Fake news et menace de grève des médecins : la PPL Garot à en perdre la raison !

Communiqués de presse en rafale, conférence de presse ce 16 avril, menace de grève à compter du 28 avril. De toute évidence, le vote par l’Assemblée nationale du principe de la régulation de la liberté d’installation des médecins dans certains territoires (13 %) ne passe pas auprès de la profession.

Syndicats et Conseil de l’Ordre, médecins en activité, internes et étudiants en médecine, tous outragés, brisés, martyrisés au soir du 2 avril dernier, jour de l’adoption de l’article 1 de la proposition de loi Garot, visant à lutter contre les déserts médicaux. « C’est la mort de la médecine libérale », « Nous avons la douleur de vous faire part du décès tragique de la médecine libérale […] fauchée en pleine agonie par la proposition de loi Garot » … Bref, un parfum de marche funèbre. De ces faire-part expiatoires, on retiendra surtout l’outrance et l’indignité, en regard du nombre de patients en déshérence.

A cet égard, saluons le décryptage proposé par les députés du groupe de travail transpartisan contre les déserts médicaux, en réponse aux idées reçues qui circulent à nouveau depuis ce vote. Quatre pages sur la base de faits avérés, d’études et de données chiffrées qui remettent les pendules à l’heure et un peu de raison dans un débat où l’agressivité tend à s’imposer comme seule boussole.

Et puisque, parmi ces contre-vérités, il est prétendu que les principaux intéressés, c’est-à-dire les usagers et leurs représentants, ne soutiennent pas la régulation de l’installation, nous, représentants des usagers et, à ce titre, des quelque 7 millions de Français en peine de trouver un médecin généraliste, allons une fois encore, une fois de plus, réaffirmer que nous soutenons non seulement la PPL Garot, mais également l’exercice coordonné des professionnels de santé. Et ainsi apporter notre pierre à cette nécessaire entreprise de rectification.

En six points :

  • NON, les médecins généralistes et spécialistes, libéraux ou salariés ne seront pas contraints de s’installer dans certaines communes. L’article 1 préserve la liberté d’installation. Il prévoit juste de l’encadrer dans les territoires les mieux dotés en médecins.
  • NON, la régulation n’est pas la coercition, mais une meilleure organisation de la profession. Les 13 % du territoire correctement dotés ne seront en aucun cas lésés, voire dépouillés ! L’article 1 ne réglera pas tout, mais contribuera, avec d’autres mesures, à réduire la difficulté et les inégalités territoriales d’accès aux soins qui ne cessent de se creuser ;
  • NON, les médecins, surtout spécialistes, ne sont pas mieux répartis sur le territoire que les autres professions de santé qui, elles, sont régulées, en fonction des besoins populationnels – infirmiers libéraux, sages-femmes ou encore chirurgiens-dentistes depuis le 1er janvier dernier, etc.) ;
  • NON, la permanence des soins ambulatoires (PDSA) ne suffit pas à couvrir les besoins du territoire – source bilan 2023 du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM). Et par ailleurs, moins de 40 % des médecins libéraux y prennent part ;
  • NON, la régulation des installations n’est pas un échec à l’étranger. Elle a un impact positif sur l’équité de la distribution géographique, rapporte la DREES, dans une enquête de décembre 2021, portant sur les pays de l’OCDE ;
  • NON, l’article 1 n’est pas la solution miracle. Elle participe d’un tout, dans le cadre d’une approche globale, à laquelle participent, entre autres, mais pas que, les autres articles de la PPL Garot.

Désormais, en effet, et par-delà le calendrier intermédiaire fixé par l’inter-syndicale des médecins, cap sur le 5 mai, date de la reprise de l’examen de la PPL Garot à l’Assemblée nationale qui doit encore se prononcer sur ses 5 derniers articles. Tous sont indispensables, et tout particulièrement l’article 4 qui rétablit l’obligation pour tous les médecins en activité de participer à la permanence des soins.

Le vote de l’article 1 a été un signal fort, qui marque très probablement une rupture, ce dont témoignent les réactions excessives des médecins. Il n’empêche, il faut consolider ce premier pas, tout en continuant à œuvrer pour un dialogue constructif, au profit des usagers, faut-il le rappeler.

Laisser un commentaire public

Votre commentaire sera visible par tous. Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Logo Santé Info Droits

Partager sur

Copier le lien

Copier