Complémentaire santé : l’auto-assurance en question

Une étude de la Direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques (Drees) montre que les complémentaires santé sont soumises à des charges qu’inévitablement elles répercutent dans leurs montants de cotisations. Ces montants, l’assuré peut être tenté de les économiser en choisissant de ne pas avoir de complémentaire santé, ou de prendre un contrat le plus minimaliste possible… ce qui l’oblige à garantir lui-même les dépenses non couvertes par sa complémentaire et que l’assurance maladie obligatoire ne rembourse pas.

En 2014, les complémentaires santé ont restitué à leurs assurés en moyenne 80 % des cotisations que ces derniers leur ont versées, selon la Direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques (Drees), un service dépendant de plusieurs ministères dont celui de la santé, qui publie aujourd’hui un rapport sur la situation financière de ces organismes assurant une couverture santé et portant sur l’année 2014.

Où donc sont passés les 20% manquant ? « Dans les comptes des organismes d’assurance, explique la Drees, les charges de gestion sont distinguées selon leur finalité » :

  • frais d’acquisition de contrats (publicité, réseau commercial, frais d’ouverture de dossiers) ;
  • frais de gestion des contrats (encaissement des primes, administration du portefeuille) ;
  • frais de gestion des sinistres (traitement des feuilles de soins et des contentieux).

Les contrats collectifs plus rentables pour les assurés

La Drees constate une forte disparité du taux de restitution selon que le contrat souscrit l’est à titre individuel (70%) ou par l’employeur (86%).  Pourquoi ? Parce que les charges de gestion sont plus faibles pour ces derniers contrats expliquent les auteurs de l’étude.

« Les frais d’acquisition sont systématiquement moindres en collectif qu’en individuel : faire de la publicité et vendre des contrats auprès des entreprises est moins coûteux qu’auprès du grand public (nombre d’interlocuteurs réduit), les dossiers sont par ailleurs ouverts en partenariat avec les ressources humaines de ces entreprises et non auprès de chaque individu couvert. De même, les frais d’administration sont un peu plus faibles en collectif qu’en individuel car les primes sont prélevées par les entreprises et reversées globalement aux assureurs ».

Des charges très variables selon les acteurs

De la même manière, en fonction de la nature des acteurs (mutuelles, assureurs privés ou institutions de prévoyance) et de l’organisation de leur circuit de commercialisation, le taux de charge peut varier de façon substantielle. C’est ainsi que les assureurs privés présentent les frais d’acquisition les plus élevés en 2014 (13 % des primes) contre 5 % pour les mutuelles et les institutions de prévoyance. Ce que la Drees explique notamment « par la présence d’intermédiaires, agents d’assurance ou courtiers, rémunérés par des commissions ».

Au total, l’ensemble de ces charges de gestion représente 23 % des primes pour les sociétés d’assurance, 19 % pour les mutuelles et 14 % pour les institutions de prévoyance en 2014. La part des charges de gestion dans les primes a légèrement augmenté depuis 2011, pointe la Drees.

En individuel, la garantie hospitalisation peut suffire

A quoi sert-il de souscrire un contrat complémentaire si on ne revoit jamais la totalité des cotisations versées ? Si vous n’êtes pas salarié et que vous ne pouvez prétendre à la couverture collective de votre conjoint qui le serait, peut se poser la question de savoir s’il ne vaut pas mieux assurer vous-même votre risque santé et celui de votre famille en mettant chaque mois de côté le montant qui vous semble adapté à vos besoins en santé. Cela dépend aussi de votre état de santé et de vos habitudes de recours aux soins.

Avec ce bémol toutefois qu’il reste hasardeux de ne pas couvrir le risque d’hospitalisation dont le reste à charge après remboursement par l’Assurance maladie est susceptible de s’élever à plusieurs centaines d’euros par jour. Les complémentaires santé proposent des garanties spécifiquement dédiées à ce risque qui par nature est difficilement prévisible.

L’auto-assurance nuit gravement à la mutualisation

Second bémol : l’auto-assurance nuit gravement à la mutualisation des risques. Explications : l’activité d’assurance suppose la mise en commun par un groupe de personnes de cotisations qui serviront aux assurés en cas de sinistre. Celui-ci ne paye donc pas pour sa propre consommation mais participe à celle du groupe et en bénéficiera… ou pas.

Ce dispositif permet par exemple à certaines complémentaires santé, de contenir les augmentations de cotisations qui seraient de nature à s’appliquer aux personnes plus âgées présentant souvent un risque santé accru. Comment ? En lissant le montant des cotisations auprès de l’ensemble des assurés. A noter que ce mécanisme de mutualisation opère de façon variable au sein des différentes familles de complémentaires, chacune ayant sa propre culture en la matière.

En décidant de s’extraire de cette dynamique de mutualisation, l’assuré, surtout s’il est jeune et bien portant, participe donc indirectement à renchérir les coûts de l’assurance aux personnes plus âgées et/ou en moins bonne santé. Le choix de s’auto-assurer relève donc d’une réflexion économique individuelle mais comporte aussi une dimension sociale et collective. Il faut le savoir.

Un choix qui se pose dans une moindre mesure aux salariés

Les salariés n’ont pas ce choix puisque depuis le 1er janvier de cette année, ils sont tenus d’adhérer au contrat que leur propose leur employeur. Sauf que, on l’a vu, la gestion d’un contrat collectif est moins coûteuse pour la complémentaire qu’un contrat individuel.

De plus, les cotisations sont réglées à hauteur d’au moins 50% par l’employeur. Dans ce contexte, le fait d’être contraint de financer la dernière campagne de pub de Chavallier et Laspalès devient tout de suite moins douloureux… Rien n’interdit toutefois à un salarié de mettre un peu d’argent de côté tous les mois s’il considère que ses garanties ne couvrent pas suffisamment ses besoins.

LES COMPLÉMENTAIRES SANTÉ DE MOINS EN MOINS NOMBREUSES
De la lecture du rapport on apprend que le marché de l’assurance complémentaire santé compte 573 organismes dont 453 mutuelles, 26 institutions de prévoyance et 94 assureurs privés. Depuis 2004, le nombre d’acteurs présents sur le marché français a été divisé par deux. En 2014, la part des contrats individuels s’élevait à 57% contre 43 % de contrats collectifs souscrits par l’employeur. Selon la Drees, les primes collectées en santé ont augmenté de 1,5 % entre 2013 et 2014. 

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