Campagne de prévention contre l’abus d’alcool : soutenir le défi de janvier, c’est ça la base !

Il y a deux semaines, un vent d’indignation s’élevait suite à la révélation dans une enquête de Radio France de l’annulation par le Gouvernement de deux campagnes de prévention sur les effets d’une consommation abusive d’alcool sur la santé réalisées par Santé Publique France, supposément sous la pression des lobbys. Coté associations d’usagers du système de santé, nous nous posions la question suivante : le Gouvernement aurait-il décidé de remiser la prévention à la cave ?

Le ministère s’était dédouané de toute pression : le choix aurait été fait de prioriser d’autres campagnes à venir, ciblées sur les jeunes et sur les femmes enceintes. La campagne attendue sur les jeunes est parue la semaine dernière, et le moins que l’on puisse dire est que, loin d’éteindre toute polémique, elle a ravivé l’incompréhension, si ce n’est la colère, d’une grande partie des acteurs associatifs et des addictologues.

Si, comme le ministère l’argumente, opter pour un angle axé sur la réduction des risques afin d’éviter une approche moralisatrice peu efficace pour le public jeune ciblé est entendable, il est néanmoins très clair que certains messages de la campagne « C’est la base » sont pour le moins ambigus et contribuent à banaliser l’idée que la consommation d’alcool est une norme sociale en l’associant systématiquement à un contexte festif. Quel message retenir en effet d’une affiche qui stipule que la base lorsque l’on prévoit de s’alcooliser massivement, c’est de ne pas oublier de boire de l’eau ou de manger ?

« La base », justement, cela aurait été de rappeler les repères de consommation prônés par Santé Publique France : « Pour votre santé, l’alcool c’est maximum deux verres par jour, et pas tous les jours », c’est ça la base. La base, ça aurait été de rappeler que « l’abus d’alcool est dangereux pour la santé ». Or, aucune affiche, aucun spot de cette campagne n’en font mention.

L’abus d’alcool concerne plus de 10 millions de Français si l’on considère la vogue du « binge drinking »  : il est la cause d’accidents domestiques, d’accidents de la circulation impliquant des tiers souvent graves ou mortels, de violences intra-familiales, d’agressions, de suicides, de services d’urgences saturés. L’alcool, c’est, chaque année, 41 000 décès prématurés, trop souvent avant 65 ans chez les buveurs à risque : l’influence de la consommation d’alcool sur le développement de nombreuses maladies (cancers, maladies cardiovasculaires, maladies digestives, maladies du système nerveux, troubles psychiques…) est aujourd’hui largement démontrée. Ces drames, ces maladies, ces décès dus à l’alcool sont évitables, ce qui devrait en faire une priorité en matière de prévention.

C’est pourquoi nous attendons plus qu’une campagne qui porte des messages ambigus. Il est urgent de mener des campagnes de prévention courageuses, ambitieuses et efficaces.

Monsieur le ministre de la Santé et de la PREVENTION, si vous êtes aussi déterminé que vous le dites à lutter contre ce « fléau de santé publique » comme vous l’appelez justement dans vos tweets, engagez-vous dans des campagnes de prévention qui ont fait la preuve de leur efficacité : le Défi de janvier, ou Dry January, vise ainsi à inciter les Français à ne pas consommer d’alcool pendant un mois après les fêtes de fin d’année, afin de leur faire prendre conscience des effets de l’alcool sur leur santé, et de leur consommation. En 2019 le Gouvernement avait fait volte-face et retiré son soutien à la dernière minute au Dry January, nous laissant nous organiser seuls entre acteurs associatifs.

Monsieur le ministre de la Santé et de la Prévention, après ce fiasco, ayez le courage cette année de soutenir le Dry January à nos côtés !

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