Dossier PIP – Quizz sur la prise en charge des victimes

Plus de 10 000 femmes victimes des implants défectueux ne s’en sont pas encore débarrassé. Faut-il envisager l’intervention en urgence ? Quelles sont les interventions remboursées ? A quels professionnels s’adresser ? A quoi s’attendre en matière de tarifs ? Nos réponses à 10 questions.

1/ La reprise des prothèses PIP est intégralement remboursée.

Faux

L’explantation des implants PIP et les frais annexes qui y sont associés (échographies, mammographies, analyses, hospitalisation, examens de contrôle postopératoire) sont remboursés sur la base des tarifs de la Sécurité sociale que la prothèse ait été posée à des fins esthétiques ou pour raison médicale. En revanche, son remplacement n’est couvert par la solidarité nationale que dans le second cas.

Attention ces interventions, qu’il s’agisse d’explantation ou de remplacement, sont l’objet de fréquents dépassements d’honoraires dont les montants moyens atteignent plusieurs centaines d’euros. Ces dépassements d’honoraires ne sont jamais pris en charge par la Sécurité sociale mais peuvent l’être en partie ou en totalité par la complémentaire santé (lire notre article consacré à la prise en charge complémentaire). Ils génèrent souvent des dépenses importantes pour les patients.

2/ Mieux vaut s’adresser au chirurgien ayant installé la prothèse.

Vrai

Parce qu’il connaît bien votre situation, parce qu’il vous a déjà opérée et peut-être aussi parce que c’est avec lui que vous serez le plus à l’aise de parler tarif, le chirurgien qui a procédé à la pose de vos implants est a priori votre interlocuteur de première ligne.

Le suivi mené par l’association de défense des porteuses de prothèses PIP (Association PPP) auprès de ses adhérentes montre que sur 285 patientes qui ont récemment subi une ablation de leur prothèse défectueuse, 160 ont confié l’intervention au chirurgien ayant procédé à l’implantation.

Un sondage réalisé par la Société française de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique (SOFCPRE) auprès de 200 praticiens de janvier à avril 2013 montre que sur 7210 explantations de prothèses réalisées durant cette période, 5669 l’avait été par le chirurgien « primo-implanteur ».

3/ Les ruptures ne sont pas plus fréquentes avec les prothèses PIP

Faux

Les études scientifiques montrent que les implants PIP sont l’objet de ruptures plus fréquentes que les prothèses utilisées par ailleurs en chirurgie mammaire. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait recensé à la fin 2013 3656 cas de ruptures d’implants.

Dans 2035 de ces cas, l’ANSM dispose des informations sur la date d’implantation et d’explantation de la prothèse PIP et a ainsi pu déterminer que « les ruptures détectées pour ces implants surviennent en moyenne 6,7 ans » après l’implantation. Voir ci-dessous par ailleurs, le taux observé de rupture selon l’ancienneté de la pose.

Répartition du nombre de femmes ayant subi au moins une rupture en fonction de la durée d’implantation
Répartition du nombre de femmes ayant subi au moins une rupture en fonction de la durée d’implantation. Source : ANSM, Mise à jour du bilan de matériovigilance des prothèses PIP.

4/ Il n’existe pas de Lien entre les implants PIP et la survenue d’un cancer.

Vrai

Les autorités sanitaires ont recensé à la fin de décembre 2013, un total de 74 cas de cancer du sein chez des femmes porteuses de prothèses en gel de silicone PIP. « Ces lésions tumorales sont observées quel que soit le contexte de l’implantation (esthétique ou reconstruction) », indique l’ANSM. Selon les avis formulés par l’INCa et les experts de la Commission Européenne, « les tumeurs déclarées ne sont pas reliées aux particularités des prothèses PIP. »

En dépit de ces assertions, Paulette Pons ne peut s’empêcher d’être sceptique (lire son témoignage ici). Plus difficile à croire en effet quand on est soi-même concernée. Un peu plus de recul serait peut-être nécessaire avant d’affirmer avec tant de certitude l’absence avérée de Lien, avance-t-elle.

5/ Les reprises d’implants sont en général consécutives à un dysfonctionnement

Faux

Dans son récent bilan sur la matériovigilance des prothèses PIP, l’ANSM a recensé 4 560 femmes ayant subi une explantation suite à la détection d’un dysfonctionnement de l’implant et/ou un signe clinique. Les explantations préventives sont plus nombreuses : d’avril 2010 à décembre 2013, l’agence en a enregistré 12 822.

Ces explantations, explique-t-on à l’ANSM, « font suite à un souhait de la patiente de retirer les implants PIP sans qu’un signe clinique ou échographique d’un événement indésirable n’ait été détecté préalablement ».

Pour la SOFCPRE (lire ses recommandations publiées fin 2011), « les patientes ne souhaitant pas envisager de changement de prothèses, doivent s’assurer d’un suivi clinique et échographique tous les 6 mois, avec changement de prothèse en cas de doute ». Dans tous les cas, au moindre signe inquiétant, contactez votre chirurgien.

6/ Les dépassements sont plus élevés en cas de pose d’implant esthétique.

Vrai

C’est en tout cas le constat que dresse l’Association PPP après un suivi mené auprès de ses adhérentes montrant de fortes disparités de tarifs selon les raisons ayant motivé la pose du ou des implants. Sur un peu plus de 200 patientes dont la prothèse a été installée dans un but esthétique, le reste à charge moyen (après remboursement complémentaire) s’élève à plus de 1500 € (frais d’hospitalisation compris).

Ce montant est en revanche plus modéré pour les patientes dont l’implant a été installé après une ablation du sein pour cause de cancer (500 € en moyenne, sur un échantillon de 80 patientes). D’une façon générale, les actes qui peuvent être motivés à la fois pour des raisons esthétiques et médicales (pose d’implants mammaires, donc, mais aussi reconstruction du nez, intervention sur les paupières) sont l’objet de dépassements plus importants dans le premier cas de figure.

7/ Il est aisé de se faire une idée des tarifs pratiqués.

Vrai et faux

Vrai, parce que rien n’est plus aisé que de demander le tarif au chirurgien qui est par ailleurs tenu de fournir un devis avant l’intervention. Vrai aussi parce que sur le site de l’Agence technique de l’information hospitalière (ATIH), il est possible de consulter les tarifs moyens (ainsi que les valeurs extrêmes) pour chaque acte et par département (voir ci-dessous, une extraction régionale de ces données).

Les actes intéressant les femmes porteuses d’une prothèse PIP qui envisagent de s’en débarrasser sont ceux d’« ablation unilatérale » (QEGA001 et QEGA003), d’« ablation bilatérale » (QEGA002 et QEGA004) et de « changement d’implant prothétique mammaire » (QEKA001 et QEKA002).

En dépit de ces informations, il n’existe pas d’outils permettant d’accéder simplement aux données tarifaires par médecin. Sur le site de l’Assurance maladie, on peut consulter les tarifs de consultation et des actes les plus fréquemment pratiqués par chaque chirurgien. On n’y trouve toutefois pas de données concernant spécifiquement les interventions de reprise d’implants et encore moins d’implants PIP.

8/ Les tarifs pratiqués sont identiques d’une région à l’autre

Faux

Les tarifs pratiqués sont très variables selon le lieu d’intervention, notamment en raison de la probabilité qu’un dépassement soit facturé. Il en va de même pour la probabilité qu’un dépassement soit facturé. Le tableau ci-dessous que nous avons extrait de la base de données de l’ATIH rend compte de cette variabilité moyenne par région qui peut aussi se retrouver au sein de chaque région en fonction de l’établissement de santé auquel on s’adresse. L’acte dont il est question (ablation bilatérale d’implant avec capsulectomie) est celui qui a été le plus pratiqué en 2012 parmi les 6 actes de reprise d’implant que les porteuses de prothèses PIP sont susceptibles de subir.

Où l’on voit que l’Île-de-France et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), concentrent la majorité des actes pour un dépassement moyen francilien de 1337 € dans 6 interventions sur 10 là où il n’est « que » de 722 € en PACA pour une fréquence de dépassements de seulement 20 %, un taux parmi les plus faibles en France. Autre cas de figure, celui des chirurgiens alsaciens dont les dépassements sont peu élevés (les plus faibles en France) mais très fréquents (90 % des interventions).

Ablation bilatérale d'implant prothétique : les dépassements par région - Source : site web de l'ATIH
Ablation bilatérale d’implant prothétique : les dépassements par région – Source : site web de l’ATIH

9/Les dépassements dans le public sont moindres que dans le privé.

Vrai et faux

Les dépassements d’honoraires sont beaucoup moins fréquents dans les établissements publics qu’en clinique. Ils sont la plupart du temps le fait des chefs de service ou autres praticiens capés.

Toutes interventions confondues, les dépassements pratiqués dans le public s’élèvent à 100 millions d’euros par an environ contre 700 millions dans le privé.

Sachez toutefois que s’ils sont moins fréquents, les dépassements d’honoraires dans le public peuvent parfois atteindre des montants largement supérieurs à ceux facturés par les praticiens exerçant en clinique.

10/ L’affaire PIP a généré une lourde méfiance vis-à-vis de la chirurgie mammaire

Vrai

La confiance des femmes vis-à-vis de l’intervention d’augmentation mammaire a été lourdement altérée par le scandale PIP. Selon Bruno Alfandari, président du Syndicat national de chirurgie plastique reconstructive et esthétique, le nombre d’interventions était d’environ 50 000 par an (à visée esthétique ou de reconstruction) avant l’affaire PIP. Une activité qui devrait chuter en volume d’environ 30 % estime le chirurgien.

En 2012 et 2013, les actes d’explantation et de réimplantation ont en partie masqué cette diminution qui devrait réellement se faire sentir à partir de cette année. « On voit même maintenant des femmes qui refusent l’intervention de reconstruction après une chirurgie du cancer », indique Bruno Alfandari.

En savoir plus (liens vers les autres articles de notre dossier) :

Logo Santé Info Droits

Partager sur

Copier le lien

Copier