C’est parti pour le Défi de janvier, toujours sans le soutien de l’Etat !

Le 1er janvier ne marque pas que l’entrée dans la nouvelle année, avec son cortège de bonnes résolutions, c’est aussi le top départ d’un mouvement collectif désormais bien installé dans l’agenda des Français : le Défi de janvier, soit le Dry january, version tricolore ! Le principe ? Faire une pause dans sa consommation d’alcool, de manière volontaire. Après les fêtes et les éventuels excès qu’elles ont pu entraîner, cette pause permet d’éprouver les bénéfices immédiats qu’on en retire pour son bien-être, mais aussi de réaliser concrètement la place de l’alcool dans notre vie sociale, professionnelle, amicale, amoureuse.

L’étude scientifique JANOVER a montré que 4,5 millions de Français avaient relevé le défi en janvier 2024. Nul doute que le cru 2025 confirmera cette tendance : le défi bénéficie d’ores et déjà d’une vaste couverture médiatique, positive qui plus est ! Le temps où cette campagne de mobilisation collective de prévention pour la santé était taxée d’hygiéniste et de rabat-joie semble bien révolu.

Seule ombre au tableau : l’absence persistante de soutien de cette campagne par les pouvoirs publics, laissant un collectif associatif, auquel France Assos Santé et plusieurs associations de son réseau participent activement, porter (et financer !) seules cette 6e édition. Une demande officielle de financement adressée en avril 2024 au Fonds de Lutte contre les Addictions (FLCA) a ainsi été rejetée, sans explications, alors même qu’un refus se doit d’être motivé, comme c’est la règle pour toute décision administrative.

Cette absence de soutien a fait l’objet d’une tribune de notre collectif, parue ce 2 janvier, sur le site d’EconomieMatin.

« Parce qu’il n’est pas plus acceptable aujourd’hui qu’hier qu’une telle campagne de prévention ne soit pas soutenue par l’Etat, gageons que nous serons encore plus nombreux en 2025 à relever ce Défi de janvier. En cela, nous montrerons que les Français ont pris le parti de la santé publique contre les intérêts économiques. Que le nouveau gouvernement se le tienne pour dit ! »

La tribune

Dry January : Les lobbies de l’alcool au cœur du Défi de Janvier

Comme chaque année depuis six ans, la grande mobilisation sociale pour la prévention de l’alcool aura lieu en janvier. Intitulée Défi de Janvier, cette opération s’inspire du Dry January britannique et regroupe divers acteurs de santé, y compris des associations, des professionnels, des chercheurs, des villes, des mutuelles et des établissements d’enseignement. Cependant, l’État reste absent, refusant de soutenir financièrement cette initiative malgré les demandes de subventions du collectif inter-associatif.

Une demande officielle de financement adressée en avril de cette année au Fonds de Lutte contre les Addictions (FLCA) vient tout juste d’être rejetée sans explication alors même qu’un refus se doit d’être motivé comme c’est la règle pour toute décision administrative. Il est difficile de justifier un tel immobilisme face aux dommages sanitaires et sociaux. Faut-il le rappeler ? L’alcool est encore aujourd’hui la 2ème cause de mortalité évitable, il est impliqué dans 1 féminicide sur 2 et dans 30 % à 40 % des cas de condamnations pour violences.

Malgré l’intérêt démontré sur les plans scientifique et sociétal, les gouvernements qui se succèdent ne sont donc manifestement toujours pas enclins à revenir sur le veto présidentiel exprimé à l’automne 2019 sous la pression du lobby alcoolier, qui a abouti à l’interdiction à Santé publique France de porter une telle campagne. La cellule investigation de Radio France a récemment révélé l’influence et les liens étroits entre la représentation politique et le secteur économique de l’alcool dans une enquête édifiante, qui montre comment le lobby de l’alcool a infiltré le plus haut niveau de l’État.

L’alcool semble en effet bénéficier d’un traitement particulier au sein du gouvernement, à la différence de la cigarette ou du sucre, dont les taxes augmentent régulièrement. L’ancien ministre de la santé, Aurélien Rousseau, a révélé que sa proposition de hausse des taxes sur l’alcool pour le PLFSS 2023 avait été rejetée par Matignon et l’Elysée pour cause de “difficultés économiques du secteur viticole”.

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