« Lisez la SNANC, répondez sur ce qui vous mobilise et surtout, lâchez-vous ! »

La SNANC, c’est quoi ? C’est la question que nous avons posée au Pr Daniel Nizri, cancérologue, président du Programme National Nutrition Santé (PNNS) et, à ce titre, engagé dans l’élaboration et la mise en œuvre de la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat. Stratégie sur laquelle les Français sont appelés à donner leur avis, via une consultation publique lancée le 4 avril et qui se terminera le 4 mai. Ses orientations sont censées définir la politique du gouvernement pour une alimentation saine et durable à l’horizon 2030. Les bonnes raisons de s’engager avec Daniel Nizri. 

Pourriez-vous nous expliquer ce qu’est la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat, ou SNANC ?

Pr Daniel Nizri – Cette stratégie est inscrite dans la loi Climat et Résilience de 2021. Elle a pour objectif de déterminer les futures orientations d’une politique favorisant une alimentation qui soit durable, moins émettrice de gaz à effet de serre, protégeant la santé humaine, la faune, la flore, la planète, tout en préservant dans le même temps nos systèmes agricoles. Qui dit alimentation dit souveraineté alimentaire, si nous ne voulons pas dépendre d’autres acteurs qui ne partageraient pas nos principes. Cette stratégie ne sort pas de nulle part : elle s’appuie sur des politiques engagées il y a une vingtaine d’années, à l’instar du PNNS 4 ou du Programme National Alimentation (PNA), portés par les ministères respectivement de la santé et de l’Agriculture. On pourrait aussi citer le Plan National Santé-Environnement (PNSE) 4 ou encore de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC). Le bilan de tous ces plans et programmes permettra de déterminer les actions à mettre en œuvre dans le cadre de la SNANC.

En quoi la SNANC est-elle nécessaire ?

Pr Daniel Nizri – Elle l’est pour une raison que résume le concept « One Health », qu’on peut traduire par « une seule santé ». Il faut désormais s’habituer à réfléchir systématiquement en termes de santé globale. Si, par exemple, nous devons demain prendre des mesures concernant l’élevage ou l’agriculture, la SNANC nous permettra d’avoir une vision horizontale et transverse. Elle a été pensée et conçue pour être une garantie d’interministérialité, autrement dit pour en finir avec le travail en silo, préjudiciable à l’équilibre global. Quand on travaille ensemble, dans la transparence pour comprendre ce qu’il se passe, qu’on essaie vraiment d’obtenir un accord sur les objectifs, qu’on recherche un dénominateur commun, même si c’est le plus petit, le travail s’installe, la confiance aussi. C’est ce qu’on espère aussi pour la SNANC, sur le modèle de la charte alimentaire.

Quelle sera l’efficience réelle de cette stratégie nationale ? 

Daniel Nizri – Quand on regarde les différentes mesures, aucune n’est contraignante. Les leviers sont multiples, mais ils sont majoritairement incitatifs ou axés sur l’accompagnement.   Quelques-uns sont financiers, mais très peu de nature réglementaire. Quant aux contrôles, à peine 2 ou 3 sont envisagés. Mais c’est là justement que la consultation publique revêt toute son importance. L’une des garanties de la mise en œuvre de la SNANC, c’est que tout le monde s’implique, donne son avis, y compris sur la gouvernance. Répondre à une consultation publique, c’est prendre connaissance des documents, solliciter des explications. Plus il y aura de personnes à le faire, plus cela les responsabilisera, au moment de pousser leur caddie dans les rayons ou de cuisiner, etc., et plus elles feront des choix respectueux de la santé globale. On ne vous demande pas de passer un examen. Donc, si je puis vous donner un conseil, lisez la SNANC, interrogez-vous sur ce que vous avez ressenti et répondez sur ce qui vous mobilise. Surtout, lâchez-vous !

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