Introduction / Contexte
Comme affirmé par le PNNS 4 et l’IDDRI, l’amélioration de l’offre et des environnements alimentaires est indispensable pour permettre aux ménages d’avoir une alimentation de meilleure qualité nutritionnelle avec de moindres impacts environnementaux. L’alimentation est en effet l’un des premiers facteurs de risque évitable de mauvaise santé. Cancers, maladies cardiovasculaires, diabète, surpoids ou obésité : ces pathologies liées à l’alimentation sont aujourd’hui responsables de 80 % des décès prématurés par maladies non transmissibles et, faute d’action politique, elles pèsent sur les systèmes de santé publique.
Beaucoup d’associations portent déjà des propositions en ce sens, à l’image de l’interdiction de la publicité et du marketing pour les produits trop gras, trop salés et trop sucrés, de la régulation de la composition des produits proposés par les industriels ou encore de l’amélioration de la qualité de l’offre en restauration collective.
Les Français sont également demandeurs de mesures réglementaires à même de créer un cadre protecteur pour leur environnement de vie : dans un sondage sur les Français et les enjeux de santé liés à leur environnement de vie mené par l’institut Toluna Harris Interactive pour France Assos Santé, daté de décembre 2023, il est apparu que les Français étaient en premier lieu préoccupés par l’impact de leur alimentation sur leur santé. Interrogés sur leurs principaux critères de choix en matière de produits alimentaires, c’est pourtant le prix qui demeure le premier critère de choix, suivi ensuite de la composition des produits (présence d’additifs, de colorants…), de leur provenance et de leurs qualités nutritionnelles. Le message est clair : les Français souhaitent des produits sains et durables certes mais aussi que ces produits soient financièrement accessibles.
Le secteur de la grande distribution joue un rôle majeur dans la détermination de l’offre et des environnements alimentaires, en ce qui concerne la qualité des produits disponibles et mis en avant, mais aussi de l’accès économique des produits sains et durables, à travers leurs politiques d’offres promotionnelles et de marge selon les types de produits. Avec leurs pratiques promotionnelles, les distributeurs vont à l’encontre des recommandations de santé publique, des attentes des consommatrices et consommateurs et des enjeux de consommation plus durable.
Dans ce cadre, un collectif de 7 associations (France Assos Santé, le Réseau Action Climat, Foodwatch, la Fédération française des diabétiques, l'UNAF, la CSF et le CNAO) ont jugé indispensable d’agir sur l’offre et l’environnement alimentaires imposés par les distributeurs, à commencer par augmenter les promotions pour les produits sains et durables, pour contribuer à les rendre plus accessibles au plus grand nombre.
Objectifs et Méthodologie
L’étude analyse les promotions alimentaires faites par les 5 principaux supermarchés français, sur une période donnée, et les compare aux recommandations nutritionnelles faites par le Programme National Nutrition Santé (PNNS).
Les promotions annoncées dans les catalogues promotionnels des hypermarchés des cinq principales enseignes de la grande distribution du 28 janvier au 31 mars 2025 ont été relevées puis leur adéquation aux recommandations nutritionnelles du PNNS ont été examinées, selon les étapes suivantes :
1. Recensement des catalogues en ligne
L'étude porte sur les catalogues en ligne des hypermarchés des cinq principales enseignes en France, réparties dans différentes régions entre le 28/01/25 et le 31/02/2025, soit huit catalogues pour chaque enseigne. L’étude porte sur les catalogues hebdomadaires des enseignes. Cela exclut les catalogues thématiques (opérations spéciales, les bons plans du week-end, etc.).
2. Collecte des données : relevé des promotions dans les catalogues
L’étude collecte les promotions des produits alimentaires dont les informations nutritionnelles sont disponibles. Cela exclut les produits transformés vendus en rayons dits « tradition » : charcuterie, traiteur, fromagerie, boulangerie, pâtisserie. Cependant, elle inclut « la marée » et le rayon « boucherie » lorsque ce sont des produits non transformés qui y sont commercialisés.
L’alcool a été exclu du champ de l’étude.
L’étude collecte les promotions selon 2 grands types :
- Réduction de prix sur une quantité choisie : produit avec un prix bas ou produit avec % de réduction à l’unité. Cette catégorie inclut les promotions associées à la carte fidélité de l’enseigne (‘cagnotte’, ‘en avantage carte’).
- Réduction de prix liée à une quantité minimum achetée : ‘Produit offert : 2 + 1 gratuit, 1 acheté 1 réduction sur le 2ème, vente en lots (4 paquets achetés, 5ème gratuit), X% de quantité offerte sur un produit, prix préférentiel pour l’achat d’une quantité minimum importante (caissettes), et autres incitations au volume incluant : Des formules du type format familial, XXL, spécial, gourmand, maxi, etc.
- Ainsi que les quantités suivantes pour ces catégories de produit :
• Les œufs > boîte de 12
• Les yaourts > boîte de 12
• Les fruits et légumes > 1 kg
• La viande et le poisson > 1 kg
3. Catégorisation des produits selon les recommandations nutritionnelles du PNNS
4. Analyse des résultats
Résultats et grands enseignements
Aldi, Auchan, Carrefour, Casino, Coopérative U, E. Leclerc, Intermarché, Lidl et Monoprix
décident de l’offre qu’elles mettent en rayon et à quel prix. Or leurs promotions poussent à la surconsommation de produits mauvais pour la santé et l’environnement.
La majorité des 4 726 promotions proposées par Carrefour, Coopérative U, E. Leclerc, Intermarché et Lidl ne passe pas le crash test « santé » des recommandations du Programme National Nutrition Santé (PNNS) et de Santé publique France. En effet :
• D’après l’enquête, seule 1 promotion sur 10 (12%) porte sur des aliments sains et durables que l’on devrait pouvoir consommer au quotidien, comme les fruits et les légumes.
• Selon les résultats de l’enquête, les 2/3 des promotions (66%) portent sur des produits à réduire, selon les recommandations de santé publique.
• L’écrasante majorité des promotions portant sur des produits dont la consommation est ‘à réduire’ correspond à des aliments ultra-transformés (47%) et de Nutri-Score D ou E (39%). En cumulé, environ 30% des promotions ciblent la charcuterie et la viande rouge et des plats préparés à base de viande rouge ou de charcuterie.
• 3 promotions sur 5 des promotions sont une incitation au volume (type “2+1 offert” ou “lot” ou “% de réduction sur le 2ème produit acheté), contre 2 sur 5 sont une réduction du prix. C’est particulièrement le cas pour les biscuits apéritifs et pour les boissons sucrées.
• 5% des promotions portent sur des produits biologiques. Pourtant, seul le label bio interdit l'utilisation des pesticides chimiques et la majorité des additifs à risque pour la santé humaine.
• Les promotions pour les protéines animales (47%) sont quasiment 6 fois plus nombreuses que les promotions pour les protéines végétales (8 %), alors que la consommation de protéines animales est à réduire.
NB : le total ne fait pas 100% car certains produits sont classés dans une catégorie "autres" car les repères alimentaires officiels ne les considèrent ni comme des produits "à augmenter", ni comme des produits "à réduire". Par exemple, les autorités de santé publique recommandent une consommation "suffisante mais limitée" du poisson et des produits laitiers, respectivement 2 par semaine et 2 par jour.
Le secteur de la grande distribution a pourtant une responsabilité immense : il décide ce qu’il met en rayon et à quel prix, et cela vaut aussi pour les promotions.
• Actuellement, les promotions sur les aliments bons pour la santé et la planète sont rares dans les rayons comparées à celles sur les produits moins sains et moins durables. Autrement dit, la majorité des promotions disponibles ne permet pas d’améliorer notre accès à une alimentation saine, choisie, durable et abordable.
• Les grandes enseignes ne peuvent plus se contenter de beaux discours sur le “bien manger” tout en promouvant massivement des produits à l’opposé de ces engagements. Avoir accès à une bonne alimentation réduit les risques pour la santé de maladies cardiovasculaires, de diabète ou encore d’obésité.
• L’alimentation représente 24% de l’empreinte carbone de la France et est un facteur majeur de la destruction de la biodiversité. Il est irresponsable que les distributeurs continuent à dédier la majorité des promotions aux protéines animales et aux produits ultra-transformés, avec seulement 5% de produits biologiques.
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Résultats de l’étude
Méthodologie
Annexes
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