Automédication : les mauvais mélanges…

Les admissions à l’hôpital dues aux effets indésirables des médicaments représentent plus de 3% des admissions globales (voir p.198 du rapport de 2011 L’état de santé de la population en France, établi par le ministère en charge de la santé). Ainsi, comme toute médication, l’automédication mérite précaution et mesure… même si en France sa part de marché reste limitée à 7,6% contre 92,4% des médicaments prescrits (chiffres AFIPA).

Petit tour d’horizon des médicaments qui traînent souvent dans nos placards, dont on ne se méfie pas toujours assez, alors que certaines de leurs interactions peuvent être dangereuses…

Sujet réalisé avec la collaboration du docteur Marine Grandchamp, pharmacienne à Paris 18e.

1 – On regarde bien l’emballage

Il y a deux sortes de médicaments en France… Les médicaments qui peuvent être obtenus sans ordonnance, ceux qui sont en général exposés derrière le comptoir du pharmacien, et les médicaments dits « listés », que l’on obtient uniquement sur prescription médicale, qui sont soumis à posologie, et qui sont rangés dans les grands tiroirs des pharmacies.

Sur les emballages des listés, figure un cadre (voir photo ci-contre) qui mentionne clairement qu’ils sont délivrés « uniquement sur ordonnance ». Si vous repérez ce cadre, c’est que le médicament vous a été forcément prescrit par un médecin et qu’il est fortement déconseillé de l’utiliser à nouveau sans avis médical. Même un pharmacien ne prendra pas la responsabilité de vous conseiller de le prendre à nouveau.photo-boite

Si ce fameux cadre ne figure pas sur l’emballage, le médicament est en vente libre. Cela ne veut pas dire qu’il est anodin. Ces médicaments contiennent aussi des principes actifs, parfois très puissants, et certains font vraiment mauvais ménage avec d’autres médicaments.

En outre, réutiliser une seconde fois un médicament qui vous a semblé efficace une première fois peut se révéler dangereux, car votre situation médicale a peut-être changé entre temps : un nouvel anti-douleur pour un mal de dos qui persiste, une nouvelle pilule contraceptive ? Dans le doute, consultez toujours votre pharmacien avant de vous servir d’un médicament que vous trouvez dans votre armoire à pharmacie.

2 – Parfois un simple cachet d’aspirine est vraiment contre-indiqué…

Gare aux estomacs fragiles, lorsqu’on prend un médicament à base d’aspirine en même temps qu’un autre à base d’ibuprofène. En effet, ces deux anti-inflammatoires puissants peuvent chacun provoquer des douleurs gastriques. Les associer, et a fortiori les consommer à fortes doses, peut entraîner une inflammation plus ou moins sévère de la muqueuse de l’estomac, selon la sensibilité de chacun.

Comme on vient de le voir, associer deux médicaments qui appartiennent à la même classe, c’est-à-dire qui ont des propriétés communes, est peu recommandé, sauf avis médical précis, car il y a un risque de surdosage.
C’est la raison pour laquelle, si vous prenez un traitement à base d’anticoagulants (pour fluidifier le sang), il faut éviter là encore de prendre de l’aspirine, qui a également des propriétés anticoagulantes – à propos de l’aspirine, vous pouvez lire notre article relatif aux études scientifiques qui confirment l’efficacité de l’aspirine dans la prévention de certains cancers.

Dans le doute, passez peut-être un petit coup de téléphone à votre pharmacien…

3 – On évite les cocktails des médicaments formulés contre le rhume !

Nous venons de le voir, et on se répète mais c’est pour la bonne cause : sauf avis médical particulier, il ne faut pas associer deux médicaments qui ont les mêmes propriétés. Ainsi, si cet hiver vous attrapez un gros rhume mais que vous devez absolument retourner au boulot au plus vite, il est contre-indiqué d’envisager de cumuler les différentes marques d’anti-rhumes. Beaucoup sont à base de paracétamol et de vasoconstricteurs (c’est ce qui permet de décongestionner le nez et de mieux respirer) mais ils peuvent présenter des effets secondaires sur les systèmes cardiovasculaire et neurologiques. Ils doivent être utilisés avec précaution, surtout si l’on souffre par exemple d’un glaucome, de troubles de la prostate ou de problèmes de tension.

Il est important de noter également que le paracétamol en surdosage peut se révéler redoutable pour le foie : son surdosage est en effet la première cause d’indication de greffe hépatique en raison d’une hépatite aiguë grave. Aussi la quantité prise à chaque fois ne doit pas dépasser le gramme et sera renouvelée toutes les 6 à 8 heures, voire toutes les 4 heures si besoin, sans dépasser la dose maximale autorisée de 4 grammes par jour.

4 – Oui, les pansements gastriques sont très efficaces !

C’est bien pour cela que les médicaments de type Smecta font le bonheur des épicuriens qui ont l’intention de faire un festin… Ils évitent les dérangements et douleurs après les bons repas car ils agissent en tapissant la paroi gastrique. Résultat : cette paroi devient difficilement franchissable durant deux heures, et vos médicaments pris par voie orale voient alors leur efficacité réduite. Même l’effet de votre pilule contraceptive peut être remise en cause. La solution ? On attend au moins deux heures entre la prise d’un pansement gastrique et d’un traitement par voie orale.

5 – On calme la bête…

C’est un sujet tabou mais nous on en parle : les médicaments qui visent à traiter les troubles érectiles ne sont pas faits pour augmenter les performances sexuelles des hommes qui se portent déjà très bien. En effet, ce sont des vasodilatateurs puissants qui peuvent provoquer de sérieux troubles cardio-vasculaires. Ils sont délivrés sur ordonnance notamment pour que le médecin puisse vérifier qu’il n’y a aucune contre-indication avec l’état de santé des patients et ses éventuels traitements médicamenteux en cours.

Et bien évidemment, il ne faut jamais prendre simultanément deux marques différentes de ce genre de pilules…

6 – Le millepertuis : une plante médicinale qui cache un peu son jeu…

Elle porte un nom de conte de fées, est indiquée principalement pour traiter l’anxiété ou les états dépressifs… mais cette plante peut aussi réduire l’efficacité de certains de vos traitements médicamenteux, dont elle inhibe les effets thérapeutiques, notamment celui de la pilule contraceptive. L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé (ANSM) recommande donc une certaine prudence (voir ici la fiche de l’ANSM sur le millepertuis). Sachez que le millepertuis se retrouve dans différents produits de parapharmacie et de boutiques orientées nature, biologique et diététique. N’hésitez pas à demander son avis à votre médecin ou à votre pharmacien.

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