur insuffler de l’enthousiasme, de proposer des outils pour les aider à mettre en place des actions. Après tout, s’occuper de la santé des gens, c’est les rendre plus heureux et c’est l’un des sujets de préoccupations des Français. C’est un bon argument pour motiver les villes du programme à s’investir ! La santé est d’ailleurs l’un des sujets sur lequel on arrive à rassembler les habitants relativement facilement. La santé est un bon levier démocratique local. En outre, sur les sujets qui relient la santé à l’urbanisme, on parvient à travailler sur des projets innovants et stimulants.

Enfin, à travers la santé, on peut également mobiliser les protagonistes et les habitants sur les problèmes de pollution de l’air. Là aussi l’innovation est au rendez-vous.

Y a-t-il des villes dont les projets autour de la santé vous font « rêver » ?

Il y en a plein ! A Amiens par exemple, il y a des foodtrucks avec des ambassadeurs de quartier qui durant les distributions alimentaires vont donner des conseils, des recettes santé pour faire participer les habitants au plus proches des quartiers, surtout les gens les plus fragiles, à l’amélioration de leur alimentation. C’est très efficace car souvent dans les distributions alimentaires les fruits et légumes sont finalement jetés. Grâce aux ambassadeurs, cela créé un levier d’informations et de motivation génial.

Il y a un autre projet que j’aime beaucoup mais malheureusement je sens que cela va être dur à mettre en place à Rennes, c’est le projet « ville sans tabac » qui existe à Copenhague. L’idée est que la ville ne soit plus une ville fumeurs avec des espaces non-fumeurs mais une ville non-fumeurs avec des espaces fumeurs. Dans ce que l’on fait à Rennes, il y a aussi des choses qui font rêver les autres. Par exemple, on travaille sur le sport-santé sur ordonnance, mais on ne le réserve pas seulement aux malades, car souvent ce type d’action est réservé aux personnes souffrant de maladies, notamment des maladies chroniques. Dans ce projet de promotion de la santé, on touche tout le monde.

 

En savoir plus :

Site internet des Villes-Santé

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