Produits pour bébé : les perturbateurs endocriniens

Produits pour bébé : les perturbateurs endocriniens encore trop présents

Le magazine Que Choisir a publié récemment les résultats inquiétants d’une étude sur la présence de perturbateurs endocriniens dans les produits destinés aux bébés. L’association appelle les pouvoirs publics à renforcer la réglementation.

Haro sur les perturbateurs endocriniens… Dans un communiqué publié le 12 février dernier, l’UFC-Que Choisir exige des pouvoirs publics « une révision des principes régissant les réglementations européennes et françaises pour ces composés nocifs ». En cause, les résultats que l’association de consommateurs a obtenus après avoir testé en laboratoire le contenu et les émanations chimiques de 68 produits destinés aux bébés, dont 19 bodys, 11 couches, 10 tétines, 14 tapis-puzzles, 7 tapis de jeu en tissu et 7 matelas à langer.

Un public particulièrement vulnérable, rappelle Que Choisir, dont l’organisme « est en plein développement et n’a pas encore acquis toutes les compétences pour se défendre contre les différents toxiques. Sans compter que proportionnellement au poids des jeunes enfants, les quantités de substances nocives inhalées, ingérées ou qui entrent en contact avec la peau sont souvent plus importantes que pour un adulte ».

Les perturbateurs endocriniens regroupent de nombreuses substances chimiques pouvant interférer avec la régulation hormonale des êtres vivants et toucher la reproduction, la croissance, le développement, le comportement, etc. L’exposition à ces substances « est particulièrement critique pendant certaines périodes de l’enfance, notamment la période périnatale, la pré-puberté et la puberté », indique Gérard Lasfargues, directeur général adjoint scientifique à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

Des effets délétères sur la santé bien documentés

Selon ce spécialiste, l’exposition à ces moments clés pourrait contribuer à l’apparition de certaines pathologies à l’âge adulte, comme le diabète, l’obésité, ou encore des cancers hormono-dépendants. Parmi les produits étant plus particulièrement objet d’inquiétudes :

  • les phtalates, qui entrent dans la fabrication des matières plastiques et servent notamment à les rendre plus ou moins souples (pour lire notre mise au point sur ces composés, c’est par ici) ;
  • le bisphénol « utilisé pour la fabrication du polycarbonate, un plastique rigide et transparent présent dans de nombreux récipients alimentaires (bouteilles, verres, assiettes, tasses…) et objets du quotidien (lunettes, CD, DVD, mobilier…) », écrivions-nous en avril dernier sur notre site ;
  • les parabènes, que les industriels incorporent comme conservateurs dans les produits cosmétiques (lire ici les résultats d’une étude publiée sur le sujet).

De multiples sources d’exposition identifiées

La liste ne serait pas complète sans les retardateurs de flammes chlorés (qui participent à diminuer l’inflammabilité des produits dans lesquels ils sont incorporés), le formaldéhyde (que l’on trouve en quantité par exemple dans les meubles en mélamine de chez Ikéa ou Conforama (voir à ce sujet l’enquête diffusée il y a quelques semaines par Envoyé spécial), les hydrocarbures polycycliques dont certains sont cancérogènes ou mutagènes avérés ou encore le formamide utilisé comme assouplissant dans les tapis-puzzles, irritant pour la peau et toxique pour la reproduction.

Sur les 68 produits évalués par Que Choisir, 12 ont été testés positifs aux perturbateurs endocriniens. A retenir notamment : une tétine contenant une quantité élevée de bisphénol A alors que son emballage indique qu’elle en est exempte, un matelas à langer bourré d’un retardateur de flamme chloré et deux tapis dont les teneurs en formamide sont bien au-delà de la réglementation.

Des résultats « inadmissibles, juge Que Choisir, qui s’expliquent notamment par une réglementation inadaptée à l’enjeu sanitaire. Les autorités n’ont ciblé que les utilisations les plus risquées (tétines, jouets, etc.), alors qu’une interdiction plus large s’imposait pour prendre en compte les risques significatifs que constituent les autres objets présents dans l’environnement immédiat du bébé (matelas à langer, tapis de sol, etc.) qui selon le cas peuvent être portés à la bouche ou sont en contact prolongé avec la peau. La réglementation ne porte en outre que sur un très faible échantillon des perturbateurs endocriniens. »

Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens

Fort de ces constats, l’UFC-Que Choisir invite les législateurs français et européens à adopter sans délai « une réglementation bien plus ambitieuse sur les perturbateurs endocriniens, en particulier pour les produits destinés aux enfants ». Rappelons qu’en avril 2014, le gouvernement adoptait sous l’impulsion de Ségolène Royal, ministre de l’écologie, une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens visant « à prévenir les risques et limiter l’exposition, en particulier celle des populations sensibles, femmes enceintes et jeunes enfants ».

Soutien à la recherche, stimulation de l’innovation dans l’industrie, renforcement de l’expertise ou encore amélioration de l’information des citoyens… L’ensemble des mesures mises en avant peut être consulté ici. L’adoption de cette stratégie nationale a valu à l’époque un « coup de chapeau » adressé par le CISS à la ministre (à lire ici). Mais il semble qu’il reste encore du travail à faire, et de la vigilance à maintenir, pour éloigner les perturbateurs endocriniens des environnements proches des personnes qui y sont les plus fragiles.

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