C’est à Lille que les acteurs de la santé publique se sont donnés rendez-vous cette année. Institutions et agences publiques, équipes académiques et de recherche, acteurs territoriaux de la prévention et la promotion de la santé, tous sont présents, sans oublier bien entendu la participation d’associations de patients et d’usagers de la santé.
2025 a été placée sous le signe de la santé mentale, faisant de la grande cause nationale l’axe principal de ce congrès « au croisement de la recherche, de l’intervention et de la décision publique », comme l’indique la Société Française de Santé Publique (SFSP), organisatrice de l’événement depuis 30 ans.
Pour autant, d’autres sujets sont au programme, à l’instar de la démocratie en santé qui n’est pas en reste : elle figure même en bonne place dans les thématiques des sessions, ateliers et autres conférences. Les équipes de France Assos Santé se sont tout particulièrement illustrées. Tour de table en 6 moments des interventions et communications affichées de l’association.
Invitée à participer au symposium sur les déterminants commerciaux de la santé pour une meilleure prévention, Stéphanie Pierre, conseillère Santé Publique, a présenté les travaux de l’association notamment en ce qui concerne ses deux actions en justice à l’encontre de la RATP, et des publicités colorées des alcooliers qui s’affichent en 4 mètres par 3, dans les couloirs du métro parisien, et sur lesquelles les messages de prévention obligatoire sont devenus à peine lisibles. Ces actions juridiques à visée de plaidoyer entendent promouvoir une approche préventive systémique pour diminuer l’exposition des usagers, et notamment les enfants, aux produits nocifs pour la santé (alcool, malbouffe, etc.), dans un contexte de responsabilisation croissante des individus sur leurs comportements de santé, faisant peser sur eux le poids des inégalités sociales.
Féreuze Aziza, conseillère nationale Mission Assurance maladie, a présenté les résultats de la grande enquête de France Assos Santé sur les restes à charge invisible (RACI). Si la couverture maladie des patients permet de prendre en charge une partie importante de leurs frais de santé, les personnes malades payent de leur poche les dépassements d’honoraires, franchises, participations forfaitaires, cotisations assurance complémentaire, etc. Au-delà de ces frais plutôt connus s’ajoutent des frais qui échappent au décompte officiel : ce sont ces restes à charge dits « invisibles » (RACI) que l’enquête de 2024 a permis de mettre en lumière. Ils comprennent les médicaments non remboursés, du petit matériel médical, des consultations avec un psychologue ou un diététicien, certains frais de transport sanitaire, etc. Les résultats de cette enquête montrent que les patients ont en moyenne un reste à charge invisible de 1 560€ par an, et plus d’1 sur 2 indiquent avoir dû renoncer au moins à un soin ou produit non remboursé : des données riches pour éclairer les enjeux d’accès financier à la santé, du point de vue des intéressés.
Arthur Dauphin, conseiller Numérique en santé, a partagé la démarche partenariale avec le Health Data Hub (HDH) en vue d’améliorer l’information citoyenne sur les données de santé et leurs usages. Après avoir mesuré le niveau de connaissance des usagers sur ces données et réalisé des initiatives de dialogue et d’écoute citoyenne, divers projets ont été menés par et avec des acteurs de la donnée de santé, en particulier des entrepôts de données de santé hospitaliers qui mettent à disposition les données médicales pour la recherche. Cette dynamique qui s’est poursuivie cette année encore avec l’animation d’un groupe de travail ministériel pour susciter une prise de conscience collective des acteurs et proposer des outils pour faciliter les initiatives en faveur d’une information plus pédagogique et accessible, en associant les usagers notamment.
Louise Guillanton, chargée de mission en Nouvelle Aquitaine, a présenté les travaux conduits par la délégation en collaboration avec le laboratoire de design hospitalier du CHU de Bordeaux sur le design hospitalier comme levier de la démocratie en santé. Approche novatrice, le design hospitalier permet de penser, avec les usagers, les soignants et les associations, l’hôpital comme lieu d’accueil. Il s’agit de prendre en compte le vécu et l’expérience des usagers pour la conception de services de soins. A ce titre, France Assos Santé a animé un atelier de co-design au Centre Hospitalier de Guéret en Creuse à destination des professionnels et des usagers dont l’objectif était de repenser l’accueil des enfants au service des urgences. (Poster à retrouver prochainement sur le site du Congrès)
De son côté, Adelaïde Vincent, chargée de mission en Île-de-France, a partagé un retour d’expérience concernant le déploiement de nouvelles méthodologies pour impliquer les associations d’usagers non spécialisées en santé mentale. Au niveau national comme régional, France Assos Santé a en effet pour mission de fédérer les réseaux associatifs afin de créer des espaces d’échanges et de réflexion collective. C’est ainsi que l’équipe régionale a organisé sa première commission du réseau dédiée à la santé mentale, rassemblant dans une dynamique collaborative et inclusive une cinquantaine de personnes. Une démarche au service d’un objectif régional : créer un groupe de travail interassociatif pérenne afin d’imaginer des actions associatives complémentaires aux dispositifs déjà existants.
Le projet de cahier de coloriage « Mes droits à l’hôpital » a aussi été mis à l’honneur. Cet outil né d’un travail conjoint des délégations régionales Auvergne Rhône-Alpes, Nouvelle Aquitaine et Normandie de France Assos Santé, a été publié à l’occasion de la campagne « Soigne tes droits » 2025, rendez-vous annuel de la promotion des droits des patients et usagers. Le coloriage est un support de sensibilisation ludique des enfants de 5-8 ans destiné à les informer sur la Charte de l’enfant hospitalisé, qui date de 1986. Il s’agit de faire de l’enfant, un acteur de ses droits et donc de sa santé ! Le coloriage est également un support de médiation à disposition des soignants, des parents et des éducateurs, des associations d’usagers pour échanger sur le ressenti des enfants sur leur hospitalisation et les soins. Il offre un espace d’expression libre.
Autant d’initiatives qui témoignent de la richesse des actions de France Assos Santé pour mettre en avant l’expérience des usagers, une approche partagée par l’ensemble des acteurs et participants présents, tous au service d’un engagement commun pour améliorer la santé de tous.

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