PLF 2026 : moins de 1 euro par personne pour l’accompagnement des millions de citoyens éloignés du numérique

Le Projet de loi de finances (PLF) pour 2026 vient d’être publié. Et décidément les années se suivent et se ressemblent.

Une fois de plus, l’inclusion numérique y apparaît discrètement, reléguée à une ligne budgétaire cachée… pour mieux y être rognée. Le budget consacré à l’accompagnement des citoyens dans leurs usages numériques passe de 41,8 millions à seulement 14 millions d’euros, soit une baisse de plus de 66%. Le calcul est sans appel : 14 millions d’euros pour 16 millions de personnes éloignées du numérique, cela revient à consacrer – on n’ose dire « investir » – moins de 1€ par personne.

France Assos Santé s’était déjà jointe l’an dernier aux acteurs du secteur pour alerter sur les coupes budgétaires qui visaient les activités de médiation numérique au sein du budget de l’Etat. Si, en 2025, le coup de rabot du secteur avait ainsi été « limité » à une baisse, déjà importante, de 30% du budget dans le projet de loi final, en 2026 c’est une cure d’austérité radicale qui est envisagée.

Selon les acteurs du secteur rassemblés autour de la MedNum, 130 millions d’euros par an seraient nécessaires simplement pour maintenir et pérenniser les dispositifs existants. Le projet de loi des finances 2026 propose en l’état près de dix fois moins, un désengagement dangereux face aux constats quotidiens du secteur associatif.

La défenseure des droits dresse également un constat alarmant de la situation. Dans sa dernière enquête (octobre 2025) sur l’accès aux droits, l’institution pointait une aggravation des difficultés, avec 61% des usagers qui rencontrent des difficultés ponctuelles ou régulières pour réaliser des démarches administratives en ligne, contre 39% en 2016. Une augmentation qui touche désormais toutes les catégories socio-professionnelles et d’âge. Au final, près de 1 usager sur 4 a déjà renoncé à un droit à cause des obstacles rencontrés liés à la dématérialisation des services publics.

Réduire encore les moyens, c’est donc non seulement fragiliser des millions d’usagers, mais également rendre plus difficile l’accès aux droits, à la santé et aux démarches essentielles désormais quasi-exclusivement dématérialisées. C’est aussi casser les efforts et dynamiques d’acteurs locaux et associatifs qui se battent déjà avec des moyens réduits, et faire peser le poids financier de ces activités sur les collectivités locales et territoriales auxquelles il incombe de faire toujours plus avec toujours moins de ressources – pour celles, du moins, qui auront conscience de l’enjeu.

Depuis 2018, l’État a pourtant investi dans des dispositifs structurants (conseillers numériques, hubs territoriaux, outils de médiation, France Numérique Ensemble…) qui ont permis d’accompagner 4 millions de personnes, dont 97% déclarent avoir progressé. Malgré ces résultats, ces politiques volontaristes étaient déjà sous-dimensionnées, comparés aux besoins : 1 personne sur 5 manque de compétences numériques, près des 2/3 de la population expriment des craintes face à l’utilisation d’internet – les jeunes adultes eux-mêmes se déclarent dépassés – et plus de 85% des actifs aimeraient se former. Avec des conséquences directes sur les usagers, comme le souligne la défenseure des droits.

L’inclusion numérique n’est pas un luxe. Face à une politique de dématérialisation inéluctable des services publics et des services de santé, c’est une condition d’égalité, d’autonomie et de dignité. Considérant ce recul, nous continuerons à nous mobiliser aux côtés des acteurs de la médiation numérique pour défendre une politique publique ambitieuse, à la hauteur des besoins de TOUS les usagers.

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