Etiquetage des emballages-produits alimentaires-codes couleur nutrition

Etiquetage nutritionnel : bientôt, plus de clarté ?

L’étiquetage simplifié des qualités nutritionnelles proposé dans le projet de loi santé fait débat. Le gouvernement pousse, l’industrie résiste, appuyée par l’opposition. L’intérêt du consommateur et de sa santé passe clairement par l’adoption de cette nouvelle disposition.

Elle a perdu une bataille mais pas la guerre. Le lobby de l’industrie agroalimentaire aura pesé de tout son poids pour empêcher l’adoption de l’article 5 du projet de loi santé visant à mettre en œuvre un logo et un code couleur facilement reconnaissables afin de rendre aisément compréhensibles les nombreuses informations portées sur les emballages des produits alimentaires. Un outil simple qui permettrait aux consommateurs de distinguer les produits trop gras, trop sucrés ou encore trop salés de ceux affichant un profil nutritionnel plus sain.

Les industriels de l’agro-alimentaire fort mécontents

Dans un communiqué publié le 26 mars dernier, l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), qui représente les intérêts de la filière affichait « son opposition à tout dispositif d’étiquetage nutritionnel simpliste reposant uniquement sur un code de couleurs. L’équilibre alimentaire d’un individu ne peut pas se réduire à une pastille de couleur sur un produit. Ces systèmes de notation nutritionnelle ignorent les déterminants fondamentaux d’une alimentation équilibrée que sont la prise en compte de la taille de la portion consommée, le moment de consommation, la fréquence et surtout les associations d’aliments au cours d’un repas ».

Un argument repris – détail qui ne manque pas de sel – mot pour mot par Arnaud Robinet, le monsieur Santé de l’opposition, lors de l’examen de l’article prévoyant l’adoption de ce nouveau mode d’étiquetage à l’Assemblée nationale le 1er avril dernier. Las, en dépit de la dévotion du député pour l’industrie et de son énergie à prolonger la défense de ses intérêts, les parlementaires ont adopté l’article à une courte majorité. L’industrie agroalimentaire dispose toutefois d’une autre fenêtre de tirs afin de le faire sauter ou encore de l’amender.

Un étiquetage pourtant volontaire

Précisons que cet étiquetage s’adresse aux emballages de produits industriels transformés et que les fabricants ne seront pas tenus de l’apposer. « La seule obligation définie par cet article est la suivante, a précisé Marisol Touraine lors des débats : l’ensemble des industriels et des distributeurs devront utiliser le même logo. Si les différentes marques utilisent différents systèmes de repérage, en effet, il ne sera pas possible de comparer les produits. J’ai formé il y a quelques jours un groupe de travail pour définir la nature précise du logo qui sera proposé aux industriels ».

Ce dispositif, déjà en vigueur au Royaume-Uni a été proposé dans un rapport rédigé par Serge Hercberg, président du Programme national Nutrition Santé (PNNS) remis à Marisol Touraine en novembre 2013 (voir le rapport Propositions pour un nouvel élan de la politique nutritionnelle française de santé publique). Il a obtenu de nombreux soutiens dont celui du Collectif interassociatif sur la santé (CISS, éditeur de ce site), de la Société française de santé publique, de la Société française de pédiatrie, de l’Association française des diététiciens nutritionnistes ainsi que de l’Association française des diabétiques ou encore de l’UFC-Que Choisir.

De nombreuses associations favorables à l’étiquetage nutritionnel

Fin février, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir a publié les résultats « édifiants » d’une étude menée sur plus de 300 produits de consommation courante auxquels elle a appliqué le filtre proposé dans le rapport Hercberg. Céréales ou biscuits du petit déjeuner, plats cuisinés, desserts, laitages… Pour une même catégorie de produits, les analyses de l’UFC-Que Choisir montrent des différences de qualité nutritionnelle hallucinantes, révélatrices « de l’utilité du code couleur ». Ici, par exemple, des muffins de la marque Pasquier bourrés de gras, de sucre et de sel que le consommateur serait bien inspiré de délaisser au profit du produit équivalent de marque Carrefour.

Là encore, deux produits de la mer à tartiner vendus chez Super U dont la qualité nutritionnelle varie d’un extrême à l’autre. A notre gauche, des rillettes riches en thon, à notre droite, une préparation de Tarama, deux fois plus salée et pleine d’huile. Autres exemples rapportés par le quotidien Le Monde, le cassoulet mitonné de William Saurin et le petit salé aux lentilles de Fleury Michon décrochent une étiquette verte quand les céréales de petit-déjeuner, qui jouent les codes minceur, comme Special K de Kellogg’s et Fitness de Nestlé, sont étiquetés orange, des produits qui seraient donc à consommer avec modération.

Vers une meilleure qualité nutritionnelle ?

Selon Que Choisir, le « modèle coloriel est un antidote fiable, simple et efficace contre le marketing alimentaire ». C’est aussi l’avis du CISS. Dans son rapport, Serge Hercberg résume l’intérêt du dispositif qui permettra « aux consommateurs d’appréhender en un coup d’œil et de façon compréhensible la qualité nutritionnelle globale des aliments au moment de leur acte d’achat ». Et ainsi intégrer la dimension nutritionnelle dans les arbitrages orientant ses choix par une comparaison simple entre aliments de famille identique. Les promoteurs de cet étiquetage espèrent également que ces nouvelles règles d’étiquetage auront un fort pouvoir incitatif pour que les fabricants améliorent la qualité nutritionnelle des aliments qu’ils produisent ou distribuent afin d’obtenir les faveurs du consommateur.

« Si aucune étude n’a pu tester l’impact réel des systèmes d’informations nutritionnelles en face avant des emballages, dans des conditions réelles et sur du long terme sur l’état nutritionnel ou l’état de santé ni même sur les comportements alimentaires de façon durable, il existe de nombreux travaux contribuant à alimenter la réflexion », peut-on lire dans le rapport de Serge Hercberg. « Ces travaux apportent, selon l’auteur, des données indirectes fournissant des arguments suffisamment convaincants pour aboutir à ce que les Comités d’experts nationaux ou internationaux proposent des recommandations soutenant la mise en place de ce type de mesure« .

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