Lutte contre les inégalités sociales de santé : commençons par un égal accès aux soins pour tous !

Le thème des inégalités sociales de santé a le vent en poupe dans le monde de la santé depuis quelques temps.

 

Plus une conférence, plus un séminaire, plus un plan d’action des nouvelles agences régionales de santé (ARS) qui ne mettent en avant cet aspect de la problématique sanitaire française.Ils ont bien entendu raison. Les inégalités sociales de santé sont indéniablement une réalité qui a trop longtemps été négligée en France. Preuve en est, la loi de santé publique de 2004 ne consacrait que 2 de ses 100 objectifs à la lutte contre ces inégalités.

 

Aujourd’hui, chacun s’entend sur le constat :
–  sept ans d’espérance de vie en moins pour les catégories sociales les moins favorisées,
–  des indicateurs de bonne santé strictement corrélés à la catégorie sociale des personnes.

 

Il n’en reste pas moins qu’il existe un préalable indispensable à une lutte contre les inégalités sociales de santé, un préalable qui relève, lui, dans son entièreté du champ de la santé : l’éradication des inégalités d’accès aux soins. Or, on a l’impression que plus l’on insiste sur la réduction des inégalités sociales de santé, plus on délaisse la question de l’accès aux soins. Plus grave, quelques uns des acteurs prompts à s’émouvoir des inégalités sociales de santé naviguent à contresens en ce qui concerne les inégalités d’accès aux soins.

 

Citons les mesures gouvernementales qui chaque année conduisent à un transfert des prérogatives de l’assurance maladie obligatoire, publique, vers l’assurance maladie complémentaire, privée. L’augmentation du forfait hospitalier et le déremboursement de certains médicaments en sont les exemples les plus récents. Or l’accès à l’assurance maladie complémentaire est bien plus inégalitaire que l’accès à l’assurance maladie obligatoire.

Citons les prises de positions de parlementaires, de médecins voire de parlementaires médecins contre le principe des tests aléatoires permettant de repérer les médecins refusant les soins aux bénéficiaires de la CMU-c ou de l’AME1. Pour justifier leur opposition, ils laissent entendre que ces patients ont des droits mais également des devoirs et que pour que leurs droits s’exercent ils devraient prouver qu’ils respectent leurs devoirs. De notre point de vue, mettre des devoirs en face de droits pour une catégorie de patients est une façon de cruellement accélérer la machine à fabriquer de l’inégalité. Cela laisse en effet entendre qu’il y aurait les “bons” et les “mauvais” patients. Bien entendu, les “bons” sont ceux qui disposent des codes pour se conduire correctement et répondre à l’attente des professionnels et si possible ceux qui leur ressemble socialement car on est toujours mieux entre soi. Quand les critères du mérite sont fixés par les catégories sociales favorisées, les catégories défavorisées sont rarement jugées ‘’méritantes’’ et les inégalités se creusent.

 

Il y aurait bien d’autres exemples à citer pour démontrer la tendance de notre système de soins et de ses acteurs à fabriquer de l’exclusion et de l’inégalité dans l’accès aux soins. Or les difficultés d’accès aux soins ont des conséquences délétères pour toute une partie de la population : des soins retardés, des problèmes de santé négligés qui peuvent entraîner des pathologies parfois très graves et décelées bien trop tardivement.

 

Il s’agit de ne pas oublier d’agir immédiatement pour enrayer cette dynamique de creusement des inégalités d’accès aux soins au moment où l’on enclenche le vaste et transversal chantier de la lutte contre les inégalités sociales de santé sur le long terme.

 

(1) Couverture maladie complémentaire et aide médicale d’état qui permettent aux patients ayant de très faibles revenus et aux étrangers en situation irrégulière d’être pris en charge à 100%. Des patients auxquels les médecins du secteur 2 à honoraires libres sont tenus d’appliquer les tarifs de la sécurité des soins, ce qui conduit certains d’entre eux à leur refuser la consultation.

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