« Les choses ont un prix », dit l’adage.
D’ailleurs à l’hôpital, ça s’appelle la tarification à l’activité. C’est l’idée que par type de pathologie et d’acte, il y a un prix donné et pas des prix variables. Mais c’est loin d’être le cas.
Commençons par le TJP.
De quoi s’agit-il ? Du « tarif journalier de prestations ». Il y en a pour 700 millions d’euros par an. Ce n’est pas une mince affaire.
Et surtout il varie « à la carte » d’un établissement à un autre. Raffinement suprême, il augmente : entre 2006 et 2013, de 44 %. Soit environ 5, 5 % par an. Qui ne rêverait d’une telle augmentation de salaire chaque année ? Le tout avec la complicité des agences régionales de santé qui laissent faire pour éviter de creuser le déficit de l’hôpital. Pas gênées, c’est notre poche qui paie !
Du côté des chambres particulières ?
C’est aussi la machine à cash. Comme 80 % des chambres sont maintenant des chambres particulières, c’est devenu une véritable aubaine pour les hôpitaux. En moyenne 43 euros la journée dans le public, et 67 euros dans le privé, avec des pointes à 100 euros qui sont loin d’être exceptionnelles.
Voyons le forfait hospitalier…
Ici encore, toute occasion est bonne à saisir. Une internaute écrit à 66 millions d’impatients pour se plaindre qu’on lui ait facturer deux fois le forfait pour un séjour de moins de 24 heures. Réponse du directeur de l’hôpital : mais vous avez séjourné entre 21 heures et 1 heure du matin ! On sait compter, ça fait 4 heures, donc un forfait mais pas deux !
Et maintenant le forfait administratif !
Les cliniques Vitalia, un groupe privé, l’a inventé pour nous. 10 euros environ sont prélevés par séjour pour de prétendus services administratifs. En tous cas pour des services que les patients n’ont pas réclamé. C’est une sorte d’impôt privé. Les patients s’en plaignent mais pas le patron de Vitalia. Dans un ouvrage paru en 2012, intitulé « Sauver la santé », il y donne ses recettes. Mais il ne parle pas de sa petite martingale à forfait administratif.
Tondus.
Tels sont les patients. Pour cause d’économies. Mais c’est oublier que nous payons déjà pour le fonctionnement du système de santé : par nos cotisations d’assurance maladie et par nos si chères complémentaires. Pourquoi en redemander ? Et sans facture détaillée qui plus est. Une drôle d’exception française…
Christian Saout
Christian Saout est notamment l’auteur d’un ouvrage publié en décembre 2013 : Santé, citoyens ! Il a un long parcours de militant dans la santé depuis 1993. De 1998 à 2007, il a présidé l’association Aides, première association française de lutte contre le sida. Puis, il a été élu à la présidence du CISS – le Collectif interassociatif sur la santé, qui regroupe toutes les grandes associations de patients et d’usagers de la santé – avant de présider la Conférence nationale de santé.
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