La remontée d’information peut-elle servir à mieux comprendre comment évoluent les pathologies et comment mieux les traiter ? 66 Millions d’Impatients a interrogé Frédérique Thomas, chargée de recherche au Centre d’investigations préventives et cliniques à Paris.

« La santé connectée présente un vrai potentiel mais dans le cadre de l’épidémiologie cela me paraît encore un peu précoce de l’envisager »

66 Millions d’Impatients : Peut-on imaginer qu’une étude épidémiologique puisse être organisée uniquement à partir de données connectées ?

Frédérique Thomas : Je n’ai pas encore entendu parler de telles études. La raison en est simple, lors de la constitution de nos cohortes, nous rencontrons chacun des patients personnellement, au moins au début et à la fin de l’étude, pour recueillir les données médicales qui nous intéressent. Imaginer baser nos études sur un panel plus ou moins anonyme ne rentre pas dans nos protocoles.

Que faudrait-il pour que cela change ?

Il faudrait s’assurer de la fiabilité des données ainsi collectées. Vérifier déjà que les appareils sont fiables, et que les patients les utilisent correctement. Voilà d’ailleurs peut-être une vraie première étude que nous pourrions réaliser parmi des patients diabétiques ou hypertendus par exemple : comparer 2 groupes de patients, l’un soumis à une surveillance connectée et l’autre non, pour savoir si cela a un effet bénéfique sur leur santé.

Selon vous, nous en sommes donc au stade expérimental ?

Il y a un vrai potentiel mais dans le cadre de l’épidémiologie cela me paraît encore un peu précoce de l’envisager. Il est évident pourtant que la surveillance connectée enrichirait les analyses des données. Si l’on prend le diabète par exemple, l’on sait que l’hémoglobine glyquée (examen sanguin qui permet de connaître la moyenne des glycémies d’un patient sur les 3 derniers mois) a ses limites et que les données intermédiaires de glycémie recueillies quotidiennement par le patient sont très importantes pour ajuster son traitement.

Vous servir de données connectées, comme données intermédiaires, dans le cadre du suivi d’une cohorte pourrait donc être envisagé ?

Oui, bien entendu, pour du suivi cela pourrait être profitable. Parfois nous demandons aux patients des données intermédiaires sur leur poids par exemple, mais ces données ne sont évidemment pas aussi fiables que si nous assurions la pesée nous-mêmes. Avec une balance connectée nous aurions de meilleurs résultats. Malheureusement, équiper les 20 000 participants d’une étude avec des balances ou des tensiomètres connectés aurait un coût non négligeable et semble pour le moment peu envisageable.

 

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