Le lobby des laboratoires pharmaceutiques qui commercialisent des produits de santé de premier recours disponibles sans ordonnance (NèreS) suggère, dans un communiqué du 6 septembre, d’autoriser l’accès à une centaine de médicaments sans ordonnance, comme c’est le cas pour le paracétamol.
Cette proposition qui englobe des traitements destinés à soulager les maux du quotidien a été reprise 12 jours plus tard par le LEEM, l’organisation professionnelle des entreprises du médicament.
Des économies de plusieurs centaines de millions d’euros sont avancées pour les assurances maladies obligatoires et complémentaires – jusqu’à 377 millions d’économies pour la Sécurité sociale, selon NèreS.
Nous dénonçons ces propositions qui vont à l’encontre du bon sens en termes d’économies, de sécurité, de bon usage et d’écologie.
Une insulte à la bonne intelligence des usagers du système de santé !
Des frais supplémentaires pour les usagers, des profits en plus pour les industriels
- L’accès aux médicaments sans ordonnance provoque de fait le non-remboursement de ces médicaments (assurance maladie obligatoire et complémentaires) ;
- Les personnes malades ne seront pas remboursées pour ces traitements, si elles décident de les obtenir sans ordonnance. A terme, les inégalités se creuseront encore ;
- La proposition des industriels peut également amener à une augmentation de leurs profits : ils ne seront pas incités à déposer une demande de remboursement et, de ce fait, à négocier les tarifs. En effet lorsqu’un laboratoire décide de ne pas faire de demande de remboursement d’un médicament : il peut en fixer librement le prix.
Automédication = Danger
Les médicaments ne sont pas des produits de consommation comme les autres :
- Même dans le cadre d’une affection anodine, prendre un médicament comporte toujours des risques. Les interactions possibles avec d’autres traitements ou d’autres substances sont nombreuses et constituent un réel danger. Certains médicaments sont effectivement déjà en accès direct en pharmacie, mais en nombre très limité et selon des critères choisis par l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) pour garantir la sécurité sanitaire et celle des personnes ;
- Un rendez-vous médical permet tout d’abord de s’assurer qu’un traitement médicamenteux est bien opportun et efficace ;
- Une prescription médicale permet d’engager une nécessaire discussion pour une décision partagée entre la personne malade et son médecin ;
- L’automédication n’est certainement pas la bonne solution pour libérer du temps médical !
Bon usage, écologie ?
Cette proposition va à l’encontre de la mobilisation des pouvoirs publics, de l’ANSM, de l’Assurance maladie, de la Haute Autorité de santé pour favoriser le bon usage, limiter le gâchis de l’argent public, la consommation de médicaments, l’empreinte écologique.
On commence sérieusement à douter de l’engagement des industriels !
Rappelons-nous de la codéine qui, après savoir été en libre accès, a retrouvé en 2017 son statut de médicament à prescription obligatoire et devra même, à compter du 1er décembre prochain, être prescrite sur une ordonnance sécurisée.