Le Sommet mondial sur l’intelligence artificielle (IA) qui s’est tenu à Paris en février 2025 a marqué une étape importante dans l’orientation des politiques publiques en matière d’IA. Si l’innovation technologique a été largement mise en avant, la question de l’impact sur les patients et les soignants a également occupé une place centrale. France Assos Santé, aux côtés d’autres organisations de la société civile, s’est engagée à faire entendre la voix des usagers du système de santé et à porter des exigences fortes pour une IA qui respecte les principes éthiques et la primauté du lien humain.
Transformer l’essai des annonces ministérielles
Lors de l’événement organisé à PariSanté Campus le 11 février, où France Assos Santé était présente, Yannick Neuder ministre de la Santé et de l’Accès aux soins a dévoilé plusieurs mesures phares pour accompagner le déploiement de l’IA en santé en France. Parmi elles, voici celles qui nous ont marqué et qui résonnent avec les propositions faites dans notre Manifeste « L’intelligence artificielle au chevet des malades ? » :
Poursuivre les travaux engagés pour la formation des futurs professionnels de santé et la mise en œuvre d’une stratégie interministérielle pour accélérer l’accès aux données de santé.
Ces initiatives sont dans la continuité de travaux déjà engagés, mais auront-elles les moyens nécessaires pour être à la hauteur des ambitions affichées sur l’IA ? Dans le référentiel de compétence du numérique en santé, l’IA n’est abordée explicitement qu’au sein d’une des 15 compétences listées, pas assez pour en aborder les nombreux enjeux dans les soins – cf Chapitre 1 Manifeste
Créer un outil national de modélisation du système de santé (projet JuNIOr) qui permette de mieux le piloter, au niveau national et dans les territoires, ainsi que d’anticiper et simuler l’impact des évolutions futures de son organisation.
L’analyse des grandes masses de données par des outils d’intelligence artificielle peut permettre d’éclairer l’action publique pour améliorer la santé de tous. A condition de reposer sur une collection de données pertinentes exhaustive et une transparence dans les analyses qui seront utilisées pour définir les politiques publiques de santé – cf Chapitre 4 Manifeste.
Imaginer de nouveaux modes de financement des parcours innovants augmentés par l’IA, à travers des expérimentations type « Article 51 » ou encore l’expérimentation par l’Assurance maladie du dépistage précoce en médecine générale de l’insuffisance cardiaque (ECG augmenté par IA).
Il est essentiel de prendre en compte l’impact des usages de l’IA pour redessiner les parcours de santé. Cependant, quand l’objectif est d’améliorer la qualité des soins ou de faire plus de prévention, le retour sur investissement n’est pas perçu par le professionnel de santé qui utilise l’IA, mais par la collectivité : l’Assurance maladie en premier lieu. Il faut donc être ambitieux et créatifs dans les modes de financements pour assurer un déploiement équitable et positif de ces technologies – Cf chapitre 6 Manifeste.
Dernier volet de notre manifeste : pour des usages centrés sur l’humain
Surtout ce sommet mondial a mis au centre des débats et négociations diplomatiques les enjeux pour une gouvernance mondiale de l’IA. Des réflexions essentielles pour trouver un équilibre entre l’omniprésence des acteurs privés de l’innovation et la vision portée par la société civile pour une IA vertueuse. Un mois après ce sommet, France Assos Santé publie le troisième et dernier volet de son Manifeste « L’intelligence artificielle au chevet des malades ? ». L’occasion de détailler notre perspective et nos propositions pour assurer la place de l’humain dans les usages de l’IA dans les soins à travers une gouvernance nationale à consolider qui repose sur les principes de la démocratie en santé :
- Pour des usages centrés sur des parcours qui donnent plus de place à l’humain
- Pour des usages centrés sur l’augmentation de l’humain, pas son remplacement
- Pour des usages centrés sur le dialogue et l’ouverture, avec la société organisée et les individus
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