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Anti-VHC – Une réponse politique apportée à l’envolée des coûts

La Commission européenne et 14 pays (Allemagne, Italie, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Irlande, Portugal, Pologne, Roumanie, Lituanie, Slovénie, Slovaquie, Croatie et Chypre) ont apporté vendredi 20 juin leur soutien à une initiative française visant à abaisser les prix des médicaments contre l’hépatite C chronique (anti-VHC).

Rappelons que d’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), en avril 2014, à l’échelle mondiale, 130 à 150 millions d’individus étaient porteurs chroniques de l’hépatite C. De 350 000 à 500 000 personnes meurent chaque année de pathologies hépatiques liées à l’hépatite C.
En France, 200 000 personnes seraient touchées par le virus de l’hépatite C (VHC), dont 70 000 ignoreraient qu’elles sont affectées.

Avec l’arrivée de nouveaux traitements – les antiviraux à action directe (AAD) -, les moyens nous sont donnés de pouvoir éradiquer le VHC… à condition de voir baisser le coût de ces nouveaux médicaments antiviraux – une alerte a d’ailleurs été lancée fin mai par une vingtaine d’associations sur le coût « exorbitant » des nouveaux traitements contre l’hépatite C (lire notre article « Hépatite C : dépistage facilité… mais quel accès au meilleur traitement ? »).

La Commission européenne a estimé qu’un nouveau mécanisme d’achat groupé de médicaments, qui a également été adopté lors du conseil des ministres de vendredi, pourrait s’appliquer aux médicaments anti-VHC.

Pour une baisse des prix des nouveaux traitements anti-vhc innovants

L’initiative française, un texte d’un peu plus d’une page en neuf points, reconnaît que de « nouveaux médicaments innovants sont un outil important pour le traitement de maladies graves telles que l’hépatite C » mais que les prix de ces traitements « sont extrêmement élevés et insoutenables pour les budgets santé ».

« L’industrie pharmaceutique doit réaliser que de tels prix peuvent empêcher des milliers de patients de bénéficier d’un médicament qui serait alors accessible seulement aux patients les plus sévères », et que « l’impossibilité de soigner autant de patients que possible va conduire à de nouvelles infections qui auraient pu être évitées ».

Les signataires du texte estiment que « les prix des médicaments devraient prendre en compte les budgets nationaux et le caractère durable des systèmes de santé nationaux en vue de permettre l’accès des patients aux médicaments innovants ». Ils réclament un « compromis adéquat » entre « les autorités compétentes et l’industrie pharmaceutique » en vue de payer le juste prix pour l’innovation tout en permettant un accès équitable et abordable aux médicaments innovants pour les patients.

Ils appellent donc l’industrie pharmaceutique à « endosser davantage sa part de responsabilité dans la santé publique et à s’associer avec les autorités de santé à des projets aussi larges que l’éradication de l’hépatite C ». Ils notent que la situation de l’hépatite C constitue une référence pour d’autres problématiques similaires actuelles et à venir.

Concrètement, les signataires évoquent la mise en place d’un « réseau d’échange d’informations » sur les médicaments indiqués dans l’hépatite C.

Il porterait en particulier sur « les tendances de prix et la définition d’un plafond de prix » ; « des protocoles de traitement et des recommandations »; « la définition de principes communs pour des registres de patients et des données d’efficacité »; « la conduite de négociations avec l’industrie pharmaceutique, y compris des accords de partage de coûts ou des accords de partage de risque basés sur la performance respectant la confidentialité prévue dans les législations nationales ».

Nouveau mécanisme de passation de marché

Cette initiative française s’est accompagnée du soutien de 23 des 28 ministres à un « accord d’achat conjoint de contre-mesures médicales ». La majorité qualifiée réunie permet une entrée en application immédiate.

La réflexion sur ce nouveau mécanisme de passation de marché est née de la grande dispersion entre les pays européens, sur fond de panique, en matière d’achat de vaccins pandémiques contre la grippe A(H1N1) en 2009, rappelle-t-on.

Cet accord précise comment les membres de l’Union européenne pourront se procurer conjointement des vaccins pandémiques ou d’autres médicaments. La Commission européenne a estimé vendredi qu’il pourrait s’appliquer aux anti-VHC.

Le commissaire européen à la santé, le Maltais Tonio Borg, a estimé que l’accord allait permettre de « s’opposer à la spéculation sur les prix des médicaments ».

Un nouveau groupe de travail issu de cet accord doit se réunir les jeudi 3 et vendredi 4 juillet. Il sera suivi par une réunion du comité directeur en septembre. Ils travailleront en premier lieu sur la commande de vaccins.

Satisfaction du Directeur de l’ANRS

Interrogé samedi par l’Agence de presse médicale (APM) sur l’initiative française, le directeur de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS), Jean-François Delfraissy, qui milite pour une modération des prix des nouveaux anti-VHC, s’est félicité qu’une réponse politique commence à être apportée à l’envolée des coûts.

« A une situation extraordinaire, il faut une réponse extraordinaire« , a-t-il déclaré. S’il reconnaît que le domaine de l’hépatite C connaît une « révolution thérapeutique » grâce à l’arrivée de nouveaux traitements très efficaces, il souligne parallèlement que « l’on n’est pas dans l’urgence. Nous disposons de quelques semaines, de quelques mois pour réfléchir ».

Il a rapporté qu’il avait été reçu par la Haute autorité de santé (HAS) et le Comité économique des produits de santé (CEPS) ces dernières semaines pour apporter son éclairage sur la situation nouvellement créée.

« Il y a une prise de conscience. Moi, je suis là pour interpeller, pas pour définir le juste prix. C’est compliqué […] Mais je vois que Gilead a racheté Pharmasset [société de biotechnologie qui a développé le sofosbuvir, NDLR] pour 11 milliards de dollars et que le médicament a réalisé 2,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires sur le seul premier trimestre. Je ne demande pas que ces traitements coûtent quelques centaines de dollars mais leur prix pourrait être divisé par deux par rapport à ce qui est proposé actuellement », a ajouté Jean-François Delfraissy.

Le prix d’autorisation temporaire d’utilisation (ATU) de Sovaldi* en France actuellement est de l’ordre de 50 000 euros pour une cure, rappelle-t-on.

(Source : dépêche APM)

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