Les centres de santé, plus contemporains que jamais

Les centres de santé, plus contemporains que jamais

 

 

L’histoire des centres de santé remonte aux consultations charitables pour « pauvres malades » instituées au XVIIe siècle, avant que ne se développent, jusqu’à la Seconde guerre mondiale, des dispensaires financés le plus souvent par des legs philanthropiques de grandes familles bourgeoises et gérés par des associations caritatives ou des congrégations religieuses.

 

Vers le milieu du XIXe siècle, le principe de solidarité remplace alors celui de charité et d’autres types de dispensaires marqués par le concept « d’entraide solidaire » verront le jour. Ils seront créés par les organisations ouvrières pour les familles de leurs membres.

 

De nombreux centres de santé seront ainsi créés, principalement dans les zones urbaines, à l’initiative d’associations caritatives ou non, de municipalités, de mutuelles, mus par des préoccupations « humanistes » et « hygiénistes ». Le Front Populaire, puis la Libération, avec l’avènement de la Sécurité Sociale, favoriseront l’émergence de ces structures qui permettent de développer des soins de proximité en support d’une politique locale de santé publique, associant éducation pour la santé et vaccination, dépistage, stratégies d’interventions coordonnées pour les pathologies chroniques…

 

 

Héritiers de cette tradition, les centres de santé sont aujourd’hui devenus des relais importants pour le travail en réseau de nombreux professionnels intervenant dans la prise en charge des personnes malades.

 

A ce titre, les centres de santé offrent de parfaites conditions de laboratoire pour expérimenter des solutions innovantes d’amélioration de l’organisation des soins ambulatoires.

Mais pour que soient soutenues les initiatives de ces structures, conçues pour répondre aux besoins de proximité et de coordination des personnes malades avant tout autre intérêt particulier, des facilités d’ordre administratif pourraient utilement leur être accordées.

 

C’est ce que demande la Fédération nationale des Centre de Santé (FNCS) qui souhaite une révision complète du modèle économique des centres de santé sur lequel repose des coûts élevés pour la gestion du tiers-payant dont bénéficient leurs usagers, au titre de la part remboursable par l’assurance maladie, qui permet très concrètement de faciliter l’accès aux soins pour tous.

 

La FNCS propose notamment que le tiers-payant, comme les missions sociales et l’accompagnement des publics vulnérables soient rémunérés sur le modèle des dotations affectées au financement des Missions d’Intérêt Général et d’Aide à la Contractualisation (MIGAC), actuellement applicable aux établissements sanitaires.

 

Rappelons que les crédits alloués au titre des MIGAC financent des activités qui, par nature, ne se quantifient pas selon la méthode retenue pour la tarification à l’activité, comme par exemple la participation aux missions de service public, les activités de soins dispensés à des populations spécifiques, la participation à la définition et à la mise en œuvre des politiques publiques.

 

Ainsi, selon la FNCS, il sera possible d’envisager réellement le développement des centres de santé, qu’elle définit, à juste titre, comme de « véritables établissements de santé publique ambulatoire, réduisant les inégalités sociales de santé, structurant le territoire national, impliquant l’ensemble des partenaires locaux et apportant une réponse solide et durable à la lutte contre les déserts médicaux [1] ».

 

Des financements globaux, découplés de l’évaluation quantitative de l’activité, pour des missions orientées en direction des usagers les plus fragiles, permettraient en partie de lever les perversités du paiement à l’acte, réputé pour ne pas favoriser particulièrement les bonnes pratiques…

Ces mêmes financements seraient en outre adaptés aux initiatives que certains centres de santé mènent actuellement, comme celui de Gennevilliers qui va s’ouvrir pour 2 ans à une expérimentation de permanence de soins originale, mêlant médecins salariés du centre et libéraux de la ville, jusqu’à minuit.

 

Les centres de santé continuent à traverser l’histoire de notre système de santé, en se réformant au gré des mutations sociales et épidémiologiques. Des puits à idées dont certains offreurs de soins de ville pourraient utilement s’inspirer s’ils renonçaient à défendre prioritairement leurs intérêts individuels et corporatistes…



[1] Communiqué de presse de la FNCS, 20 mars 2013.

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