« À tous les âges de la vie, ma santé mentale est un droit »

Les semaines d’information sur la santé mentale : du 9 au 22 octobre

Chaque année, un Français sur 5 est touché par un trouble psychique, soit un total de 13 millions de personnes. Répondre à cet enjeu de santé publique exige la mobilisation de tous. Créées en 1990 à l’initiative de l’Association française de Psychiatrie (AFP), les Semaines d’information sur la santé mentale (SISM) sont aujourd’hui coordonnées par un collectif national, composé de 26 partenaires et dont le secrétariat général est assuré par Psycom depuis 2014. Tous les ans, un nouveau thème est proposé afin qu’associations, citoyens, usagers et professionnels se mobilisent et organisent des actions d’information et de réflexion dans toute la France. En 2023, la thématique des SISM est « À tous les âges de la vie, ma santé mentale est un droit ». Ce choix fait écho au rapport sur la santé mentale de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de juin 2022. Celui-ci soulignait que « s’engager en faveur de la santé mentale, c’est investir dans une vie et un avenir meilleur pour tous. La santé mentale est un droit, chacun de nous mérite de s’épanouir. » En affirmant que la santé mentale est un droit, l’OMS souligne qu’elle dépend principalement de facteurs extérieurs à l’individu. Elle nous appelle ainsi à nous interroger, personnellement et collectivement, sur les conditions d’une bonne santé mentale et à faire valoir ce droit.

Il n’y a pas de santé sans santé mentale

La santé mentale est une composante de la santé de chaque individu. C’est un état de bien‑être indispensable pour se sentir en bonne santé. Comme le fait d’être en bonne santé physique, être en bonne santé mentale permet de se sentir bien dans sa peau, de s’épanouir, d’agir, de s’intégrer dans une communauté familiale, amicale, scolaire, professionnelle et de participer à la vie sociale à tous les âges de la vie. Elle ne se définit pas seulement par l’absence de trouble mental ou psychologique.

La santé mentale n’est pas un état figé. Elle est une recherche permanente de l’équilibre psychique, propre à chaque personne, selon ses conditions de vie et les évènements vécus.

Une personne peut ne souffrir d’aucune maladie psychique sans pour autant se sentir en bonne santé mentale. À l’inverse, une personne peut bénéficier d’un bien‑être mental satisfaisant tout en ayant un trouble psychique bien traité. Cela s’appelle le rétablissement, rendu possible par l’accompagnement, le renforcement des ressources et des capacités psychosociales et un environnement favorable.

Tout au long de notre vie, nous sommes à la recherche de cet équilibre entre nos ressources internes et externes et les obstacles, internes et externes, que nous rencontrons. C’est ce qu‘explique Le Cosmos Mental®, un kit pédagogique créé par Psycom, Organisme public d’information sur la santé mentale et de lutte contre la stigmatisation, pour faire de la santé mentale l’affaire de toutes et de tous.

La stigmatisation, une peur à déconstruire

« La notion de mouvement est absolument essentielle car elle est au cœur de la stigmatisation. Tant qu’on pensera que la santé mentale est figée, c’est-à-dire qu’il y a d’un côté les personnes qui vont mal toute leur vie, sans possibilité de rétablissement, et de l’autre côté les personnes qui vont bien, la santé mentale sera toujours un sujet tabou et les personnes concernées par un trouble psychique continueront d’être stigmatisées »

souligne Anne Nomblot, Responsable du secrétariat général du collectif national des SISM assuré par Psycom.

Dans son discours au « Grand rendez-vous Parlons Psy » organisé à Paris en 2019 par la Fondation de France, Aude Caria, Directrice de Psycom indiquait que « la stigmatisation vis‑à‑vis des problèmes de santé mentale est systémique. Elle infiltre l’ensemble de notre société. Elle prend racine dans notre imaginaire collectif alimenté de mythes associant folie, crimes et dangers. Elle est à l’œuvre dans les médias, la littérature, le cinéma. Elle opère dans les mots utilisés pour décrire les symptômes et les soins. »

Affirmer que la santé mentale est un droit vise également à sortir de la sur responsabilisation individuelle.

« On pense encore souvent qu’une bonne santé mentale dépend de forces intérieures, de forces de personnalité. On demande aux personnes d’être fortes, vaillantes. La force est très valorisée dans notre société tandis que la vulnérabilité psychique est pointée du doigt, on la stigmatise et parfois même on la discrimine en cas de troubles psychiques. Pourtant la santé mentale est principalement influencée par les conditions de notre environnement, par des facteurs sociaux extérieurs à l’individu. »

souligne Anne Nomblot.

Les déterminants de la santé mentale

Les déterminants de la santé mentale sont de trois types : individuels, sociaux et environnementaux et ils interagissent en permanence. Au niveau individuel, notre niveau d’éducation, notre genre, notre histoire familiale, notre personnalité, notre patrimoine génétique influent sur notre santé mentale. Au niveau social et environnemental, nos ressources financières, nos conditions de travail, de logement, de sécurité, nos relations sociales, notre accès, possible ou pas, aux soins, notre environnement culturel influent également, de manière positive ou négative, sur notre santé mentale.

Il n’y a pas une seule façon d’agir pour la santé mentale. Le soin (psychiatres, psychologues, médicaments, hospitalisation), nécessaire dans certaines situations, n’est pas le seul levier car la santé mentale dépend des conditions de vie. Les Petits Frères des Pauvres par exemple aident les personnes à retrouver un logement. De plus en plus de villes intègrent la santé mentale et le bien‑être de leurs administrés dans leurs politiques, en développant des espaces verts, des lieux d’écoute et d’échange. Faciliter l’accès à la culture et au sport permet également de lutter contre la stigmatisation, de promouvoir le bien‑être et le rétablissement, tout ende prévenant les troubles psychiques.

Les entreprises ont aussi leur rôle à jouer.

« Certaines entreprises ont décidé par exemple de participer au remboursement des consultations de psychologues en complément des mutuelles. Favoriser la santé mentale en entreprise nécessite de créer un climat d’écoute propice à la parole, de lever le tabou de la santé mentale. C’est le premier pas indispensable vers le mieux-être au travail »

souligne Frank Maistre, Président d’Hupla.

« Au Psycom nous parlons de la mallette du soin et de la mallette du prendre soin. La mallette du soin concerne les professionnels de santé. En revanche, nous avons tous une mallette du prendre soin, qui regroupe nos capacités d’empathie, d’écoute, d’entraide, etc. Autant de compétences relationnelles qu’il est possible de muscler et qui sont essentielles pour prendre soin de la santé mentale de nos proches, nos voisins, nos collègues de travail »

explique Anne Nomblot.

Les événements organisés dans toute la France pendant les SISM sont autant d’occasions de briser les tabous, de lutter contre la stigmatisation et de réfléchir ensemble aux conditions qui favorisent ou au contraire pénalisent la santé mentale, de faire de la santé mentale un enjeu et une responsabilité collective.

La santé mentale des enfants, un défi majeur pour le troisième millénaire

L’enfance est une période charnière durant laquelle se construisent les bases de la santé mentale des individus. Dès novembre 2021, la Défenseure des droits Claire Hedon et son adjoint Défenseur des enfants Eric Delemar dans leur rapport intitulé « Santé mentale des enfants : le droit au bien-être » sonnaient l’alerte sur « les conséquences dramatiques de la crise sanitaire sur la santé mentale des enfants, un traumatisme sans précédent qui a entraîné une explosion des troubles psychiques » et formulaient 29 recommandations.

En juin 2022, ils appelaient dans un communiqué la Première Ministre Élisabeth Borne à prendre la pleine mesure de la gravité de la situation et demandaient au gouvernement de mettre en place de manière urgente un plan d’action pour la santé mentale des enfants et des jeunes.

En juin 2023, Santé publique France a publié les premiers résultats d’Enabee, une étude nationale inédite sur le bien‑être et la santé mentale des enfants de 6 à 11 ans scolarisés en France métropolitaine. Cette étude mesure 3 types de troubles probables : émotionnels, oppositionnels ou de déficit d’attention, avec ou sans hyperactivité (TDAH). Elle montre que 13 % des enfants de 6-11 ans scolarisés du CP au CM2 présentent au moins un trouble probable de santé mentale.

Il est donc urgent de parler de santé mentale avec les enfants afin qu’ils intègrent dès le plus jeune âge la santé mentale comme une composante de leur santé. Pour ce faire, Psycom a développé l’outil Le Jardin du Dedans®.

« Les enfants ont besoin d’explorer la notion de santé mentale dans son entièreté et pas seulement dans une vision idéalisée. Souvent on n’ose pas parler de souffrances ou de difficultés psychiques aux enfants. »

explique Anne Nomblot.

Ainsi, une étude menée par l’Union Nationale des Associations Familiales en juin en 2023 sur la perception par les parents du suivi de la santé de leurs enfants montre que « la thématique de la santé mentale ressort avec une grande acuité pour les parents dès l’âge de 7 ans. Selon eux, de nombreux problèmes de santé mentale ont des répercussions physiques (impact sur le sommeil, l’alimentation…), soulignant ainsi combien la santé physique et la santé mentale sont interconnectées. »

Le volet quantitatif de cette même étude révèle par ailleurs que « Pour les 7‑17 ans, les quatre sujets d’inquiétude que l’on retrouve aux quatre premières places sont le harcèlement, le mal‑être, le stress et les addictions [jeux d’argent et écrans inclus]. Ainsi, tout ce qui a trait à la santé mentale des enfants est globalement le sujet de préoccupation prioritaire des parents. »

« Nous sommes dans un environnement assez anxiogène, les parents souhaitent que leurs enfants et eux-mêmes reçoivent des informations en matière de prévention sur ces différents sujets »

souligne Nicolas Brun, coordonnateur du Pôle Protection sociale/Santé de l’Union nationale des associations familiales (UNAF).

L’étude indique également que 30 % des parents interrogés ont eu besoin de faire appel à des professionnels de santé mentale (psychologues, centres médicaux psycho-pédagogiques, pédopsychiatres) et que parmi eux 42 % ont dû attendre plus de 2 mois un premier rendez‑vous. « L’accessibilité des soins est une grosse difficulté pour les parents et dans les années à venir, du fait des conséquences de la covid-19, les besoins vont être de plus en plus importants. » relève Nicolas Brun.

Lors des Semaines d’informations sur la Santé Mentale, de nombreux événements aux thématiques variées seront consacrés à la santé mentale des enfants dans toute la France. Petite sélection pour les enfants et leurs parents :

Les jeunes et les jeunes adultes

L’adolescence et le passage à l’âge adulte sont des périodes délicates qui nécessitent une attention particulière. La santé mentale des jeunes et des jeunes adultes peut être fragilisée en raison des changements de cette période de vie, au niveau physique, émotionnel et social. Comme expliqué dans l’argumentaire des SISM 2023, « De nombreux questionnements émergent (orientation professionnelle, sexuelle, affective) et de nouvelles responsabilités sont potentiellement à assumer (financières, administratives, parentales). L’entrée dans l’âge adulte est une période essentielle pour repérer des troubles psychiques et leur apporter une réponse adaptée. »

« Confinements successifs, violences physiques ou sexuelles, harcèlement, situation géopolitique incertaine, crise climatique : le contexte est anxiogène et néfaste pour la santé mentale des jeunes et des jeunes adultes. »

souligne Anne Nomblot

Les événements organisés dans le cadre des Semaines d’Informations sur la Santé Mentale des jeunes et des jeunes adultes s’orienteront autour de trois axes : lever le tabou, trouver des ressources et lutter contre la stigmatisation.

Les seniors

« La santé mentale et le bien-être sont aussi importants quand on vieillit qu’à tout autre moment. Bien vieillir psychiquement, c’est pouvoir conserver le maximum de capacité d’adaptation et le meilleur équilibre psychologique jusqu’à la fin de sa vie. »

précise l’argumentaire des SISM 2023.

En vieillissant, on perd progressivement la vue, l’ouïe, la mémoire, la capacité à se déplacer et on commence à dépendre des autres. « Chez les personnes âgées, la perte d’autonomie est un facteur déterminant de la santé mentale. Elle peut entraîner une baisse de l’estime de soi et des troubles dépressifs ou anxieux. » souligne Diane Rouzier, psychologue référente de Solitud’Ecoute aux Petits Frères des Pauvres.

Le deuxième déterminant individuel est la question de notre mortalité et de notre finitude : « Dans la première partie de notre vie, on évite de penser à la mort que l’on considère comme un accident à éviter : je fais attention quand je traverse la rue pour éviter de mourir. Dans la deuxième partie, quand on est à la retraite et qu’on n’est plus dans la suractivité, qu’on commence à enterrer ses contemporains, ses frères et sœurs, ses amis, son conjoint, on sait que le destin nous attend. Il y a une grande souffrance chez ceux qui n’ont plus les personnes qui ont vécu avec eux une certaine époque. C’est un facteur dépressogène énorme pour les personnes âgées. » observe Diane Rouzier.

Mais les facteurs sociologiques sont aussi très importants, notamment les ressources financières : « Aux Petits Frères des Pauvres, les populations dont on s’occupe n’ont pas de moyens financiers et de ce fait se retrouvent exclues de la société. Elles ne sont plus du côté des consommateurs, donc la société ne vient plus les chercher. Cela crée de l’isolement, de la solitude et un sentiment d’inutilité : à quoi je sers dans ma famille, à quoi je sers dans la société puisque je ne travaille plus, que je ne peux plus m’occuper de mes petits-enfants parce que je suis trop fatigué, que je n’ai plus les moyens de les recevoir ? Cela peut entraîner des troubles dépressifs majeurs. »

Les troubles psychiques, en particulier dépressifs, sont parfois les conséquences de situations construites socialement. Les Petits Frères des Pauvres rapportaient en 2021 que le nombre de personnes âgées souffrant de solitude et d’isolement social ne cesse d’augmenter. Ils rappelaient aussi que les seniors doivent combattre les représentations négatives dont ils sont victimes et qu’ils finissent par intégrer, limitant ainsi leur pouvoir d’agir :

« L’âgisme est très insidieux. On ne dit pas « il est trop vieux » mais on pense qu’il vaut mieux parler ou faire à sa place. »

observe Alain Laforêt, membre du bureau de la Fédération nationale des associations de retraités.

Pour lutter contre la stigmatisation des troubles psychiques, sensibiliser le public aux questions de santé mentale, rassembler professionnels et usagers, aider au développement des réseaux de solidarité, de réflexion et de soin en santé mentale et faire connaître les lieux, les moyens et les personnes pouvant apporter un soutien ou une information de proximité, des centaines d’événements sont organisés dans toute la France dans le cadre des Semaines d’Information sur la Santé mentale du 9 au 22 octobre. Nous avons tous une santé mentale à défendre et à protéger, pour nous‑mêmes et pour autrui.

Les actions des délégations en région de France Assos Santé

Mémento « La santé mentale c’est toute la vie » en PACA

Un outil pédagogique utile aux professionnels de santé, afin de prendre en compte, accompagner et orienter au mieux tous les patients qui fréquentent les établissements de santé. Car la santé mentale touche tout le monde à tous les âges de la vie et ne concerne pas que les établissements spécialisés en psychiatrie.

Télécharger le memento sur la santé mentale

Un atelier vidéo dans les Hauts-de-France

Un atelier autour des vidéos « J’ai des droits ! En santé ». Ces vidéos donnent la parole à des majeurs protégés concernant leur accès à l’information, le consentement aux soins, l’accès aux soins sans discrimination, la possibilité de désigner une personne de confiance… Elles ont été réalisées par le Groupe d’entraide mutuelle (GEM) Les chtits bonheurs, le CREAI Hauts-de-France et France Assos Santé Hauts-de-France.

Informations pratiques :  vendredi 13 octobre de 14h30 à 16h30, à la Maison des usagers en santé mentale de Lille (MGEN), 5 rue d’Antin 59000 Lille

Plus d'information sur les vidéos "J'ai des Droits !"

Des affiches en Occitanie

Une série d’affiches sur déstigmatisation des personnes vivant avec un trouble psychique, avec un QR code pour répondre à la question suivante : « et pour vous, c’est quoi la bonne santé mentale ? ».

Télécharger les affiches

Ressources

Études et rapports

Collectif national des SISM :

Association des établissements gérant des secteurs de santé mentale (ADESM) • Advocacy France • Association française de psychiatrie (AFP) • Association des Maires de France (AMF) • Association nationale des psychiatres Présidents ou Vice-présidents des commissions médicales d’établissement des centres hospitaliers (ANPCME-CME) • Association nationale des Maisons des adolescents (ANMDA) • Réseau documentaire en santé mentale (ASCODOCPSY) • Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS) / EPSM Lille-Métropole • Centre national audiovisuel en santé mentale (CNASM) • Ecole des parents et des éducateurs d’Ile-de-France (EPE) • Elus, santé publique et territoires (ESPT) • Fédération française de psychiatrie (FFP) • Fédération nationale des associations liées aux troubles des conduites alimentaires (FNA-TCA) • Fédération des acteurs de la solidarité (ex-FNARS) • Fédération nationale des associations d’usagers en psychiatrie (FNAPSY) • Fédération nationale d’éducation et de promotion de la santé (FNES) • France Dépression • Mutualité Française • Mutuelle générale de l’Éducation nationale (MGEN) • Psycom • Santé Mentale France • Société française de santé publique (SFSP) • Société médicale Balint • Union nationale des associations familiales (UNAF) • Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (UNAFAM) • UNICEF France (UNICEF).

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