Psoriasis : témoignage de Gilles, reclassé suite à son traitement contre le psoriasis

Témoignage : Gilles, reclassé suite à son traitement contre le psoriasis

Il y a peu, 66 Millions d’IMpatients traitait du sujet de la reprise du travail après une maladie qui pouvait entraîner un aménagement de poste, voire une inaptitude à reprendre le travail, que cela soit de façon totale, partielle, définitive ou temporaire.

Pour l’illustrer, nous avons regroupé des témoignages de malades qui ont été confrontés à des difficultés pour être maintenus dans leur poste d’origine. Pressions de la hiérarchie, pertes de revenus, manque d’empathie, imbroglios administratifs et juridiques, le travail devient alors un problème supplémentaire à surmonter en plus de la maladie.

Après le cas d’Edwige en attente d’une greffe pulmonaire et qui a bien du mal à faire valoir son droit au télétravail, voici Gilles, désormais retraité, qui a vu sa carrière professionnelle chavirer suite à une aggravation de son psoriasis lorsqu’il avait 47 ans.

Gilles G, retraité, ancien inspecteur d’assurance.
Souffre de psoriasis sévère depuis l’âge de 25 ans.

Au départ, un traitement mal adapté de puvathérapie m’empêche d’exercer mon métier

A l’âge de 25 ans, un dermatologue m’annonce que j’ai du psoriasis. Il n’avait pas l’air inquiet, moi non plus. Je ne savais d’ailleurs pas vraiment ce que c’était. Mais avec les années, cela s’est aggravé.

A l’époque, j’étais inspecteur d’assurance et je consultais un dermatologue au centre médico-social des sociétés d’assurance, qui n’existe plus aujourd’hui. Mon dermatologue connaissait donc parfaitement en quoi consistait mon travail, dans le cadre duquel j’étais en contact avec la clientèle.

Au début, ce dermatologue me prescrit des pommades et autres traitements les plus classiques qui soient, malheureusement mon état s’aggrave. C’est alors qu’il me propose un traitement de puvathérapie. Le traitement consistait à s’exposer en cabine à des rayons UV, mais obligeait également à porter des lunettes de soleil toute la journée. A ce moment-là, il y a eu un vrai défaut de bon accompagnement de la part de ce médecin qui n’ignorait pas que la base de ma profession était un enjeu commercial et que sans contact visuel, j’étais particulièrement gêné à exercer mon métier. J’ai fait confiance à mon médecin sans poser de questions et j’ai commencé la puvathérapie à raison de 3 séances par semaine. Aujourd’hui je sais qu’il existait d’autres alternatives à ce traitement et je regrette vraiment le manque d’écoute de mon médecin de l’époque.

En outre, il ne m’a pas bien expliqué que les effets de la puvathérapie étaient temporaires. Quand j’ai compris que je devrais accepter des traitements réguliers (jusqu’à un certain stade car la puvathérapie a des limites de temps d’exposition en cabine), j’ai su qu’il fallait que je fasse une croix sur mon métier qui était très exigeant. Je travaillais en effet 70 heures par semaine et j’avais de nombreuses responsabilités car je devais recruter et soutenir une importante équipe de vente. Lorsque j’étais à ce poste, je m’interdisais de prendre de longues vacances, donc des traitements réguliers, qui m’éloigneraient du terrain, étaient inenvisageables si je voulais garder mon travail. 

Avec le recul, je me rends compte à quel point j’ai été peu considéré. Je me souviens que les consultations avec mon médecin duraient 5 minutes à peine, qu’il n’expliquait rien, que je n’avais pas le temps de poser des questions. Le médecin décide de tout, le patient subit. J’avais 47 ans et cela a tout simplement signé la fin de ma carrière. Après toutes ces années, je reste encore stupéfait que ce centre dédié aux personnels des métiers d’assurance n’ait absolument pas pris la peine d’adapter mon traitement aux contraintes de ma profession.

Le psoriasis, une maladie où l’on doit apprendre à gérer le regard des autres

Bien entendu, en dehors du problème du traitement et dans la mesure où le psoriasis est une maladie dont on guérit rarement, lorsque mon psoriasis se manifestait sur des parties visibles de mon corps, je sentais une appréhension des personnes avec qui j’étais en contact et cela me posait également problème dans ma relation avec mes clients et mes équipes. C’est une maladie difficile car il faut gérer le regard des autres, mais également un autre point noir auquel on pense moins : la douleur. Certaines personnes sont en effet atteintes de psoriasis au niveau de la voûte plantaire ou des parties génitales et les douleurs sont alors parfois terribles.

Des résultats professionnels en chute libre et un employeur qui m’a aidé du mieux qu’il a pu

Au moment de mon traitement, où il a fallu que je porte des lunettes de soleil continuellement, mes résultats professionnels ont presque immédiatement baissé. Or dans ce métier, une baisse de résultats est synonyme de licenciement puisque c’est un métier payé à la commission. On pouvait toucher un salaire minimum évidemment, c’était prévu par la convention collective, mais dès lors que l’on s’en contentait, on savait que l’on serait licencié tôt ou tard. J’ai cependant eu de la chance, car mon employeur, qui avait toujours été satisfait de mon travail, ne m’a pas licencié et a trouvé une place pour moi au siège social dans un service juridique. J’ai donc été muté au bout de 3 mois et malheureusement ma rémunération a diminué de moitié. Aurais-je eu droit à des aides, des indemnités du fait que tout ceci était lié à ma maladie ? Je ne me suis pas posé la question. Je n’ai rien demandé. Le psoriasis m’empêchait d’exercer mon métier de base mais pas de travailler, donc pour moi il était surtout important et urgent que je retrouve un emploi où je puisse m’adapter. J’aurais dû sûrement prendre davantage de temps et poser plus de questions concernant mes droits et, bien sûr, mon traitement.

Gilles est aujourd’hui vice-président de l’Association France psoriasis – Voir le site de France psoriasis

1 commentaires

  • Miracle scientifique dit :

    On passe tous par la phase : « c’est la faute aux autres ». Au moins vous aviez un emploi et un patron conciliant. Et des vacances…
    Je suppose que la plupart des malades du pso:
    – vivent dans la rue
    – ou bien sont dcd (suicide ou coeur qui lache)
    – ou sont supportés par leur famille depuis des années.

    Vous vous en sortez mieux que d’autres c’est toujours ça de pris.

    Je me demande de quel traitement vous parlez puisqu’en dehors des pommades et de la puva, il n’existe rien de moins dangereux.

    Le titre du site est révélateur malheureusement.

    Je vous souhaite de vous réaliser dans vos nouvelles fonctions.

    Salutations.

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