Promos alimentaires : l’enquête qui prouve que les supermarchés bradent notre santé

Le doute n’est plus permis : dans les supermarchés, les promotions censées vous permettre de faire des économies poussent surtout à acheter des aliments mauvais pour la santé. C’est ce que révèle notre enquête qui a passé au crible près de 5 000 promotions. Seule une sur dix porte sur des aliments sains. Carrefour, Coopérative U, E. Leclerc, Intermarché et Lidl, alliés du « bien manger » ? Faux ! Dans un contexte d’opacité sur les prix de notre alimentation, ces pratiques qui poussent à consommer des produits en contradiction totale avec les recommandations de santé publique doivent cesser. C’est pourquoi nous lançons aujourd’hui une pétition ciblant les principaux distributeurs. Nous exigeons que la grande distribution garantisse au moins 50 % de promotions sur des produits de qualité, à des prix accessibles.

Sept associations engagées dans la promotion de la santé, la défense des consommateurs et la préservation de l’environnement ont analysé près de 5 000 promotions alimentaires faites par les principaux supermarchés français en février et mars 2025. Foodwatch France, le Réseau Action Climat, France Assos Santé, la Fédération Française des Diabétiques, la Confédération Syndicale des Familles (La CSF), l’Union nationale des associations familiales (UNAF) et le Collectif National des Associations d’Obèses (CNAO) publient aujourd’hui les résultats de cette enquête dont les conclusions sont alarmantes.

Quelques chiffres clés de l’enquête

Entre les prix réduits, les « 2+1 offert » ou les lots promotionnels, les consommateurs – dont 3 sur 5 se déclarent influencés* par les promos dans leurs décisions d’achat – sont incités à acheter en majorité des produits trop gras, trop sucrés, trop salés et ultra-transformés. C’est très préoccupant pour la santé publique, alors qu’il faudrait précisément limiter la consommation de ces aliments et rendre accessibles les produits bons pour la santé, comme les fruits et légumes, que de plus en plus de Françaises et Français ne peuvent plus se permettre d’acheter.

La majorité des 4 726 promotions proposées par Carrefour, Coopérative U, E. Leclerc, Intermarché et Lidl ne passe pas le crash test « santé » des recommandations du Programme National Nutrition Santé (PNNS) et de Santé publique France. En effet :

  • Seules 12% des promotions portent sur des aliments sains, dont la consommation est à augmenter comme les fruits, les légumes ou les légumineuses, et que les Français ne consomment pas suffisamment ;
  • Deux tiers des promotions (66%) concernent des produits trop gras, trop sucrés, trop salés dont il faudrait limiter la consommation, comme les boissons sucrées, la charcuterie ou les biscuits et gâteaux industriels ;
  • Les 22% des promotions restantes s’appliquent à des produits que les repères alimentaires officiels ne considèrent pas comme des produits dont la consommation est «à augmenter» ou «à réduire».

De trop nombreuses promotions incitent à surconsommer en achetant en grande quantité puisque 40% des promotions proposent d’acheter en lot ou « 2+1 offert » pour des produits à fortement limiter selon les recommandations santé.

Aldi, Auchan, Carrefour, Casino, Coopérative U, E. Leclerc, Intermarché, Lidl et Monoprix décident de l’offre qu’elles mettent en rayon et à quel prix. Or leurs promotions poussent à la surconsommation de produits mauvais pour la santé et l’environnement.

C’est inacceptable : les supermarchés devraient proposer au moins 50% de promotions sur ces produits sains et durables que nombre de consommateurs ne peuvent plus se permettre d’acheter.

Les associations exigent des enseignes qu’elles augmentent à 50% minimum la part de promotions pour des produits que le Programme National Nutrition Santé recommande de consommer davantage – fruits et légumes, légumes secs, fruits à coque non-salés, céréales complètes, huiles de colza, de noix et d’olive – ainsi que la part des produits biologiques (hors ultra-transformation) pour que ces derniers représentent au moins 10% de l’ensemble des produits en promotion.

Détails des résultats et méthodologie de l’enquête

Ensemble, nous pouvons agir !

Après avoir donné l’alerte et mis en lumière les pratiques promotionnelles aberrantes des supermarchés, les 7 associations lancent une pétition pour interpeller les distributeurs.

L’objectif ? Permettre aux citoyennes et citoyens d’agir directement pour obtenir plus de promotions sur les produits sains et durables. Aldi, Auchan, Carrefour, Casino, Coopérative U, E. Leclerc, Intermarché, Lidl et Monoprix ne peuvent pas ignorer cette demande des consommatrices et consommateurs.

Concrètement, avec cette pétition, les associations exigent que les distributeurs augmentent à 50% minimum la part de promotions pour des produits que le Programme National Nutrition Santé recommande de consommer davantage et consacrent au moins 10% de l’ensemble des promotions à des produits biologiques peu ou pas transformés.

Les associations sont convaincues du pouvoir de la mobilisation citoyenne pour faire changer les pratiques abusives du secteur agroalimentaire et, à chaque alerte lancée, peuvent compter sur des dizaines de milliers de personnes pour relayer et soutenir leurs campagnes.

Télécharger le dossier de presse

Pourquoi les associations s’engagent ?

« Obésité, cancers, diabète, maladies cardio-vasculaires, ostéoporose… Autant de pathologies chroniques liées à une consommation accrue de produits défavorables ou nocifs à la santé, devenues causes majeures de décès prématurés. Au-delà du drame humain, cette épidémie industrielle pèse lourdement sur notre système de santé, qui consacre l’essentiel de ses ressources à combattre des maladies que la société génère elle-même. Pourtant, l’essentiel de ces maux est évitable. Nous avons tenu à nous engager dans cette campagne afin d’intégrer la question des promotions faites par les enseignes, aujourd’hui angle mort des politiques de prévention, dans notre plaidoyer pour un environnement alimentaire qui soit réellement favorable à la santé de nos concitoyennes et concitoyens.
Laisser les produits les moins sains envahir le marché, être les moins chers et les plus mis en avant via les pratiques promotionnelles des grandes enseignes qui incitent les consommateurs à les choisir et à les sur-consommer, c’est compromettre notre santé collective. »

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Stéphanie Pierre Chargée de plaidoyer chez France Assos Santé

« Face à l’épidémie mondiale de l’obésité qui ne cesse de croître, notamment chez les plus jeunes, le CNAO aux côtés d’autres associations se mobilise à travers cette campagne sur l’orientation des politiques commerciales. Nous, associations, nous mobilisons chaque jour depuis des années pour lutter contre l‘épidémie de surpoids et d’obésité. En s’engageant dans cette campagne, nous souhaitons sensibiliser la population à la problématique des offres promotionnelles pour des produits gras, sucrés, salés et faire en sorte que les distributeurs fassent des promotions sur les produits plus sains pour la santé. Tout l’enjeu est de permettre à la population de faire des choix éclairés pour leur santé et leur bien-être, libres de toute influence. »

Anne sophie Joly
Anne-Sophie Joly Présidente du CNAO (Collectif National des Associations d’Obèses)

« Face à l’épidémie mondiale de l’obésité qui ne cesse de croître, notamment chez les plus jeunes, le CNAO aux côtés d’autres associations se mobilise à travers cette campagne sur l’orientation des politiques commerciales. Nous, associations, nous mobilisons chaque jour depuis des années pour lutter contre l‘épidémie de surpoids et d’obésité. En s’engageant dans cette campagne, nous souhaitons sensibiliser la population à la problématique des offres promotionnelles pour des produits gras, sucrés, salés et faire en sorte que les distributeurs fassent des promotions sur les produits plus sains pour la santé. Tout l’enjeu est de permettre à la population de faire des choix éclairés pour leur santé et leur bien-être, libres de toute influence. »

antoine tirot
Antoine Tirot Responsable secteur Consommation/Economie/Environnement à la CSF (Confédération Syndicale des Familles)

« L’Unaf est membre du Conseil national de l’alimentation (CNA) pour défendre les intérêts des familles dans les politiques publiques liées à l’alimentation. Parce que l’alimentation est un déterminant majeur de santé, l’Unaf milite pour que toutes les familles puissent accéder à des produits sains, accessibles et durables. C’est dans ce cadre que l’Unaf s’engage dans cette campagne pour exiger plus de produits alimentaires sains dans les promotions et permettre aux familles de se nourrir correctement, quel que soit leur budget. »

ADM-MJ-BALDUCCHI
Marie-Josée Balducchi Administratrice de l’UNAF, Présidente du département Habitat – Cadre de vie – Transition écologique et énergétique

« Face à la montée des maladies chroniques, nous nous battons pour que tout un chacun ait accès à une alimentation saine, durable et financièrement accessible. En s’engageant dans cette campagne aux côtés d’associations de défense de l’environnement, de consommateurs et d’usagers du système de santé, nous faisons front commun pour dénoncer des politiques commerciales qui vont à l’encontre d’un environnement alimentaire favorable à la santé. Nous œuvrons ainsi pour que les citoyens et citoyennes soient maîtres de leurs choix et que ces derniers ne soient pas influencés par le marketing des grandes surfaces ou de l’industrie agro-alimentaire. Les promotions sont au cœur de ce système, il nous a semblé fondamental de pouvoir nous mobiliser pour faire changer les choses et permettre aux consommateurs et consommatrices de bénéficier aussi de promotions sur des produits sains et durables. »

Jackie Vollet
Jacky Vollet Président de la Fédération Française des Diabétiques

« Foodwatch milite pour dénoncer les dérives de notre système alimentaire et défendre le droit de toutes et tous à une alimentation saine, durable, choisie et abordable. À un bout de la chaîne, un agriculteur ou une agricultrice sur cinq vit sous le seuil de pauvreté en France. À l’autre bout, près d’1 personne sur 3 déclare devoir sauter un repas par manque d’argent et des millions de personnes sont confrontées à la précarité alimentaire. Entre les deux : des géants de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution font la pluie et le beau temps sur l’offre alimentaire et l’envolée des prix, en toute impunité. Au final, les coûts – de santé, sociaux, environnementaux – de ce système qui ne profite qu’à quelques-uns sont exorbitants. Dans le contexte d’opacité des prix alimentaires, et de mainmise des géants de l’agroalimentaire - distributeurs et industriels - sur nos assiettes et ce que nous pouvons acheter et consommer, il est urgent d’agir sur l’offre et l’environnement alimentaires. Ça peut commencer par plus de promotions sur des produits sains et durables, pour contribuer à les rendre plus accessibles au plus grand nombre, une mesure qui devrait impérativement être associée à de la transparence sur les marges de la production à la caisse des supermarchés et une modération des marges sur les produits sains et durables, un meilleur encadrement des négociations commerciales et des mesures ambitieuses de soutien financier aux ménages pour améliorer leur accès à une alimentation saine, durable, abordable et choisie. »

AUDREY Morice
Audrey Morice Chargée de campagne chez foodwatch France

« Le Réseau Action Climat défend la transition vers une alimentation à la fois saine, durable accessible à toutes et tous. Or, aujourd’hui, la grande distribution encourage à la surconsommation de produits trop gras, sucrés et salés, de viande industrielle et de produits ultra-transformés. Il est indispensable que les distributeurs changent leurs pratiques pour aider leurs clients à consommer davantage de produits indispensables pour être en bonne santé, comme les fruits et les légumes, les légumineuses et les fruits à coque. Pour cela, les enseignes doivent améliorer la qualité des produits en rayon, et mettre en avant et proposer des promotions pour des produits bons pour la santé et pour l’environnement, tout en garantissant une meilleure rémunération à leurs fournisseurs, au premier rang desquels les agriculteurs et les agricultrices. »

Photo Benoit Granier HD
Benoit Granier Responsable alimentation chez Réseau Action Climat

FAQ

Qu’est-ce qu’un produit sain selon les recommandations de santé publique, et à quoi correspondent les produits “à augmenter”, “à réduire” et “autres”, sur lesquels se base l’enquête ?

Par produits sains, on entend les aliments dont le PNNS 4 recommande d’augmenter la consommation sans fixer de quantité maximum à ne pas dépasser.
Selon les recommandations du PNNS 4, les aliments sont classés en trois catégories pour guider les choix alimentaires.

1/ Les produits à augmenter sont ceux à privilégier pour leurs bénéfices nutritionnels : fruits et légumes frais/surgelés/ou en conserve, légumineuses, fruits à coque non salés, céréales complètes, certaines huiles végétales (colza, noix, olive) et les produits biologiques.

2/ Les produits à réduire sont ceux dont une consommation excessive peut nuire à la santé : aliments riches en sel, sucre, gras, ultra-transformés, viande rouge, charcuterie et produits Nutri-Score D ou E.

3/ La catégorie « autres » concerne les aliments ne faisant pas l’objet d’une recommandation particulière (œufs, pommes de terre, etc.) et les produits dont la consommation est recommandée mais de façon modérée (produits laitiers : 2 portions par jour, poissons : 2 portions par semaine.

Par ailleurs, si les recommandations du Programme National Nutrition Santé ou PNNS 4 ont été élaborées en prenant en compte les enjeux de nutrition et de santé humaine, elles présentent une cohérence avec les régimes alimentaires durables identifiés dans la littérature scientifique.

Pourquoi les produits laitiers et le poisson ne sont-ils inclus ni dans la catégorie des produits “à augmenter”, ni dans la catégorie “à réduire” dans l’enquête ?

Faute de repères chiffrés plus précis ou de consensus scientifique sur leur consommation, certains aliments ne sont ni recommandés comme étant “à augmenter” ou “à réduire” par le PNNS 4. Notre enquête les classe dans une catégorie dite « autres ». C’est le cas par exemple des produits laitiers (recommandés à raison de 2 par jour) et du poisson (2 fois par semaine), pour lesquels les autorités de santé publique préconisent une consommation « suffisante mais limitée ». 

Les recommandations de santé publique encouragent la consommation de fruits et légumes : quid des pesticides ?

Les pesticides et les résidus de pesticides dans notre alimentation sont autant un enjeu de préservation environnementale qu’une question de santé publique. Aujourd’hui, seul le label bio interdit l’utilisation des pesticides chimiques dans la production de notre alimentation. Les recommandations de santé publique précisent que manger des fruits et des légumes est un critère prioritaire de consommation : c’est pour cela qu’ils doivent être rendus accessibles à toutes et tous. Si les fruits et légumes sont bio, c’est encore mieux  ; c’est la raison pour laquelle les associations portent une demande spécifique sur les promotions pour les produits sains biologiques. En parallèle de cette campagne, de nombreuses organisations, dont Foodwatch et le Réseau Action Climat, luttent pour réduire ou interdire les pesticides. 

Comment la recommandation chiffrée sur les promotions a-t-elle été établie ?

Aujourd’hui dans les supermarchés, les ⅔ des promotions alimentaires portent sur des produits dont la consommation est à réduire. Les associations demandent que la tendance s’inverse et que la majorité – c’est-à-dire au moins la moitié – des promotions portent sur des produits sains et durables, suivant les recommandations de santé publique. Le pourcentage de promotions demandées sur la part de produits biologiques a été discuté avec des acteurs de la bio, le chiffre proposé suit leur recommandation. Proposer une offre alimentaire saine, choisie, durable et abordable est de la responsabilité des distributeurs ; proposer des promotions sur des produits sains et durables est le minimum que les enseignes puissent faire. 

Pourquoi la pétition interpelle-t-elle l’ensemble des distributeurs, quand l’enquête ne les concerne pas tous ?

L’enquête menée par les 7 associations analyse les pratiques promotionnelles des 5 principaux distributeurs français en parts de marché, considérant que celles-ci reflètent globalement les pratiques du secteur, raison pour laquelle la pétition lancée par les associations interpelle l’ensemble des distributeurs. Proposer une offre alimentaire saine, choisie, durable et abordable est de la responsabilité des distributeurs; proposer des promotions sur des produits sains et durables est le minimum que les enseignes puissent faire ; or, à l’heure actuelle, aucune ne fait majoritairement de promotions sur les produits sains et durables. 

Avec cette campagne, essayez-vous d’influencer la façon dont les Françaises et Français se nourrissent ? D’influencer leurs choix ?

Nous portons auprès des distributeurs les attentes des Françaises et Français, qui sont près de 90% à vouloir que les promos concernent en majorité des aliments sains ! Ce que nous voulons influencer, c’est l’offre et l’environnement alimentaire délétère imposés par les distributeurs et les industriels de l’agroalimentaire, afin de permettre à toutes et tous d’avoir accès à une alimentation saine, choisie, durable et abordable. Par la pression marketing, les pratiques promotionnelles, le placement des produits en rayon, c’est cette même offre alimentaire qui tente d’influencer les choix des consommatrices et consommateurs, au détriment de leur santé, et sur laquelle nous cherchons à agir. Nous militons pour que chaque consommatrice et consommateur puisse faire des choix alimentaires conscients, justes et dignes. 

Quel est le problème avec les promotions aujourd’hui, sur le plan de la santé et de l’environnement ?

Les promotions sont problématiques car elles sont en contradiction avec les recommandations nutritionnelles de santé, qui préconisent de réduire la consommation de produits gras, sucrés et salés, de viande et charcuterie et d’aliments ultra-transformés, et de consommer davantage d’aliments végétaux de bonne qualité nutritionnelle. Les distributeurs décident donc d’inciter leurs clientes et clients à acheter et consommer davantage de produits mauvais pour leur santé et pour l’environnement, plutôt que de les encourager à consommer des produits meilleurs pour leur santé et l’environnement.

Les distributeurs encouragent non seulement les achats impulsifs de produits généralement de mauvaise qualité nutritionnelle, mais ils incitent aussi, par leurs promotions en volume (“2 achetés, 1 offert”, “le 2ème à -50%”, etc.), à acheter  beaucoup plus de produits que ce dont ils ont besoin. Ces promotions incitent non seulement à la surconsommation, mais elles sont aussi des facteurs de gaspillage alimentaire, et vont également augmenter les dépenses des ménages sur les produits en promotion, et limiter leur pouvoir d’achat pour des produits sains.

Quel est le problème avec les promotions aujourd’hui sur le plan de la juste rémunération des producteurs ?

Sur certaines catégories de produits, les promotions sont des facteurs non seulement de dégradation écologique et sanitaire, mais aussi de destruction de valeur économique : 

  • Les éleveurs de cochons et les producteurs de viande s’insurgent régulièrement contre les promotions des distributeurs sur les pièces de porc parfois vendues à moins de 2 €/kg, dénonçant “une destruction de valeur et une dévalorisation de l’image de la production porcine”
  • Sur d’autres catégories de produit comme les produits d’épicerie, il est fréquent que le distributeur réclame à ses fournisseurs des avantages commerciaux et des contreparties financières en échange de services de mise en avant du produit (en catalogue ou en tête de gondole par exemple), qui correspondent aux fameuses “marges arrière” qui contribuent à la rentabilité de la grande distribution. Les distributeurs exigent parfois des contreparties de façon abusive, sans nécessairement d’ailleurs honorer les services qu’ils ont forcé leur fournisseur à leur acheter (comme par exemple la sortie du produit en promotion du “fond de rayon” pour être exposé en tête de gondole).

Comment les promotions sont-elles aujourd’hui encadrées par la réglementation en France ?

Les promotions pour les produits alimentaires sont encadrées par les lois EGalim qui se sont succédées depuis 2018. Ces promotions font l’objet d’une limitation à la fois en valeur et en volume. Concernant leur limitation en valeur, la DGCCRF résume “les avantages promotionnels, le cas échéant cumulés, pour un produit déterminé, ne peuvent pas être supérieurs à 34% du prix de vente au consommateur ou à une augmentation de la quantité vendue équivalente”. Autrement dit, les promotions de type “1 acheté, 1 offert” ou “50% de réduction” ne sont pas autorisées, alors que les promotions de type “2 achetés, 1 offert” ou “30% de réduction” sont autorisées.

Concernant leur limitation en volume, les promotions doivent porter sur une quantité de produits ne représentant pas plus de 25 % du volume ou du chiffre d’affaires annuel représenté par un produit donné. Autrement dit, la loi interdit aux distributeurs que plus de 25% de leurs ventes d’un même produit (un paquet de biscuits A de la marque B ou une bouteille de soda C de la marque D) soient vendus en promotion.

En revanche, les distributeurs n’ont aucune contrainte concernant le choix des produits en promotion : c’est aussi la raison pour laquelle nous dénonçons ces pratiques promotionnelles. Proposer une offre alimentaire saine, choisie, durable et abordable est de la responsabilité des distributeurs ; proposer des promotions sur des produits sains et durables est le minimum que les enseignes puissent faire. Le gouvernement pourrait agir et utiliser le levier réglementaire pour obliger les industriels à consacrer une part de leurs promotions à des produits bons pour la santé et l’environnement. 

A noter que les promotions pour des produits périssables menacés d’altération rapide, comme les produits à date limite de consommation courte, ne sont pas concernés par ces limitations.

Qu’est-ce qu’un aliment ultra-transformé ?

Un Aliment Ultra-Transformé (AUT), selon la classification NOVA, est un produit issu de procédés industriels qui contient peu ou pas d’ingrédients bruts. Il sont souvent fabriqués à partir d’ingrédients que l’on ne trouve pas dans une cuisine ménagère (comme des sirops de glucose, des huiles hydrogénées, des isolats de protéines) et contiennent souvent des additifs (colorants, arômes, émulsifiants) destinés à modifier le goût, l’apparence ou la texture d’un aliment. L’étude Nutri-Net Santé a suggéré une association entre la consommation d’AUT (selon la définition NOVA) et le risque de développement de maladies chroniques. Le Plan National Nutrition Santé (PNNS 4) fixe pour objectif de réduire la consommation d’AUT (en utilisant la classification NOVA).

(Étude réalisée par NielsenIQ pour la plate-forme Tiendeo en mai 2022, auprès d’un panel de 1200 responsables des achats, représentatif de la population française âgée entre 25 et 65 ans, interrogés entre le 16 et le 22 mars 2022)

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