NACO

J’ai eu depuis 10 ans des phlébites veineuses de manière récurrente. Fin 2009, une phlébite superficielle se déclenche en Australie. Dès mon retour, des examens sanguins approfondis sont faits en hémato à Cochin et ne révèlent aucune cause de mes accidents circulatoires. En juillet 2010, une thrombose profonde doit être traitée d’urgence et je dois annuler un voyage aux USA prévu de longue date. Depuis, le traitement aux antivitamines K (ou AVK) est maintenu, comme prévention secondaire des thromboses veineuses à répétition, traitement suivi avec succès.

L’angiologue avait évoqué alors l’existence de nouveaux anticoagulants oraux (NACO) qui ne présenteraient pas d’avantage dans mon cas, en dehors de la suppression du contrôle de la coagulation par INR. Je n’ai aucun problème de réglage de mon dosage INR(*) qui est très stable. De plus le contrôle permet de valider l’efficacité du traitement.

En 2013, l’Assurance maladie s’inquiète des surcoûts importants que les NACO entraînent par rapport aux AVK. Le 30 juillet 2014, un éditorial du British Medical Journal (BMJ) pointe l’énorme succès commercial du Dabigatran, NACO dont les ventes annuelles mondiales dépassaient en 2012 le milliard de dollars. Succès que vient tempérer l’annonce de décès à la suite d’accidents hémorragiques, qui ne peuvent être jugulés avec ce traitement, dont la spécificité initiale est des embolies suite à des fibrillations vasculaires au niveau de l’oreillette cardiaque. Le BMJ met en évidence une politique marketing agressive basée sur la suppression des contrôles INR, les Labos faisant ainsi la promotion de cette nouvelle molécule pour tous les patients qui doivent être sous anticoagulant. Cette promotion passe sous silence le risque pour un traitement qui concerne en France de l’ordre de 2 millions de patients et provoque 20 000 hospitalisations par an.

Non seulement le bénéfice par rapport au traitement classique est très faible en dehors de situations très spécifiques, mais le surcoût est considérable. Le traitement AVK me coûte environ 10€ par mois (2,5€ d’AVK et 7,5€ de contrôle INR). Le traitement avec un NACO coûte 80€ par mois, soit 960€ par an. Le seul avantage est d’éviter les petits désagréments du prélèvement. Est-ce acceptable que ce surcoût soit à la charge de la Sécurité Sociale, qui doit en plus couvrir les risques de la prise en charge d’une hémorragie difficile à juguler ?

Daniel Carré

Daniel Carré est vice-président du CISS, en charge du secteur Santé et Vieillissement, délégué national de l’ADMD, membre de la Conférence régionale de la santé et de l’autonomie(CRSA) d’Ile-de-France.

(*) L’INR (International Normalized Ratio) est un des indicateurs de la coagulation sanguine. L’INR permet d’affiner les résultats du taux de prothrombine (qui mesure le temps de coagulation d’un plasma sanguin citraté en présence de thromboplastine calcique) car ce dernier varie en fonction des machines utilisées par les laboratoires. L’INR se distingue du taux de prothombrine car il tient compte de la sensibilité des réactifs. La mesure de l’INR est prescrite à des patients qui ont un traitement anticoagulant par antivitamine K.

 

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