Il y a cinq ans exactement, la France se confinait sous la menace du coronavirus (Covid-19). Ce 17 mars, l’Institut Covid-19 Ad Memoriam de l’université Paris Cité organise un colloque public qui tentera de répondre à la question suivante : « Comment construire les mémoires de la pandémie ? » France Assos Santé participera à l’une des tables rondes autour des mobilisations citoyennes.
17 mars 2020, 12 heures : le ministre de l’Intérieur de l’époque, Christophe Castaner, met en place le premier confinement, lié à l’épidémie du coronavirus, bientôt appelé Covid-19, pour enrayer la propagation de l’épidémie. Quelques jours plus tôt, le 11 mars, l’Organisation Mondiale de la santé (OMS) a officiellement déclaré que la maladie à coronavirus peut être qualifiée de pandémie. Ce premier confinement qui sera levé le 11 mai sera suivi de deux autres, au gré des hausses du nombre de cas, particulièrement marquées l’hiver, sous nos latitudes. S’ensuivront l’apparition de variants, puis, le début de la vaccination le 27 décembre 2020, avec priorité donnée aux populations les plus vulnérables.
Quels souvenirs gardons-nous de cette pandémie qui a fait près de 7 millions de morts dans le monde, un peu moins de 169 000 en France ? Les applaudissements nourris en fin de journée pour saluer les « blouses blanches » aux avant-postes sans réelle protection au début de la pandémie, la peur de la contamination, des enterrements sans les familles, l’interdiction de visites dans les Ehpad, les masques faits à la main pour pallier l’absence de stocks de masques médicaux valides, des pompes funèbres débordées, la polémique autour de la vaccination obligatoire, etc.
Tirer les leçons
Cette question est au cœur du colloque organisé ce 17 mars, à l’université Paris Cité, par l’Institut Covid-19 Ad Memoriam fondé en 2020 au sein de l’université et le Pr Jean-François Delfraissy, l’ex-président du Comité scientifique constitué à titre d’urgences sanitaires, pour informer le Président Macron. L’un des objectifs que les organisateurs se sont fixés vise en effet à « définir avec l’ensemble des acteurs concernés (scientifiques, soignants, société civile, etc.) comment faire mémoire de cette pandémie ».
En tant que président de France Assos Santé, Gérard Raymond, participera à la table ronde consacrée aux mobilisations citoyennes, au côté d’associations de patients, dont l’association #ApresJ20, porte-voix des personnes atteintes d’un covid dit long, ou encore de Bruno Spire, directeur de recherche à l’Inserm et ex-président de AIDES.
« Il est important de se souvenir, souligne Gérard Raymond. Cette pandémie a marqué une véritable cassure dans notre modèle démocratique. Il est donc nécessaire d’en tirer des leçons pour que cela ne se reproduise plus, car il y aura d’autres crises sanitaires » Et ce déni de démocratie a été particulièrement vif dans les territoires. « Dans les établissements de santé, notamment, mais ailleurs aussi, les représentants des usagers n’ont plus existé. Il a fallu retisser du lien, et ça a été long », raconte-t-il.
Un réseau force de propositions
Passé le temps de la sidération, consécutive au confinement national, mesure France Assos Santé, avec l’ensemble de son réseau associatif, s’est assez rapidement mobilisé autour de deux priorités. « Il y a eu l’application TousAntiCovid, que l’on a coconstruite et validée avec le ministère de la Santé, la Cnam et le Département du numérique, en remplacement de StopCovid, l’application mise au point par le ministère du Numérique immédiatement après le confinement, mais refusée par tous, se souvient Gérard Raymond. La seconde priorité a concerné la protection des personnes les plus fragiles, dont celles en ALD et immunodéprimées. Et là encore, toutes les mesures qui ont été prises par les autorités de santé l’ont été soit sur la base de nos propositions, soit avec notre accord. Par exemple, on a favorisé le développement du télétravail et, y compris, le téléchargement des arrêts de travail. » Et aujourd’hui, les Teams, Visioconférences, etc., se sont imposés dans notre quotidien professionnel, et même personnel.
Tout n’a pas été parfait, loin s’en faut. Mais s’il y a une conséquence préoccupante de la pandémie à laquelle on se heurte encore aujourd’hui, c’est la défiance des Français à l’égard de la vaccination. « La controverse scientifique est légitime pour faire avancer la santé, développe Gérard Raymond. Mais elle s’est faite sur les plateaux télévisés, ce qui n’a réussi qu’à attiser la peur des usagers de la santé. Résultat, aujourd’hui, ils ne veulent plus se faire vacciner. » Or la vaccination contre le Covid a sauvé des vies, en prévenant les formes graves de la maladie, notamment chez les plus fragiles d’entre nous. Un fait dont on aurait tort de ne pas se souvenir.
Les résultats de l’enquête Vivre-Covid19 attendus cette année
Le 20 mai 2020, France Assos Santé lançait officiellement son étude Vivre-Covid19, une initiative interassociative, en partenariat avec le Health Data Hub et Sanoïa. Après trois ans de recueil, via un questionnaire mensuel, de témoignages des usagers de la santé sur leur expérience face à la pandémie de Covid-19, un dernier questionnaire était envoyé fin mai 2023 aux près de 5 000 participants, clôturant cette première phase de l’étude, dédiée à la collecte des données de santé. Dans la foulée, l’étude entrait dans sa deuxième phase, à savoir l’analyse des informations recueillies, en partenariat avec Santé publique France.
En 2024, l’analyse statistique et épidémiologique des plus de 2,5 millions de données recueillies s’est poursuivie. Les résultats de l’étude donneront lieu en 2025 à des articles pour publication dans une revue scientifique internationale et le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH). Une présentation des résultats auprès de notre réseau sera organisée par les partenaires. Rendez-vous donc dans le courant de l’année pour en savoir plus sur le vécu des usagers de la santé durant la pandémie.
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