Les Junot et les idées reçus sur les cancers de la peau

Cet été, nous retrouvons notre joyeuse famille Junot (Caroline, Mathieu, et leurs deux enfants, Sébastien et Sidonie) à l’heure des vacances et d’affronter le soleil.

Petits ou gros soucis de santé, alimentation, environnement, prévention… Suivez les aventures de la famille Junot qui se pose les 1001 questions que nous nous posons tous, quand il s’agit de notre santé…

Le culte du bronzage a encore de beaux jours devant lui et ce n’est pas Caroline, la maman de la famille Junot qui dira le contraire… Pour elle, vacances riment avec peau dorée. Pourtant chaque exposition prolongée sans protections appropriées grignote son capital soleil, accélère le vieillissement cutané et laisse une porte ouverte aux risques de cancers de la peau.

Les idées reçues…

Caroline met un peu de crème protectrice les 2/3 premiers jours, puis elle passe directement à l’huile de Monoï ou à la graisse à traire. De toute façon, comme elle le dit toujours, elle a une peau de crocodile, c’est de famille ! Ses parents ont grandi sous le soleil d’Algérie, sans jamais mettre de crème (d’ailleurs à l’époque ça n’existait pas), et ils n’ont jamais eu le moindre grain de beauté alarmant ! D’ailleurs les cancers de la peau ça concerne combien de personnes ? Combien de gens en meurent chaque année… ? Dans son entourage, Caroline a connu des personnes souffrant de cancers du sein, des poumons, du côlon, mais des cancers de la peau… ça ne lui dit rien. Par précaution, écoutant les messages des autorités sanitaires largement relayés par les médias, elles protègent ses enfants avec attention mais bientôt ils seront ado et elle commence déjà à lâcher du lest. Après tout, quand elle était petite ses parents ne la tartinaient pas de crème sans arrêt et elle s’en porte très bien aujourd’hui ! Peut-être même que cela l’a immunisée contre les méfaits du soleil ? En fait, tout ça, c’est sûrement orchestré par les laboratoires pour vendre plus de crèmes solaires ! En Australie sans doute il y a des problèmes à cause du trou dans la couche d’ozone, mais chez nous ça va…
Ca vous rappelle quelqu’un ? Vous, votre mère, votre grand-père, votre meilleur(e) ami(e) ?

La vérité…

La vérité est que chaque année, en France, environ 80 000 cancers de la peau sont diagnostiqués. L’âge moyen d’apparition des cancers de la peau se situe au-delà de 55 ans et 2/3 des cancers sont dus à une exposition excessive aux ultraviolets solaires ou artificiels.

Ils se distinguent selon 3 grandes catégories :

  • Le carcinome basocellulaire : il représente 70% des cancers de la peau. Il ne se propage pas dans le reste de l’organisme et n’entraine donc pas de métastase. Il suffit d’une intervention chirurgicale pour le retirer, mais il ne faut pas tarder à le soigner car les lésions sur la peau peuvent s’aggraver et grossir. Le traitement chirurgical et ses conséquences sont alors plus lourds.
  • Le carcinome épidermoïde : il concerne 20% des cas. Il peut entrainer des métastases mais en général un traitement chirurgical peut suffire à l’enrayer, surtout s’il est détecté précocement.
  • Le mélanome cutané : il est le plus rare mais aussi le plus connu et le plus grave des cancers de la peau. Sa capacité à métastaser le rend particulièrement sournois.

Quelques chiffres sur le mélanome

Le mélanome est l’un des cancers qui a connu une des plus importantes progressions ces dernières décennies. Les autorités sanitaires estiment qu’il a triplé entre 1980 et 2005 (chiffres INPES). Le culte du bronzage et l’apparition des lampes à UV artificiels sont largement accusés d’avoir précipité cette évolution.
Le site de l’Institut National du Cancer parle de 11 000 nouveaux cas en 2012. À ce titre, il se place au 9ème rang des cas de cancers en France, tous sexes confondus. En 2012, il a été la cause de 1672 décès dans notre pays.
Le taux de survie à 5 ans est de 80% (chiffres Gustave Roussy), mais il tombe à 15% lorsque le mélanome est détecté trop tard et que des métastases sont apparues. C’est pourquoi il est essentiel de se faire dépister régulièrement, en étant suivi par un médecin et en adoptant quelques réflexes pour une bonne auto-surveillance.

L’interview : Professeur Dreno – Dermatologue – CHU Nantes

Spécialisée en dermato-cancérologie, le professeur Brigitte Dreno a accordé une interview à 66 Millions d’Impatients pour nous aider à acquérir les bons gestes en matière de prévention contre les cancers de la peau.

66 Millions d’Impatients : Comment repère-t-on un cancer de la peau ? Quand doit-on commencer à s’inquiéter ?
Professeur Dreno : Réagissez sans tarder si vous voyez l’un de vos grains de beauté changer de forme, de taille ou de couleur. Ce changement peut être assez rapide, en 3 ou 4 mois. 
Réagissez tout aussi rapidement s’il s’agit d’une tache, venue de nulle part, qui apparaît spontanément et grossit en 2/3 mois, ce qui arrive dans 70% des cas.

Doit-on consulter si la tache en question a la couleur d’une simple tache de rousseur par exemple ?
Ne laissez pas de place au doute, dans tous les cas, allez consulter. Il faut savoir que sur une peau claire (phototype I ou II), les taches peuvent être brunes assez claires, voire orangers. Ne prenez pas de risque, montrez-la à un médecin.

Certaines personnes ont-elles davantage de risques de développer un cancer de la peau que d’autres ?
Oui. Les phototypes les plus clairs (I et II), les personnes ayant de nombreux grains de beauté, ceux qui ont souffert de coups de soleil dans l’enfance et qui ont des taches de rousseur, les personnes ayant des antécédents personnels ou familiaux de cancers de la peau doivent être vigilantes et pratiquer des dépistages réguliers.
Pour aider les gens à évaluer s’ils sont des sujets à risques face aux cancers de la peau, nous avons mis au point le SAMscore : un questionnaire en ligne que vous pouvez tester ici.

Est-on obligé d’aller voir un dermatologue pour les dépistages ou un médecin généraliste peut-il s’en charger ?

Les dermatologues ont des appareils mieux adaptés pour le dépistage comme le dermoscope mais une visite chez son médecin généraliste peut être une bonne première étape si l’on a un doute, d’autant que de plus en plus de médecins généralistes se forment au dépistage du mélanome.
Dans tous les cas, certaines zones du corps, comme les pieds, le dos ou le cuir chevelu sont difficiles à surveiller soi-même, il est alors utile qu’un tiers s’en charge. Cela vaut d’ailleurs la peine de demander à son coiffeur de jeter un œil au cuir chevelu lorsqu’on lui rend visite !

Quel est le bon rythme pour les visites de dépistage ?
Les personnes à risques doivent aller voir un dermatologue, ou un médecin généraliste formé au dépistage, au moins une fois par an.
Cependant les personnes qui ont été traitées pour un mélanome sont plus sensibles. La HAS (Haute Autorité de Santé) préconise :

        • Pour un Breslow (épaisseur de la tumeur) à moins de 1 mm : 1 visite tous les 6 mois pendant 5 ans, puis une visite par an.
        • Pour un Breslow à 1mm et plus : 1 visite tous les 3 mois pendant 5 ans, puis une visite par an.

Et si il y a un doute, un grain de beauté, une tache suspecte, quel est le parcours à envisager ?
Dans un premier temps, le dermatologue va pratiquer une intervention chirurgicale, dans son cabinet, sous anesthésie locale, pour retirer le grain de beauté qui pose problème. On appelle cela une exérèse. Une seconde intervention est ensuite programmée en fonction de la taille du mélanome retiré la première fois. S’il y a des métastases, on doit poursuivre avec des traitements plus lourds, le pronostic vital est engagé et l’évolution du cancer devient alors imprévisible.

On accuse le soleil de nombreux maux… mais rendons-lui également hommage car il est pourtant indispensable à toute vie sur Terre ! La famille Junot a d’ailleurs beaucoup entendu parler, ces derniers temps, de son rôle dans la synthèse de la vitamine D par notre organisme… 
Mais à quoi sert-elle exactement ? Combien de temps doit-on rester au soleil pour recharger ses batteries en vitamine D ? La crème solaire empêche-t-elle cette synthèse ? … C’est ce que nous verrons très bientôt dans un nouvel épisode de la vie de la famille Junot !

 

 

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