équithérapie

Équithérapie : les chevaux qui parlaient à l’oreille des malades

Samedi 5 septembre, midi, 66 Millions d’Impatients a rendez-vous près de Fontainebleau avec Emilie, Evan, Estelle et Réglisse… Emilie Giraudeau est équithérapeute, Evan est un petit garçon de 2 ans et demi ayant fait un AVC in utero, Estelle est la maman d’Evan et Réglisse est un gentil poney glouton ! Tous les quatre se retrouvent 2 samedis par mois, pour une séance d’une heure qui permet à Evan de travailler sa motricité à l’aide de celui qu’il désigne désormais comme étant « son poney ».

Même pas peur !

La séance commence très simplement en allant chercher Réglisse dans son enclos pour le mener dans le manège. Bien qu’Evan, qui a du mal à marcher, reste dans sa poussette, c’est lui qui tient la bride du poney et lui donne les indications pour avancer. Pas le moins du monde effrayé, il caresse l’animal et n’hésite pas à le réprimander quand, sur le chemin, Réglisse s’arrête pour brouter de l’herbe. Emilie est là à chaque instant, sollicitant Evan pour qu’il n’hésite pas à s’imposer devant sa monture !

Dans le cas d’Evan, Emilie a évidemment choisi un poney, mais les ados et les adultes seront plus volontiers dirigés vers des chevaux. Comme le précise Karine Martin, psychothérapeute, équithérapeute et gérante de la Société Française d’Equithérapie, avoir peur des chevaux n’est pas une contre-indication, au contraire, cela peut être un exercice en soi de dépasser ses craintes, de prendre sa place face à une situation impressionnante. D'ailleurs, elle ajoute que la plupart du temps, la peur passe très vite. En revanche, une vraie phobie serait une contre-indication. 

Indications et contre-indications à l’équithérapie

Les contre-indications sont assez peu nombreuses finalement. Il y a les allergies (comme celle aux poils d’équidés par exemple) non soignées, certains problèmes de colonne vertébrale, les personnes portant une prothèse de hanche, ou souffrant de la maladie des os de verre. Dans tous les cas, avant de commencer des séances d’équithérapie, il faudra que le patient fournisse un certificat de non contre-indication, établi par un médecin.

Les indications en revanche sont nombreuses et diverses. Les malades ayant besoin de stimulation ou rééducation motrice ou psycho-motrice sont souvent pris en charge par les équithérapeutes.  Mais il y a également les pathologies psychiques, comme les problèmes de dépression, de manque de confiance en soi, d’addiction, les troubles alimentaires, les problèmes scolaires, l’autisme, voire des maladies comme Alzheimer.

La formation des équithérapeutes

En réalité, en fonction de son parcours, chaque équithérapeute développe une spécialité. Emilie Giraudeau, par exemple, est à la base éducatrice spécialisée pour les enfants. De fait, naturellement, elle pratique l’équithérapie plutôt avec les enfants. Cavalière depuis l’âge de 9 ans, elle concilie son métier et sa passion, après avoir suivi la formation de deux ans qui mène au métier d’équithérapeute. Il faut savoir qu’il y a différentes écoles de thérapie avec les chevaux, comme la Société française d’Equithérapie ou la Fédération nationale de Thérapie avec le Cheval (FENTAC). Entendons par école qu’il y a différents types et durées de formation mais aussi quelques nuances dans l’approche de la pratique. Certaines sont plus intéressées par le travail de rééducation des capacités motrices, d’autres par l’aspect psychologique.

En ce qui concerne la Société française d’Equithérapie, elle regroupe environ 150 praticiens, ayant tous une profession médico-sociale de base à laquelle s’ajoute la formation spécifique d’équithérapie de deux ans, indique Karine Martin. Cependant, en tout, en France, il y a entre 350 et 400 thérapeutes qui travaillent avec l’aide des chevaux, toutes écoles confondues. Un chiffre qui s’avère insuffisant, puisque dans certaines régions, particulièrement près des grandes agglomérations, la demande de prises en charge dépasse les places disponibles.

Une séance adaptée au cas par cas

Revenons à notre manège de Fontainebleau avec Réglisse et Evan. Suite à son AVC, les aires motrices du petit garçon ont malheureusement été touchées. Emilie a mis en place un parcours ludique dans le manège particulièrement adapté aux besoins d’Evan qui doit travailler son équilibre et solliciter davantage son côté gauche. En premier lieu, le petit cavalier accompagne un peu les gestes de la thérapeute pour préparer le poney à être monté, puis Evan s’installe sur le dos de Réglisse. Sa maman reste auprès de lui pour l’aider à garder l’équilibre et éviter une chute. La thérapeute tient la bride pour faire avancer le poney, là où Evan veut aller. Le petit garçon doit en fait répondre au jeu préparé par Emilie, qui consiste à tirer au sort des petits papiers indiquant des couleurs, repérer dans le manège les piquets colorés qui correspondent, s’y rendre, et jouer là-bas, toujours en restant sur son poney, à des petits défis d’agilité, comme viser pour mettre des balles dans un seau (en utilisant de préférence sa main gauche, Emilie y veille…) ou sauter à poney des obstacles au ras du sol. Autant d’exercices qui plaisent beaucoup à Evan, qui ne voit pas le temps passer, gagne en confiance et enjoint même sa maman à « le lâcher ». Des bénéfices qui se cumulent avec les séances de psychomotricité classiques et permettent à Evan de faire de vrais progrès. Des progrès qui ont un coût, bien entendu, entre 45 et 60 € l’heure, non pris en charge par l’Assurance maladie.

Ainsi, d’un patient à l’autre, suivant le cas, les équithérapeutes s’adaptent et chaque séance est unique. Il n’est même pas obligatoire que le patient monte le cheval : parfois s’en occuper, parler au cheval, s’adapter à ses réactions est un exercice thérapeutique en soi. En effet, chaque séance est d’autant plus unique que le comportement du cheval n’est jamais totalement prévisible.

Pourquoi les chevaux ?

En équithérapie, on dit que le cheval renvoie au patient un effet miroir. On choisit d’ailleurs pour les séances des chevaux calmes, doux, patients et qui ne craignent évidemment pas le rapport avec les humains. Les chevaux sont naturellement très sensibles et captent rapidement s’il y a des problèmes émotionnels, d’où l’intérêt de cette thérapie dans les cas de mal-être psychologique.

Emilie se souvient avoir travaillé durant sa formation avec un équithérapeute particulièrement porté sur les troubles psychologiques. Il avait réussi à rassembler pour une séance les membres de la famille d’un de ses patients. Lorsque le cheval est arrivé dans le manège, un cheval d’ordinaire affectueux, celui-ci a galopé directement jusqu’au fond de la piste, ressentant probablement les tensions familiales. Le thérapeute a pu alors se servir de la réaction du cheval pour entamer le dialogue autour de leurs conflits et les langues se sont déliées.

Il n’est pas rare que le cheval créée un climat de confiance, que les patients, notamment ceux en souffrance psychologique, lâchent prise en se confiant à l’animal, plus facilement qu’ils ne le feraient lors d’une séance de psychothérapie traditionnelle. Cependant, Emilie précise que les équithérapeutes qui proposent ce type de travail doivent avoir eux-mêmes une formation adaptée à la prise en charge des troubles psychologiques, car ce n’est pas le tout de faire en sorte que les patients se libèrent de leurs difficultés, encore faut-il savoir comment les guider ensuite pour gérer tout cela !

En savoir plus :

Société française d’Equithérapie

Institut de Formation en Equithérapie

Fédération nationale de Thérapie avec le Cheval

Site d’Emilie Giraudeau – J’en parlerai à mon cheval

1 commentaires

  • webmaster dit :

     Bonjour Bleuenn. Si vous souhaitez effectuer un stage en équithérapie, je vous invite à vous rapprocher des structures citées à la fin de l’article, sous « En savoir plus ». Elles devraient pouvoir vous renseigner…

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