En 2013, la CASA (contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie) a été versée au Fonds de Solidarité Vieillesse au lieu d’être attribuée à l’aide à l’autonomie.
Un « détournement » à mettre en perspective avec le sous-effectif des soignants et les dérives tarifaires dans les EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) publics.
Du Monde au Dauphiné libéré, nombreux sont les médias qui, le mois dernier, ont publié sur une actualité qui en dit long sur l’action du gouvernement : les 600 millions d’euros détournés de l’aide aux personnes âgées, sous couvert de loi pas encore votée. Ce thème a été repris par l’association Âge village qui titre son édito « La CASA toujours pas réaffectée à 100% pour l’aide à l’autonomie ».
En effet, la CASA, payée par les retraités, devait être attribuée à l’aide à l’autonomie (le service à domicile). Exceptionnellement, elle l’a été au Fonds de Solidarité Vieillesse (FSV). Pourtant, la dépendance et ses implications est un sujet prioritaire depuis plus de 50 ans. En 1962, le rapport Laroque alertait déjà sur le phénomène de la pyramide des âges, un sujet que les gouvernements successifs n’ont pourtant jamais abordé autrement qu’aux travers d’études et de rapports.
En détournant les fonds affectés à la dépendance, le gouvernement ne respecte pas ses engagements initiaux mais surtout il manque de transparence. Devant ce jeu de bonneteau, comme l’a appelé le président de la CNRPA (Comité national des retraités et personnes âgées), Sylvain Denis, les communiqués ont redoublé et les pétitions déferlé.
EHPAD : sous-effectif des soignants et explosion des tarifs d’hébergement
Les conséquences de cette réaffectation sont énormes : ce sont 22 000 emplois qui passent à la trappe, alors même que le sous-effectif des soignants s’aggrave. Pour preuve de ce malaise, leurs associations recueillent de plus en plus d’adhérents (les NBNNNP – ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes – comptent 36 000 inscrits sur les réseaux sociaux) et les grèves dans les hôpitaux et les EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) se multiplient.
Ces conditions ont également un impact important sur les porte-monnaie : depuis 2009, les tarifs des EHPAD, pourtant établissements publics, explosent. Faute de moyens, les ARS (agences régionales de santé) sous-évaluent les besoins en soins des patients. Résultat : les EHPAD, pour ne pas tomber dans une maltraitance institutionnelle, font peser les augmentations de personnel sur les tarifs d’hébergement et le Conseil général valide. En moyenne, on estime ces augmentations à 6% par an. Dans certains EHPAD, elles dépassent les 20%. Pour les familles comme pour les résidents, c’est souvent l’impasse. Les conséquences peuvent être dramatiques quand, faute de pouvoir assumer la part des augmentations tarifaires restant à charge, certains se voient dans l’obligation de reprendre leurs parents chez eux alors que ces derniers souffrent de pathologies incompatibles avec leur logement.
Le tarif d’hébergement devient une variable du tarif soins
Même le rapport de l’IGAS (Inspection générale des Affaires sociales) de 2011 indique, dans son paragraphe 47, que le tarif d’hébergement peut devenir une variable d’ajustement du tarif soins. Autrement dit, le salaire des personnels de santé devrait dépendre du tarif soins (l’Assurance Maladie). Mais, pour pallier l’insuffisance des budgets alloués par les ARS, les EHPAD se voient contraints d’en faire peser le coût sur les tarifs d’hébergement, partiellement payés par les familles.
En novembre 2012, lors d’un entretien avec la FNBAPAEF (Fédération nationale des Associations de personnes âgées et de leurs familles), la ministre de la Santé Marisol Touraine préconisait de bloquer la part restant à charge des tarifs d’hébergement, mais sans indiquer quelles maisons de retraite seraient concernées.
Les constats sont donc là mais rien ne bouge, comme le prouve ce « détournement » d’une aide spécifiquement conçue pour l’autonomie.
Certes, les personnes âgées en perte d’autonomie ne descendent pas dans la rue pour faire savoir leur difficulté. Mais, à coup sûr, leurs voix compteront lors des prochaines élections lorsqu’elles voteront… ou s’abstiendront.
Alain Fournier
Retraité de 67 ans habitant à Romans-sur-Isére, commune située dans la Drôme, qui a été confronté pendant cinq ans aux dérives tarifaires (2009-2013) du tarif hébergement des EHPAD publics des hôpitaux du Nord de la Drôme pour sa belle-mère.
Je suis aide soignante en EHPAD, nous sommes 5 a 6 soignants pour 76 résidents, la prise en soin n'est pas correcte, la charge de travail toujours plus lourde. L'équipe soignante a mal au dos et avale des anti-inflammatoires à la pelle, c'est bien joli de suivre des formations "geste et posture", il faut avoir le temps de le mettre en pratique correctement, les toilettes (parfois 15 pour 1 agent), les sonnettes, les personnes qui déambulent, les aides aux repas, les transferts et autres sollicitations des résidents, c'est la course infernale. Mais que fait le gouvernement ?!
Le rapport de Mme la Députée Iborra Monique est sans appel :Tous les EHPAD est en sous effectif (décembre 2018) depuis RIEN !!!!