Des applis pour manger « santé »

Il y a un peu moins de 2 500 ans, le médecin grec Hippocrate déclarait : « Que ton aliment soit ta seule médecine ».

De nos jours, les contraintes budgétaires de chacun, le mode de vie des citadins toujours pressés et nos addictions au sucre, au sel, au gras et autres exhausteurs de goûts artificiels développés par l’industrie agro-alimentaire nous font parfois perdre de vue le fait que notre alimentation est sans aucun doute notre première médecine. Nous privilégions trop souvent la consommation de produits ultra-transformés à celle de produits frais, provenant de filières courtes, cultivés sans pesticides, qui préservent notamment au mieux les vitamines des fruits et légumes et évitent de générer une pollution supplémentaire dont on sait qu’elle nuit également beaucoup à notre santé.

Remettre l’aliment au cœur de nos bonnes habitudes pour notre santé suppose de changer peu à peu nos modes de consommation qui ont évidemment la vie dure. Heureusement, de plus en plus d’initiatives voient le jour pour nous aider à reprendre le contrôle de nos assiettes.

UN PROGRAMME GRATUIT EN LIGNE POUR « MANGER CITOYEN » ET DONC BEAUCOUP PLUS SAIN !

Parmi ces initiatives, le MOOC (Massive Open Online Course, que l’on peut traduire par « formation en ligne ouverte à tous ») de l’association « Manger Citoyen » commence justement lundi 15 octobre 2018.

Présidée par Christian Regouby, co-auteur avec Alain Ducasse de « Manger est un acte citoyen » qui défend les valeurs d’une gastronomie humaniste, l’association « Manger Citoyen » est en quelque sorte l’émanation grand public du Collège Culinaire de France, lui-même fondé par 15 grands chefs, dont Alain Ducasse et feu Joël Robuchon, pour soutenir, promouvoir et développer la gastronomie et le patrimoine culinaire artisanal français.

L’association promeut la science du bien manger avec ce que cela implique pour la santé de chacun, directement ou indirectement, puisque Manger Citoyen s’engage aussi fortement sur les questions de l’impact environnemental de notre alimentation. Leur credo est qu’à travers la gastronomie qui nous relie tous, de la terre à l’assiette, nous pouvons changer le monde. L’association s’engage contre l’agro-industrie et l’agriculture productiviste afin de préserver la filière artisanale, la diversité, la biodiversité, la transparence des filières, etc.

Dans ce MOOC, seront proposés durant 6 semaines des ateliers didactiques en ligne, 100% gratuits.

Chaque semaine, de nouveaux éléments seront mis en ligne, qui correspondent à environ 20 minutes d’activités hebdomadaires, et suivent 3 grandes thématiques afin d’apprendre à :

  • Mieux acheter,
  • Mieux se nourrir,
  • Mieux partager.

Ainsi que le précise Sabrina Charvet, co-fondatrice de Manger Citoyen : « Le MOOC n’est pas un programme nutritionnel avec des régimes préparés par des diététiciens ou des médecins. En revanche, suivre les conseils du MOOC est très certainement bon pour la santé, puisque la santé, celle des hommes et des femmes et celle de la planète est l’un des principaux fils rouges de notre programme. »

On retrouvera ainsi ce fil rouge autour de la santé un peu partout dans la formation en ligne et tout particulièrement dans la partie « Apprendre à mieux se nourrir », où un premier module invite les participants à réfléchir sur l’idée de manger moins, aborde le problème du surpoids et de l’obésité, soulève la mode des régimes « sans » (gluten, lactose, etc.), et propose d’apprendre à manger en pleine conscience.

Un 2ème module interroge sur l’idée de « manger mieux » avec une position très ferme sur les dangers de l’alimentation agro-industrielle qui est la première cause de mortalité dans les villes. On y montre les risques pour la santé des aliments ultra-transformés, même ceux qui nous semblent anodins comme le pain de mie industriel. On y parle également de l’excès de sucre, de sel, etc.

Enfin, le 3ème module apprend à « manger juste », en commençant par défendre l’intérêt d’inverser les proportions dans son assiette pour arriver à 2/3 de végétal pour 1/3 d’animal. On y parle des bonnes graisses, des modes de culture, du bio, du régime crétois, des bénéfices des légumes secs… En fait l’idée est d’apprendre ou de réapprendre à manger par goût puisque l’industrie agro-alimentaire nous a tellement habitués au sucre et au sel que nous avons perdu le vrai goût, les saveurs des aliments et la façon dont nous pouvons les sublimer grâce aux épices et aux herbes par exemple.

Le MOOC est un programme ludique et très interactif. Le principe est d’apprendre en s’amusant, avec des quizz, comme celui qui propose de deviner quel pourcentage d’herbes appelées « de Provence » sont réellement cultivées en Provence.

Tout au long du MOOC les participants pourront trouver des liens pour commencer à appliquer les conseils directement dans leur quotidien et trouver par exemple près de chez eux les circuits courts d’achats de produits locaux, les lieux de cueillette, etc.

Il y aura également des activités collaboratives avec un forum contextuel. Ce forum servira aux participants à échanger des idées, laisser des commentaires, proposer des suggestions, etc. Des sujets impulsés par les auteurs du MOOC, comme des conseils pour savoir reconnaître un fruit à maturité par exemple, pourront ensuite donner lieu à des interventions de la part des apprenants qui désireraient, à leur tour, partager leurs astuces sur ce même thème.

LES APPLICATIONS QUI SCANNENT LE CONTENU DE NOS ASSIETTES

Nutriscore et la chasse aux additifs avec Yuka

Nous avions déjà parlé de Yuka dans nos colonnes cet été et les Français semblent l’avoir résolument adopté puisqu’en quelques mois, l’application a été téléchargée sur plus de 6 millions de smartphones. Il suffit, grâce à l’appli reliée à l’appareil photo de son téléphone, de scanner le code-barres des produits alimentaires et cosmétiques qui nous intéressent pour connaître leur note sur une échelle qui va de 1 à 100 et qui prend en compte :

  • La qualité nutritionnelle : elle représente 60% de la note et est basée sur la méthode de calcul du Nutriscore ;
  • La présence d’additifs : elle représente 30% de la note et le référentiel se base sur l’état de la science à ce jour sur chacun des additifs ;
  • Enfin, la dimension biologique : elle représente 10% de la note et se base sur la présence du label bio européen.

L’autre intérêt de l’application Yuka est qu’elle propose des alternatives de produits équivalents plus sains lorsque notre choix s’est porté sur un aliment mal noté.

Quelques questions à Julie Chapon, co-fondatrice de Yuka

66 Millions d’Impatients : Certains produits ont des notes très basses sur Yuka, parfois moins de 10/100. Comment considérer ces produits ? Sont-ils simplement inutiles d’un point de vue nutritif ou sont-ils parfois mauvais pour la santé ?
Julie Chapon : Cela dépend des produits. Certains produits sont très mal notés uniquement à cause de leur mauvaise qualité nutritionnelle : ils n’apportent effectivement rien d’un point de vue nutritif. Pour d’autres, la qualité nutritionnelle est moyenne, mais c’est la présence d’additifs controversés qui pose problème.

Faire ses courses avec Yuka et suivre les meilleures recommandations de produits proposées par l’application, est-ce bon pour la santé ?
Faire ses courses avec Yuka est effectivement un 1er pas vers une meilleure alimentation. Maintenant, il faut être conscient qu’une notation dans l’application a forcément des limites et ne saurait retranscrire toute la complexité de la nutrition. Utiliser l’application c’est bien, mais se sensibiliser à la nutrition en parallèle c’est mieux. C’est d’ailleurs ce que nous essayons de faire avec notre blog, qui vient compléter les analyses de l’application : https://yuka.io/blog/

Quelle est la part de promotion de la santé dans le programme nutrition Yuka ?
Le programme nutrition a pour objectif d’adopter des habitudes alimentaires plus saines et donc de sensibiliser aux fondamentaux d’une alimentation saine

Vous attendiez-vous à un tel succès ? Selon vous, est-ce un signe positif marquant une prise de conscience par rapport à l’alimentation et son impact sur notre santé ?
Effectivement, nous venons de dépasser les 6 millions de téléchargements. Pour nous, ce succès est lié au fait que nous répondons à un vrai besoin grandissant de transparence, qui a beaucoup été alimenté par tous les scandales agro-alimentaires de ces dernières années

Pour les plus curieux sur le sujet :

  • L’application FRC ADDITIFS (FRC pour Fédération Romande des Consommateurs) va plus loin encore sur les détails et la potentielle dangerosité des additifs contenus dans nos produits du quotidien.
  • À tester également : l’application Buy or Not (à traduire par « Acheter ou pas ») qui propose le même type de fonctionnalités que Yuka.
  • En savoir plus sur Yuka : https://yuka.io/

Savoir si un produit est adapté à ses restrictions alimentaires avec Kwalito

Vous êtes végétarien, végétalien, vous êtes allergique aux arachides ou aux fruits à coque, vous faites un régime sans gluten, sans lactose, sans porc, êtes enceinte ou voulez tout simplement éviter les additifs ou l’huile de palme ? Avec Kwalito, en scannant un produit sur lequel vous avec un doute, l’application vous indique en un instant si tel ou tel produit correspond ou non à vos besoins. En savoir plus : http://www.kwali.to

Savoir si un produit est ultra-transformé avec Scan Up

Une étude menée par l’INSERM, l’INRA et l’Université Paris XIII sur une cohorte de 104 980 personnes durant 8 ans montre qu’une « augmentation de 10% de la proportion d’aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire s’est révélée être associée à une augmentation de plus de 10% des risques de développer un cancer au global et un cancer du sein en particulier. »

Fort de ce constat, il est tout à fait pertinent de télécharger l’application Scan Up qui, en plus du Nutriscore ou de l’indication de la présence d’additifs, propose de classer également les produits selon leur degré de transformation (produits bio inclus car ils n’échappent pas tous à l’industrialisation) et de pouvoir éviter ainsi les aliments ultra-transformés indéniablement nuisibles à notre santé. En savoir plus : https://scanup.fr/

Petit bémol avec le test « maison » sur quelques produits de grande consommation testés sur Kwalito et Scan Up : il y avait finalement assez peu d’informations disponibles et parfois les produits n’étaient pas référencés mais les concepts sont convaincants… à suivre en attendant que les bases de données augmentent !

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