La santé des élèves de CM2 : la France malade de ses inégalités sociales

La santé des élèves de CM2 : la France malade de ses inégalités sociales

 

Dans une étude de septembre 2013, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) fait un constat que nous espérions ne plus avoir à établir en 2013, dans un pays qui dépense 12% de sa richesse nationale aux dépenses de santé.

Les enfants d’ouvriers sont deux fois plus en surcharge pondérale (25 %) que les enfants de cadres (10 %). Et si ces derniers ne souffrent quasiment pas d’obésité (moins de 1 %), celle-ci touche 7 % des enfants d’ouvriers. Dans les familles les plus défavorisées, les enfants déclarent également beaucoup plus de caries non soignées ou de troubles de la vision non corrigés. En cas de caries, l’absence de soins s’élève à près de 30 % des enfants d’ouvriers contre un peu plus de 10 % chez les enfants de cadres. Ces chiffres n’ont que peu évolué depuis 2002.

 

Les disparités sociales se lisent aussi dans les comportements et les habitudes de vie. Seuls 23 % des enfants d’ouvriers mangent tous les jours des fruits et légumes contre 45 % des enfants de cadres. Ils boivent plus de boissons sucrées, prennent moins souvent un petit déjeuner et passent plus de temps devant un écran les jours de classe : autant de facteurs en lien étroit avec le risque d’obésité.

 

Il existe bien des facteurs et des déterminants pour expliquer ces disparités, inacceptables. Ils sont autant sociaux que culturels ou économiques. Les études sont, sur ces points, assez anciennes, complètes et même souvent forces de propositions. Le temps n’est plus aux diagnostics. Si l’on veut réduire efficacement les inégalités dont sont victimes les plus jeunes, il faut agir en impliquant fortement les adultes, professionnels, en charge de contribuer à leur éducation à la santé en l’occurrence.

 

L’accès à la prévention primaire, celle qui intervient en amont du pire, devrait être un droit fondamental, découlant de l’article 3 de la convention relative aux droits de l’enfant entrée en vigueur le 2 septembre 1990 et aux termes duquel « Les Etats parties s’engagent à assurer à l’enfant la protection et les soins nécessaires à son bien-être, compte tenu des droits et des devoirs de ses parents, de ses tuteurs ou des autres personnes légalement responsables de lui, et ils prennent à cette fin toutes les mesures législatives et administratives appropriées.»

 

Le premier axe de la stratégie nationale de santé (SNS) mise en place par le gouvernement est consacré à la prévention et souligne la nécessité de renforcer l’éducation à la santé, notamment via la loi de refondation de l’école avec un objectif de réduction des inégalités sociales et territoriales de santé. Les chiffres publiés par la DREES démontrent combien cette nécessité est une urgence.

Nous serons attentifs pour vérifier qu’au-delà de la feuille de route de la SNS le virage en faveur d’une éducation à la santé ne se limite plus à du saupoudrage mais s’opère effectivement sur le terrain auprès de l’ensemble de la population.

 

Consulter l’étude de la DREES :

« La santé des élèves de CM2 en 2007-2008 », Etudes et Résultats, n° 853, septembre 2013

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