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Les déserts médicaux, une réalité auxquels font face les patients

La désertification de l’offre de soins que connaissent certains de nos territoires suit une tendance inquiétante depuis plusieurs années. Et la situation ne semble pas s’arranger, s’inquiète le Collectif interassociatif sur la santé (CISS), qui regroupe une quarantaine d’associations de patients, éditeur de 66 Millions d’IMpatients, dans un communiqué de presse publié mercredi 4 novembre.

« Les différentes mesures incitatives mises en œuvre ne permettent ni d’amortir les baisses d’effectifs pour certaines spécialités, ni de répartir plus harmonieusement les installations et les exercices sur les différents territoires », indique le CISS. Et ce sont au final les patients qui en pâtissent.

Des déserts médicaux, y compris en ville

Certains nient encore l’existence de déserts médicaux. Il y a pourtant bien aujourd’hui des déserts médicaux, y compris en ville. Car un désert médical n’est ni un territoire dépeuplé, ni forcément un territoire enclavé, péri-urbain, ou délaissé par les services publics. Un désert médical est un territoire habité par une population qui peine à accéder aux soins médicaux comparativement à la moyenne nationale.

Dans un sondage BVA « Les Français et les déserts médicaux » (réalisé par téléphone du 22 au 24 octobre auprès de 1001 personnes), dévoilé par l’association le CISS, la majorité (60 %) des personnes interrogées estiment que le manque de médecins dans certains territoires résulte « avant tout » de leur mauvaise répartition sur le territoire, bien davantage que de « l’insuffisance de médecins formés » (16 %).

« Aujourd’hui, il y a des déserts médicaux, et les médecins ne veulent plus s’installer dans ces endroits-là », indiquait le Secrétaire général délégué du CISS, Christian Saout, invité sur RMC la semaine dernière. « Pourtant les Français ont payé une assurance maladie tous les mois, les entrepreneurs aussi. On paye des complémentaires. Tous les Français mettent 210 milliards d’euros, pour ne pas trouver des médecins là où ils habitent. Pour l’Education nationale, on met moitié moins, alors qu’on trouve des collèges et des universités un peu partout. »

Des délais de rendez-vous trop longs

Il ressort aussi du sondage BVA réalisé pour le CISS que les Français peinent souvent à obtenir un rendez-vous chez le médecin dans un délai raisonnable.

Les premières difficultés rencontrées pour consulter un médecin sont les délais pour obtenir un rendez-vous. Les personnes interrogées placent ainsi en 1ère position les délais « trop importants » pour obtenir un rendez-vous (55 %).

Et lorsqu’il est demandé auprès de quels spécialistes les Français ont le plus de mal à obtenir un rendez-vous, il en ressort, comme on s’en doutait, que ce sont les rendez-vous ophtalmologiques qui sont, de loin, les plus difficiles à obtenir dans des délais raisonnables. 47 % des personnes ayant exprimé leur impossibilité à obtenir un rendez-vous avec un spécialiste ont cité un ophtalmologue.

La problématique semble plus importante encore dans les zones périurbaines (62 %). Loin derrière, les Français citent le refus de certains médecins de prendre de nouveaux patients (30 %) devant le coût trop élevé des consultations et la distance à parcourir pour trouver un médecin, à égalité (23 %). Au final, seuls 17 % de nos concitoyens déclarent n’avoir aucune difficulté pour consulter un médecin.

L’encadrement de l’installation des médecins : une solution contre la désertification médicale ?

« Ces difficultés (…) sont largement liées à la densité des médecins dans les territoires », assure le CISS, dénonçant l’inefficacité des mesures incitatives, comme les aides financières à l’investissement ou à l’activité des médecins s’installant dans les zones en déficit de médecins.

Il réclame ainsi d’« encadrer l’installation » des médecins grâce à une « carte sanitaire opposable » localisant « les besoins en ouverture de cabinets médicaux » et « en soumettant les médecins à une demande d’autorisation administrative en vue de leur installation ».

Le CISS souhaite que la prochaine convention médicale, qui régit les relations entre les médecins et la Sécurité sociale et sera négociée en 2016, contienne « des mécanismes de désincitations dans les zones sur-denses ».

Les autres solutions mises sur la table sont :

  • limiter les dépassements d’honoraires dans les « zones sur-médicalisées (…) pour éviter que la moindre activité ne soit compensée par l’augmentation » des tarifs.
  • augmenter « la rémunération forfaitaire des médecins qui acceptent de s’installer dans les déserts médicaux » et encourager « le transfert de certains actes médicaux vers des professionnels de santé non médecins formés à ces actes ».

Selon le sondage BVA précité, plus de 7 Français sur 10 pensent que les pouvoirs publics devraient intervenir, dont 38 % « en accordant plus d’avantages aux médecins prêts à exercer dans les déserts médicaux » et 29 % « en limitant l’installation dans les zones où ils sont déjà en nombre suffisant ».

Deux micro-trottoirs réalisés pour le CISS sur les déserts médicaux complètent l’étude BVA et témoignent notamment de la préoccupation des patients à l’égard des difficultés d’accès aux soins dues aux déserts médicaux :

Et vous, fidèles lecteurs [Im]Patients, avez-vous déjà été confrontés à la désertification médicale ? Participez à notre sondage « Les pouvoirs publics devraient-ils intervenir pour réguler la répartition des médecins libéraux sur le territoire ? »

En savoir plus :

Déserts médicaux : réalité versus fantasme ?, communiqué commun CISS-Fnath-Unaf du 4 novembre 2015

2 commentaires

  • Samia Hajji dit :

    Bonjour. Je pense que l’état peut s’aider des médecins étrangers notamment tunisiens connus par leur compétence, pour faire combler le manque dans les zones de désert. Je parle ici des médecins qui ont été déjà stagiaires associés en France et qui n’ont pas encore réussi le concours d’équivalence. Cordialement

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