Des compléments alimentaires à consommer avec modération

Le bilan de « nutrivigilance » présenté hier par l’Anses fait état de nombreux effets indésirables associés, entre autres, à la consommation de compléments alimentaires. Des produits qu’il convient de ne surtout pas prendre à la légère.
Le point.

Depuis 2010, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a recensé 1565 signalements d’effets indésirables consécutifs à la consommation de compléments alimentaires, d’aliments enrichis ou de boissons énergisantes. Ce chiffre a été annoncé hier matin par l’Anses dans le cadre d’une présentation de son bilan de « nutrivigilance » (cette présentation peut être consultée dans son intégralité, ici ; en version infographie ici).

Ce dispositif de surveillance a été confié à l’agence en juillet 2009. Objectif annoncé :
« améliorer la sécurité du consommateur en identifiant rapidement d’éventuels effets indésirables liés à la consommation de compléments alimentaires, mais également d’aliments ou de boissons enrichis en substances à but nutritionnel ou physiologique (vitamines, minéraux, acides aminés, extraits de plantes, etc.), de nouveaux aliments et ingrédients, ou encore de produits destinés à l’alimentation de populations particulières (nourrissons, sportifs, patients souffrant d’intolérance alimentaire, etc.) ».

La plupart des signalements attribuables à des compléments alimentaires

Parmi les signalements portés à la connaissance de l’Anses, 76% sont attribuables à la consommation de compléments alimentaires et 16% à celle de boissons énergisantes. En tout, 282 cas d’effets indésirables liés aux compléments alimentaires ont été jugés « recevables » par les experts de l’Anses. Par « recevables », ces experts entendent les dossiers qui concernent effectivement des produits entrant dans le cadre de la nutrivigilance (et non, par exemple, dans celui de la surveillance des effets indésirables dus aux médicaments) et surtout dont les données sont exploitables.

Parmi ces quelque 300 dossiers, l’imputabilité du produit ingéré a été estimée vraisemblable ou très vraisemblable dans 133 cas : les effets indésirables rapportés sont principalement d’ordre hépatique (19,9% des signalements recevables), gastro-entérologique (18,4%) ou encore allergologique (16%). « Les compléments alimentaires minceurs, précise par ailleurs l’Anses, sont impliqués dans 15 % des cas recevables. Suivent les compléments alimentaires capillaires (11 %) et hypocholestérolémiants (10 %) ».

Un nombre important de Français en consomme quotidiennement

En 2013, le marché des compléments alimentaires a généré un chiffre d’affaires de 1,353 milliard d’euros selon les chiffres du syndicat représentant les fabricants de ces produits. Une étude menée de fin 2005 à 2007 par l’Anses sur la consommation alimentaire des Français, et notamment sur celle des compléments, montre que près d’un adulte sur cinq en consomme au moins une fois dans l’année. « Les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à en prendre ».

Autre enseignement de cette étude : près de deux tiers des compléments alimentaires sont consommés sous forme de cure, aussi bien par les enfants que par les adultes. « La durée annuelle de la prise d’un complément alimentaire est en moyenne de 4 mois et demi », précise l’Anses, ajoutant qu’en parallèle de ces cures, « 23 % des adultes et 12 % des enfants consommateurs de compléments alimentaires en ingèrent quotidiennement ou presque ».

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Quelles recommandations en matière de consommation de compléments ?

Suite aux différents signalements qu’elle a reçus, l’Anses a émis une dizaine d’avis (avis disponibles sur son site en renseignant « nutrivigilance » dans le champs « Comité d’experts ») concernant les boissons énergisantes ou plusieurs substances entrant dans la composition de compléments alimentaires. A titre d’exemple, l’agence retient notamment l’évaluation des risques associés à la prise de compléments contenant de la levure de riz rouge (qui contient des substances proches des statines) ou de de la synéphrine (écorce d’orange amère, déconseillée lors d’une activité physique ou chez les femmes enceintes et allaitantes).
L’agence annonce également travailler à l’évaluation du risque que présentent trois catégories de produits ayant fait l’objet de plusieurs signalements d’effets indésirables dont certains très graves : les compléments alimentaires visant le développement de la masse musculaire ou la diminution de la masse grasse pour les sportifs, les suppléments vitaminés destinés aux femmes enceintes ainsi que les compléments à base de spiruline.
L’Anses rappelle enfin aux consommateurs l’importance de suivre les recommandations suivantes :

  • « Signaler à un professionnel de santé tout effet indésirable survenant suite à la consommation d’un complément alimentaire ;
  • respecter les conditions d’emploi fixées par le fabricant ;
  • éviter des prises prolongées, répétées ou multiples au cours de l’année de compléments alimentaires sans s’entourer des conseils d’un professionnel de santé ;
  • rester très vigilant vis-à-vis des produits mis en avant pour des propriétés miracles et/ou vendus en-dehors des circuits traditionnels, notamment par internet ».
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