Ce produit 100 % naturel est présenté comme une alternative plus sûre aux déodorants anti-transpirants classiques et aux sels d’aluminium qu’ils contiennent. C’est pourtant loin d’être exact !
Un samedi midi sur le marché d’une petite ville de province. Sur l’étal, du savon d’Alep, de l’huile d’Argan, des lotions de massage, des encens bio et… de la pierre d’Alun en pagaille. « Vous pouvez y aller, c’est garanti sans aluminium ! », lance le commerçant ambulant à une jeune femme qui semble s’intéresser au minéral translucide. La pierre d’Alun connaît depuis quelques années un succès grandissant. On la trouve sur les marchés donc, mais aussi dans les magasins bio, sur Internet, dans les pharmacies, et même dans les grandes surfaces.
Une pierre qui roule…
Pour comprendre les raisons de cet engouement, il faut revenir quelques années en arrière avec la publication en 2005 d’une étude mettant en cause le chlorhydrate d’aluminium présent dans les déodorants comme un agent susceptible de jouer un rôle dans le développement du cancer du sein. D’après l’auteure de cette publication, l’aluminium interviendrait en perturbant le bon fonctionnement des récepteurs à l’œstrogène.
Saisie par la Direction générale de la Santé afin de se prononcer sur la dangerosité éventuelle des produits anti-transpirants à base d’aluminium, l’Agence nationale de sécurité sanitaire du médicament (ANSM) publiait en 2011 un rapport d’évaluation sur le risque lié à l’utilisation de l’aluminium dans les produits cosmétiques, concluant que « l’analyse des données épidémiologiques et des études chez l’animal n’a pas pu mettre en évidence de lien entre cancer et exposition à l’aluminium par voie cutanée ».
En 2012, une étude publiée dans le Journal of Applied Toxicology relançait la polémique, en pointant la toxicité in vitro de l’aluminium sur des cellules mammaires humaines (nous en parlions déjà dans un article publié en mars 2014 sur les sources d’aluminium au quotidien et comment les limiter). Le lien entre l’utilisation d’anti-transpirants contenant de l’aluminium et le développement du cancer du sein, si tant est qu’il existe, reste toutefois à être beaucoup plus finement précisé.
Des études contradictoires
Ce climat de soupçon a clairement participé au succès de la pierre d’alun utilisée comme anti-transpirant en raison de ses propriétés astringentes (rétrécissement de la taille des pores de la peau). Sauf que voilà… Le Merck Index – qui est aux substances chimiques ce que le Petit Robert est aux mots et expressions de la langue française – est formel : l’alun est un sulfate mixte de potassium et… d’aluminium. Un détail pour les promoteurs de ce produit miracle que toutes les femmes s’arrachent.
Le commerçant que nous avons rencontré sur ce marché de province en donne un bel exemple. La société L’Oréal (pour ne citer qu’elle) en fournit un autre avec son déodorant Narta à la pierre d’Alun ne contenant pas de chlorhydrate d’aluminium. Ce qui est vrai puisqu’il est bourré de sulfates d’aluminium. Un « détail » que le fabricant ne met évidemment pas en avant.
Or, si les scientifiques ne sont pas en mesure de se prononcer sur le lien entre le cancer du sein et le chlorhydrate d’aluminium, inutile de dire qu’ils ne sont pas plus diserts concernant le sulfate d’aluminium. Mauvaise nouvelle, donc, pour les plus flippées : non la pierre d’alun et ses produits dérivés ne constituent pas une alternative plus sûre à l’utilisation des anti-transpirants classiques.
Alors, au final, nous direz-vous, vers quel produit se tourner pour en finir avec les sels d’aluminium?!
- privilégiez les déodorants anti-odeurs aux anti-transpirants : contrairement aux anti-transpirants qui limitent la transpiration grâce à des sels d’aluminium obstruateurs, les déodorants limitent seulement la prolifération de bactéries.
- pourquoi ne pas tester le bicarbonate de soude, reconnu pour ses propriétés désodorisantes ? Une demi-cuillère à café de poudre dans un peu d’eau à appliquer sous les aisselles…et le tour est joué, dit-on !
- apprenez à lire les étiquettes des produits bio, afin de repérer s’ils contiennent oui ou non de l’aluminium.
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