Cet hiver, la famille Junot a décidé de tester les médecines dites « douces » ou encore « complémentaires », pour se soigner. Ostéopathie, homéopathie, acupuncture, naturopathie… Pour quelles indications médicales, ces différentes disciplines sont-elles les plus efficaces ? 66 Millions d’Impatients a fait sa petite enquête !
Petits ou gros soucis de santé, alimentation, environnement, prévention… Suivez les aventures de la famille Junot (Caroline, Mathieu et leurs 2 enfants, Sébastien et Sidonie) qui se pose les 1001 questions que nous nous posons tous quand il s’agit de notre santé…
Et la question du moment pour Caroline qui ne s’en sort pas entre les otites à répétition de Sébastien et les sinusites chroniques de Sidonie, c’est : est-ce que l’homéopathie pourrait les aider ? Mathieu n’y croit pas beaucoup et prétend que ces petites billes minuscules, qui ne contiennent quasiment pas de principes actifs, sont inefficaces et ne fonctionnent que par effet placebo… Pourtant, d’après un sondage IPSOS pour les Laboratoires Boiron, 56% des Français ont recours à l’homéopathie. Alors qu’en est-il exactement ?
Pourquoi des doses si faibles ?
Face aux questions de ses parents, le petit Sébastien jette un coup d’œil sur internet pour découvrir que l’un des premiers principes de l’homéopathie est celui de « similitude ». En effet, le père de cette médecine, Samuel Hahemann, à la fin du XVIIIème siècle, constate la similitude entre les symptômes d’une intoxication au quinquina et ceux du paludisme . Or lui-même avait soigné son paludisme par quelques gouttes de teinture de quinquina. Il redécouvrait ainsi le principe de similitude énoncé par Hippocrate au V° siècle avant J.C. : »les semblables doivent être guéris par les semblables ». Après avoir testé l’effet de plusieurs autres substances sur lui-même et des volontaires, il se rend compte qu’une substance qui provoque à forte dose les mêmes symptômes qu’une maladie peut, à très faible dose, guérir cette maladie. Au début il tâtonne bien entendu mais il s’avère qu’en baissant les doses le plus possible, il parvient à des résultats probants ! C’est un autre des principes de l’homéopathie : la « dilution ». Et c’est pourquoi, explique Sébastien à ses parents, les doses homéopathiques sont-elles souvent infinitésimales.
Trouver un homéopathe…
Mathieu reconnaît que tout cela se tient et encourage Caroline à prendre rendez-vous chez un médecin homéopathe. Mais d’ailleurs les homéopathes sont-ils tous médecins ? Il est temps d’éclaircir ce mystère ! Caroline décide d’aller demander conseil chez son pharmacien, souvent un bon allié pour connaître les meilleures adresses des médecins de quartier… Il lui explique qu’en France, un homéopathe est forcément un professionnel de santé (médecin, sage-femme…) qui a suivi une formation supplémentaire en homéopathie. Ce n’est d’ailleurs pas le cas en Allemagne, par exemple, où l’exercice de l’homéopathie peut se faire de manière indépendante (après une formation spécifique bien entendu, mais sans avoir à faire médecine au préalable !). Evidemment le pharmacien indique quelques adresses à Caroline et lui recommande également d’interroger son entourage, de s’en remettre au bouche-à-oreille !
Mais qu’y a t-il dans ces petites billes ?
Le pharmacien explique aussi à Caroline que, du fait du très faible dosage des remèdes, ils sont en vente libre dans les pharmacies, c’est-à-dire, qu’ils ne nécessitent pas d’ordonnance. Dans l’homéopathie traditionnelle, les remèdes contiennent des substances végétales, animales ou minérales, mais l’homéopathie moderne intègre également des bases de médecines chimiques allopathiques qui sont alors diluées. Ainsi peut-on retrouver, par exemple, le vaccin contre la grippe saisonnière, dilué à partir du vaccin classique. Caroline s’inquiète quand même de l’aspect ludique de ces petites billes et craint que sa fille joue avec… Là encore, aucune crainte à avoir, il n’y a pas de risque d’intoxication, ni de surdosage avec l’homéopathie.
La consultation
Le pas est franchi, Caroline a pris rendez-vous pour ses enfants ! La première chose qui l’interpelle, c’est le nombre de questions que le médecin leur pose. En effet une consultation d’homéopathie se doit d’être assez longue, car elle prend en compte deux autres grands principes qui sont incontournables : « l’individualisation » et la « globalité ». L’individualisation c’est le fait que deux personnes ne vont pas développer une maladie de la même façon. Ainsi, si Sébastien et Sidonie ont tous les deux une angine, leur façon de réagir sera différente, l’un aura peut-être plus de fièvre et moins de douleurs à la gorge que l’autre. C’est là qu’intervient le principe de globalité, c’est-à-dire que l’homéopathie s’intéresse plus à l’ensemble des symptômes qu’à la pathologie. Par exemple, cette angine est-elle davantage soulagée par le chaud ou par le froid ? Ainsi le médecin prendra-t-il en considération le terrain de la personne et l’analyse de ses symptômes. C’est la raison pour laquelle, en France, on considère que l’homéopathie doit être pratiquée par un professionnel de santé, capable de poser un diagnostic allopathique et d’utiliser en fait l’homéopathie comme une technique médicale. Ces deux principes d’individualisation et de globalité expliquent aussi sans doute les échecs à reconnaître l’homéopathie comme étant efficace de façon scientifique. En effet, il faut bien l’avouer, aucune étude n’a pu établir la preuve scientifique de son efficience et certains scientifiques soutiennent qu’au vu des dosages infinitésimaux des remèdes, les bons résultats ne peuvent être dus qu’à un effet placebo. Cependant, aucune étude scientifique, qui mettrait en regard des patients prenant d’un côté un remède homéopathique et de l’autre un placebo, ne peut prendre en ligne de compte le terrain de chacun des malades (l’individualisation), ni l’ensemble précis de ses symptômes (la globalité). Par essence, un même remède homéopathique donné à plusieurs patients ne peut pas engendrer de résultats homogènes.
Les indications
Caroline a bien fait d’amener ses enfants, car, précise le médecin, les maladies infantiles sont une des meilleures indications pour l’homéopathie ! En effet, le « terrain » chez les enfants est pur. Leur mode de fonctionnement et les symptômes sont assez nets, peu parasités par d’autres troubles ou traumatismes. La prise en charge avec l’homéopathie est donc souvent efficace. De façon générale, l’homéopathie est indiquée sur des phénomènes inflammatoires comme une fièvre ou de l’arthrose. Et il est aussi conseillé de l’utiliser à titre préventif, approche plus adaptée que le curatif aux principes de la médecine homéopathique. En curatif, le traitement durera de quelques heures à quelques jours, en préventif il peut s’étaler sur des périodes de quelques semaines. Et l’homéopathie peut aussi être envisagée dans le cas de maladies chroniques. Les principes d’individualisation et de globalité vont alors être très bénéfiques, car l’œil de l’homéopathe va s’intéresser à la personne dans son ensemble, sans se focaliser sur une seule pathologie. Le médecin va traiter les symptômes pour soulager le patient, parfois en soutien d’un traitement allopathique lourd. En effet, l’homéopathie ne prétend pas guérir le cancer par exemple, mais elle peut aider à soulager certaines douleurs, à réduire les problèmes de toxicité des traitements, par exemple en aidant à ne pas perdre ses cheveux dans le cadre d’une chimiothérapie. Elle est aussi d’une grande aide avec les femmes enceintes qui ne peuvent pas prendre certains médicaments.
Combien ça coûte ?
Dans la mesure où une consultation homéopathique demande du temps, il est rare que les médecins de secteur 1 la proposent. Si tel est le cas, la consultation fera sûrement l’objet d’honoraires facturés en marge de la consultation conventionnée, et ne sont alors pas pris en charge par l’Assurance Maladie. En revanche, certaines mutuelles proposent annuellement le remboursement de quelques consultations de médecines complémentaires, dans la limite d’un plafond de remboursement. Auquel cas, le médecin pourra établir une facture pour cette consultation à présenter à la mutuelle. En secteur 2, les consultations homéopathiques varient généralement entre 40 et 100€. Enfin, certains médicaments homéopathiques sont remboursés par l’Assurance Maladie. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site du Ministère de la Santé (cliquez ici, l’information sur les prises en charge se trouve en bas de page).
Et retrouvez la semaine prochaine la famille Junot pour des nouvelles aventures autour des médecines douces !
Un grand merci au docteur Xavier Bihr, médecin généraliste homéopathe à la retraite et enseignant à la Société Médicale de Biothérapie à Nice.
EN SAVOIR PLUS :
- Médicaments homéopathiques – Ministère de la santé
- European Central Council of Homeopaths – Regroupement de 27 associations nationales européennes. On y trouve les normes de pratique et de formation, de l’information de base sur l’homéopathie ainsi que les plus récentes recherches. En anglais.
- Les médicaments d’homéopathie – EurekaSante.fr par Vidal
- Syndicat national des Médecins homéopathes français (SNMHF)
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- « La Famille Junot a mal au dos… chiro ou ostéo ? », publié le 19 février 2015
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