Les pénuries de médicaments augmentent chaque année dans de terrifiantes proportions comme l’indique notre baromètre sur le droit des malades 2023 et n’ont marqué aucune trêve estivale, continuant à frapper sans relâche les personnes malades.
En mars dernier, nous avons dénoncé le chantage à l’augmentation des prix exercé par les industriels ; nous avons également réclamé que soient enfin appliquées les sanctions prévues pour ceux qui persistent à enfreindre la loi.
Ce 29 août, le comité économique des produits de santé a proposé des hausses de prix de certaines présentations d’amoxicilline en échange du respect par les industriels de leurs obligations de stocks et de la garantie de certains niveaux d’approvisionnement pendant la saison hivernale. Ce dispositif fait suite aux intolérables pénuries de ces présentations pendant l’hiver 2022-2023, qui a notamment amené l’ANSM à proposer en urgence des recommandations inédites.
Ces soudaines augmentations de prix – qui de l’aveu même des industriels n’auront aucun impact sur leur prévision de production – sont porteuses de signaux particulièrement inquiétants. Les laboratoires sont donc financièrement incités à respecter leurs obligations d’approvisionnement et de stocks inscrites dans le code de la santé publique.
Régulation ?
Trois laboratoires ont pourtant été sanctionnés par l’ANSM pour non-respect de leurs obligations de stocks d’Amoxycilline ; il est désormais proposé à ces mêmes laboratoires d’être récompensés en échange du respect du code de la santé publique. Par analogie, on pourrait proposer de récompenser les automobilistes qui commettent des infractions routières afin qu’ils respectent le code de la route !
France Assos santé considère que le respect de la réglementation par les différents acteurs constitue une base essentielle pour construire collectivement des réponses efficaces à l’ensemble des pénuries. Nous rappelons également qu’il existe des possibilités d’augmentation des prix pour faire face à des hausses de coûts (argumentées) de production.
Les annonces ministérielles sur de possibles hausses de prix pour les médicaments essentiels en situation de forte pénurie sont particulièrement inquiétantes, pour les malades comme pour les comptes publics, car elles pourraient inciter les laboratoires à accélérer les tensions.
