Une étude publiée récemment montre que l’usage de la cigarette électronique ne semble pas constituer une porte d’entrée vers le tabagisme. Si ses résultats demandent à être confirmés dans le futur, cette étude bat en brèche les arguments exprimés par les détracteurs du dispositif que les fumeurs sont de plus en plus nombreux à adopter.
A l’occasion de la journée mondiale sans tabac qui se tient aujourd’hui, l’Institut de veille sanitaire consacre la dernière mouture de son Bulletin épidémiologique hebdomadaire à la cigarette électronique et à ses usages. A l’appui de cette étude, menée par Marcel Goldberg, chercheur à l’Institut national de santé et de recherche médicale (Inserm), la cohorte Constances formée en 2010 qui regroupe quelque 100 000 personnes affiliées au régime général de la Sécurité sociale.
« Les participants volontaires, peut-on lire dans l’étude, âgés de 18 à 69 ans, sont tirés au sort parmi la population éligible résidant dans 16 départements de France métropolitaine. Ils font l’objet d’un recueil de données très diversifié provenant de plusieurs sources au moment de l’inclusion [dans la cohorte] (examen de santé, questionnaires, informations sur la consommation de soins), ainsi que d’un suivi annuel par auto-questionnaire ».
La « vape » n’amène pas au tabagisme
Les questions sur la cigarette électronique ont été introduites dans ce suivi pour la première fois en 2013. L’étude menée par Marcel Goldberg porte sur l’année 2014. Près de 25 000 personnes y ont participé, soit le quart de la cohorte. Principal enseignement de ce travail de recueil : la cigarette électronique ne semble pas constituer une porte d’entrée vers le tabagisme, puisqu’aucun vapoteur exclusif non-fumeur en 2013 ne l’est devenu en 2014.
Les données recueillies dans le cadre de cette étude montrent que parmi les fumeurs exclusifs de tabac en 2013, plus de 13 % avaient cessé de fumer en 2014 (3,1% sont passés à la cigarette électronique et près de 10 % à un usage mixte). Parmi les ex-fumeurs n’utilisant pas la cigarette électronique en 2013 :
- 3,1% ont rechuté vers le tabagisme,
- 0,6% se sont mis à vapoter de façon exclusive,
- et 0,4% sont passés à un usage mixte.
L’échantillon total d’ex-fumeurs (près de 9 000 personnes dans l’étude) comprend près de 3 % d’utilisateurs de la cigarette électronique. Ils sont plus de 15 % au sein des fumeurs de l’étude.
Des résultats qui restent à confirmer
« Chez les non-fumeurs de 2013, on n’observe pas de changement en 2014 », y compris donc parmi ceux qui vapotent (très peu nombreux dans l’étude, précisons-le).
Ces résultats demandent à être confirmés, indique Marcel Goldberg, cité par Le Monde : « Nous n’avons qu’un an de recul, c’est très peu ». Dans les années qui viennent, le suivi de l’usage de la cigarette électronique sera poursuivi, ce qui permettra de mieux juger de l’efficacité du dispositif pour aider à arrêter de fumer ou pour réduire la consommation de tabac. En France, on estime le nombre de vapoteurs entre 1,2 et 1,5 million.
Rappelons qu’un fumeur sur deux sera victime de son tabagisme. Chaque année en France, 78 000 personnes meurent à cause de la cigarette. Dans ce contexte, nombreux sont les acteurs qui considèrent qu’il est urgent de promouvoir la « vape ». Une étude de l’organisme britannique Public Health England publiée en août 2015 conclut que vapoter diminue les risques pour la santé de 95 % par rapport au fait de fumer. Selon cette étude, l’utilisation de la cigarette électronique dans le cadre d’une démarche de sevrage aide la plupart des fumeurs à se débarrasser de leur addiction. Un pragmatisme tout anglo-saxon auquel les pouvoirs publics français n’ont pas (encore ?) adhéré.