Le café est-il bon pour la santé ?

Chaque année, de nouvelles études paraissent sur les bienfaits et les méfaits du café. Si certaines sont assez contradictoires, beaucoup d’entre elles révèlent que le café a des propriétés protectrices pour un certain nombre de maladies comme la maladie de Parkinson, d’Alzheimer, le diabète de type II ou des pathologies hépatiques.

On entend pourtant souvent dire qu’il faut réduire sa consommation de café pour améliorer son hygiène de vie. Dès lors où se situe la vérité ? Force est de constater qu’en matière de café, il n’y a pas de vérité universelle et que nous ne sommes pas égaux face à sa consommation.

Impact du café sur les risques de mortalité : des études contradictoires.

Entre 1995 et 2008, une étude a été menée aux Etats-Unis sur la relation entre la consommation de café et les risques de mortalité. Les chercheurs ont observé 230 000 hommes et 173 000 femmes, âgés de 50 à 71 ans. Parus dans le New England Journal of Medecine, le 17 mai 2012, les résultats laissent apparaître que la consommation, au-delà de 2 à 3 tasses quotidiennes de café, abaisserait la mortalité d’environ 10%.

Etude café et mortalitéNew England Journal of Medecine

Dans le même temps, une étude menée par l’Université de la Caroline du Sud, et publiée en août 2013 dans Mayo Clinic Proceedings, montre que boire plus de 4 tasses de café par jour augmente le risque de mortalité chez les moins de 55 ans, toutes causes confondues. L’étude a suivi plus de 40 000 hommes et femmes entre 20 et 87 ans, de 1971 à 2002.

Etude café et mortalitéMayo Clinic Proceedings

Ces résultats sont à mettre en regard du fait qu’une consommation excessive de café est souvent associée à une mauvaise hygiène de vie générale. En effet, tous les buveurs de café ne sont pas fumeurs ou buveurs d’alcool, en revanche l’inverse est quasiment toujours vérifiable. Voilà sans doute ce qui rend difficile toute étude épidémiologique concernant la consommation de café et son rapport de cause à effet sur les risques de mortalité toutes causes confondues.

Cependant si l’on affine les recherches sur le café, les résultats deviennent plus probants.

Des études prometteuses sur la maladie de Parkinson, d’Alzheimer, la cirrhose du foie, le diabète de type II…

En août 2012, l’American Academy of Neurology publie les résultats d’une étude qui met en lumière les effets bénéfiques de la caféine sur l’amélioration des tremblements liés à la maladie de Parkinson. L’étude concernait une soixantaine de patients déjà atteints par la maladie et ses troubles, dont la moitié absorbait de la caféine en cachet, tandis que l’autre avalait un placebo.

Caféine et maladie de Parkinson, American Academy of Neurology – Article de l’Université McGill

Très récemment, des chercheurs de l’INSERM (Institut national de la Santé et de la Recherche médicale) ont rapporté les bienfaits de la caféine sur la prévention de la maladie d’Alzheimer lors de tests encourageants effectués sur des souris.

Caféine et maladie d’Alzheimer – Article du Point

Une autre étude datant de 2006 analyse les données portant sur le suivi de plus de 125 000 hommes et femmes et démontre que le café réduirait les risques de cirrhose du foie et notamment de cirrhose alcoolique.

Café et cirrhose du foie – Archives of Internal Medicine

Fin 2011, ce sont des chercheurs chinois de l’Université de Wahun qui se positionnent sur les effets positifs du café, qui, à partir de 4 tasses par jour, réduirait de 50% les risques de développer un diabète de type II.

Café et diabète de type IIJournal of agricultural and food chemistry

Le café agirait-il comme un léger antidépresseur ?

Il apparaît en effet que le café possède des vertus intéressantes sur les troubles dépressifs.

La Nurse’s Health Study a suivi plus de 50 000 femmes aux Etats-Unis entre 1996 et 2006. L’étude, publiée dans Archives of Internal Medecine, le 26 septembre 2011 révèle que la quantité de café consommée est proportionnelle à la diminution d’épisodes dépressifs.

Café et risque de dépression chez les femmesArchives of Internal Medecine

Une autre étude, réalisée par l’Ecole de Médecine d’Harvard, indique quant à elle, que le café réduirait les risques de suicide.
Coffee drinking tied to lower risk of suicideHarvard Gazette

Certaines maladies sont pourtant incompatibles avec la consommation de café.

Du fait de sa capacité à maintenir éveillé, les personnes sujettes à l’insomnie devraient éviter le café. Mais d’autres troubles tels que l’hypertension artérielle, ceux liés au rythme cardiaque, le syndrome du colon irritable, la gastrite, le reflux gastro-œsophagien, les problèmes d’ostéoporose ou le syndrome des jambes sans repos, peuvent se compliquer sous l’effet du café et de la caféine.

Le café n’a pas terminé de nous livrer ses secrets puisqu’il cache plus de 1000 composants dont certains agiraient même comme antioxydants, et nous aideraient donc à retarder le vieillissement.

 

INTERVIEW

Attardons-nous avec le Professeur Costentin, professeur en pharmacologie à l’Université de Rouen, sur l’un des composants du café : la paraxanthine.

66 Millions d’impatients : Sommes-nous égaux face au café ?

Professeur Costentin : Évidemment non, puisque les personnes souffrant des pathologies citées ci-dessus doivent l’éviter. Mais il y a un deuxième sujet d’inégalité face au café, c’est notre plus ou moins grande capacité à le transformer en paraxanthine.

Qu’est-ce que la paraxanthine ?

La paraxanthine n’existe pas à l’état naturel dans les végétaux. Elle est le résultat de la transformation de la caféine par les mammifères. Lorsque nous buvons du café, notre intestin résorbe la caféine qui passe ensuite dans le foie. C’est alors que les enzymes interviennent. L’enzyme qui nous intéresse est le cytochrome 1A2 qui transforme la caféine en paraxanthine.

Quelles sont les propriétés de la paraxanthine ?

Comme la caféine, elle est stimulante et éveillante. Mais elle possède une autre vertu intéressante car elle est également légèrement anxiolytique.

La caféine peut-elle développer des effets anti-dépresseurs ?

C’est léger mais perceptible. Des études que nous avons menées sur des souris nous l’ont confirmé.

Mais en quoi ne sommes-nous pas égaux par rapport à cette paraxanthine ?

Malheureusement tout le monde ne transforme pas la caféine en paraxanthine, ni au même rythme, ni dans les mêmes proportions. Certains individus semblent avoir peu de cytochrome 1A2 et conservent des taux élevés de caféine par rapport à ceux de paraxanthine. Or, alors que la paraxanthine est anxiolytique, la caféine, elle, est anxiogène. Ainsi, certaines personnes ressentiront-elles un certain apaisement en consommant du café, tandis que d’autres seront sujettes à davantage de stress, voire à des crises de panique.

Comment savoir si l’on transforme bien la caféine en paraxanthine ?

La nature est bien faite. Nos études ont montré que ceux qui déclarent ne pas aimer le café sont ceux qui transforment faiblement sa caféine en paraxanthine; c’est-à-dire qui perçoivent surtout les effets anxiogènes de cette première et insuffisamment les effets anxiolytiques de cette seconde.

Est-ce que quelqu’un qui n’aime pas le café et s’habituerait à en boire pourrait parvenir à métaboliser la caféine en paraxanthine ?

Suite à nos tests effectués sur les souris, nous sommes en mesure d’affirmer que le cytochrome 1A2 est inductible, c’est-à-dire que si on le sollicite, sa quantité augmente. Donc oui, si l’on s’habitue à consommer de la caféine, on peut en tirer peu à peu les bénéfices de la paraxanthine. Il n’est pas nécessaire pour autant de boire forcément du café. Le thé ou les boissons à base de cola produiront les mêmes effets.

Y a-t-il alors un risque d’addiction ?

Le café est une drogue, mais j’ai tendance à dire que c’est une bonne drogue car elle ne provoque pas d’ivresse, ni de distorsion de personnalité. Mais il faut savoir que la caféine a la même signature neurobiologique que toutes les drogues. En effet, la caféine induit une libération du neuromédiateur dopamine, « l’amine du plaisir » dans une petite structure du cerveau (le noyau accumbens).

Cette dépendance peut-elle être dangereuse ?

Dans le cadre d’une consommation classique, le café n’est pas dangereux car la dépendance tant psychique que physique est faible. Il y a bien des moments désagréables comme par exemple la migraine du dimanche matin qui est souvent due au fait que le week-end nous consommons moins de café que le reste de la semaine. Mais les effets négatifs de la dépendance à la caféine ne durent pas.

En outre, en plus des effets bénéfiques de la paraxanthine (pour ceux qui peuvent en profiter), le café est un excellent stimulant intellectuel.

Peut-on donner du café aux adolescents ?

Je recommande beaucoup de prudence, et dans la mesure du possible que la rencontre de la caféine avec les adolescents, et a fortiori les enfants, se fasse le plus tard possible. En effet, des études menées sur des rats laissent apparaître que les sujets adolescents exposés à la caféine ont davantage tendance à être tentés par les drogues stimulantes (ecstasy, amphétamines, cocaïne, cathinones) lorsqu’ils atteignent l’âge adulte. Cela ne concerne donc pas uniquement le café, mais également les boissons à base de cola.

Enfin sachez que la caféine franchit la barrière hémato-placentaire et qu’il est bienvenu de réduire sa consommation de café en période de grossesse afin de ne pas dépasser 2 tasses par jour. Ceci dit, en règle générale, les femmes enceintes ont tendance à délaisser naturellement le café, sa saveur se modifie en le rendant moins attrayant.

 

Pour en savoir plus

Café, thé, chocolat, leurs bienfaits pour le cerveau et pour le corps, Editions Odile Jacob, 2012, par les professeurs J. Costentin et P. Delaveau.

 

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