Petits ou gros soucis de santé, alimentation, environnement, prévention… Suivez les aventures de la famille Junot (Caroline, Mathieu, et leurs deux enfants, Sébastien et Sidonie) qui se pose les 1001 questions que nous nous posons tous quand il s’agit de notre santé.
Pendant les prochaines semaines, ils vont décortiquer les poisons susceptibles de nous intoxiquer à la maison.
En effet, nos intérieurs sont des sources de pollution sournoises et souvent méconnues que l’on peut pourtant déjouer en partie, dès lors que l’on a les bons réflexes.
Episode 1
Les Junot doivent-ils craindre l’aluminium ?
Un matin comme tous les matins chez la famille Junot…
Le café coule dans la machine à capsules préférée de Caroline, celles dont raffole George Clooney. Puis elle file dans la salle de bain prendre une douche, utilise comme tous les jours un peu de déodorant, une crème hydratante, un peu de maquillage et de vernis à ongles… De retour dans la cuisine, elle prépare le petit-déjeuner de sa tribu et sort de son paquet, une belle brioche idéalement dorée, comme seule la pâtisserie industrielle sait en produire… Bref, la journée vient à peine de commencer et déjà le poison se distille un peu partout… C’est l’hallu !
Caroline a déjà entendu à plusieurs reprises à la radio, à la télévision, que l’aluminium créait la polémique. Mais si c’est autorisé, ce n’est sûrement pas si dangereux ? Certes… Même si notre corps n’en a absolument pas besoin, ingérer ce métal en faible quantité n’est pas vraiment nocif. On en trouve d’ailleurs à l’état naturel dans le thé, le basilic ou les épinards. Mais malheureusement nous en consommons désormais bien plus qu’il n’en faut. Il y en a désormais dans une quantité innombrable de produits alimentaires et cosmétiques, ainsi que dans la plupart des vaccins.
Caroline et Mathieu veulent bien prendre le risque d’ingérer quelques milligrammes d’aluminium pour boire le même café que Clooney, d’autant que les enfants n’en boivent pas. Mais cette histoire d’aluminium dans la brioche les trouble beaucoup plus… L’enquête commence…
Et oui, malheureusement l’aluminium est très largement présent dans l’alimentation industrielle. Il sert de conservateur dans la charcuterie, d’agent levant pour le pain et les viennoiseries industriels, de colorants pour les confiseries… Il est en fait présent dans une dizaine d’additifs alimentaires commençant par la lettre « E ».
Mais on trouve également de l’aluminium, tout simplement dans l’eau du robinet, à des doses plus ou moins importantes selon les régions et le mode de traitement de l’eau. Pire, des études récemment menées, notamment en Grande-Bretagne, par le Professeur Chris Exley de l’Université de Keele, ont révélé la présence d’aluminium dans la plupart des préparations pour laits infantiles.
L’aluminium peut aussi se retrouver dans l’alimentation si vous cuisinez avec des ustensiles en aluminium, qui peut alors migrer vers les aliments, surtout s’ils sont acides (c’est la raison pour laquelle on recommande d’éviter la cuisson du poisson en papillotes avec du citron dans un papier aluminium). Pour être certain de ne courir aucun danger, préférez les ustensiles en acier inoxydable.
Côté cosmétiques, les crèmes anti-transpirantes sont particulièrement décriées, et accusées de provoquer des cancers du sein, surtout si elles sont appliquées sur une peau tout juste rasée… En 2011, un rapport de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM, anciennement Afssaps) concluait qu’ « aucun élément pertinent ne permet […] de considérer l’exposition par voie cutanée à l’aluminium comme présentant un risque cancérigène. ». Cette étude reste toutefois à mettre en regard de celle publiée dans le Journal of Applied of Toxicology en 2012, qui démontre, in vitro, pour la première fois, la toxicité des sels d’aluminium sur les cellules mammaires humaines.
Reste que beaucoup de cosmétiques contiennent de l’aluminium. Du dentifrice, au maquillage, en passant par les colorations capillaires, les après-shampoings et les produits solaires, il faut avoir l’œil vigilant et bien lire les étiquettes pour les éviter. Car si jusque là, la plupart des études ne révèle pas de dangers réels face à l’absorption orale ou cutanée d’aluminium, il n’en demeure pas moins que l’EFSA (European Food Safety Authority) recommande de ne pas en « consommer » plus de 1mg par semaine et par kilo de poids corporel. Dans le même temps, elle estimait en 2008, que la population européenne consommait entre 0,2 et 2,3 mg d’aluminium/semaine/kg de p.c. et que la dose hebdomadaire tolérable était « donc probablement dépassée dans une proportion significative ».
Quelles peuvent alors être les conséquences lorsque l’on dépasse le seuil tolérable ? Si rien ne permet d’incriminer l’aluminium dans le déclenchement des cancers du sein, on le soupçonne en revanche d’être à l’origine de graves troubles neurotoxiques, dont la maladie d’Alzheimer ainsi qu’une pathologie rare, la myofasciite à macrophages dont le rapport de cause à effet avec l’aluminium contenus dans les vaccins est désormais tout à fait établi. Cette maladie provoque de violentes douleurs musculaires, une importante fatigue chronique et des troubles neuro-cognitifs. Elle est dégénérative, et à ce jour, on ne sait pas la traiter.
Verdict ? Désormais Caroline sera plus attentive à l’heure de faire ses courses ! Éviter les produits transformés, et préférer les pains artisanaux, au levain naturel permettraient déjà de réduire très nettement sa consommation d’aluminium. Côté salle de bains, on éradique les formules avec des sels d’aluminium. Pour cela, l’idéal est de privilégier les labels biologiques. En outre de plus en plus de grandes marques (pas seulement les labos bios) ont compris l’intérêt de proposer des déodorants sans sels d’aluminium. Et pour les capsules du beau Georges ? Il faut reconnaître que la dose d’aluminium contenue dans chaque expresso est vraiment minime… sans doute ni plus ni moins toxique que la caféine qui l’accompagne… mais petit à petit, l’aluminium fait son nid !
Malheureusement d’autres métaux se cachent dans notre quotidien et empoisonne peut-être la famille Junot… La semaine prochaine, nous dresserons l’état des lieux des métaux lourds chez les Junot, et cela risque bien de plomber l’ambiance !
Sources :
- Évaluation du risque lié à l’utilisation de l’aluminium dans les produits cosmétiques, rapport d’expertise de l’Afssaps, octobre 2011
- « L’innocuité des sels d’aluminium sur les cellules mammaires contestée », article de la Faculté de médecine de l’Université de Genève, 3 janvier 2012
- « Sécurité de l’aluminium de source alimentaire », avis du groupe scientifique sur les additifs alimentaires, les arômes, les auxiliaires technologiques et les matériaux en contact avec les aliments (AFC), adopté le 22 mai 2008, par European Food Safety Authority
- Bioinorganic Chemistry of Aluminium & Silicon, par le professeur Chris Exley de l’Université de Keele