Quels sont les différents indicateurs retenus sur la plateforme QualiScope de la Haute Autorité de Santé ?

Après un premier article présentant les aspects généraux de QualiScope, voici un deuxième volet concernant les indicateurs retenus sur la plateforme, avant d’aborder dans une troisième partie, la place des usagers dans le fonctionnement de QualiScope.

Vous ou un proche devez bientôt être hospitalisé et vous cherchez des informations fiables sur la qualité d’un établissement de santé ou voudriez pouvoir comparer plusieurs établissements entre lesquels vous hésitez ? La plateforme QualiScope, mise en ligne par la Haute Autorité de Santé (HAS) en juin 2022 peut vous y aider. Elle remplace le service « Scope santé » qui avait fermé en 2021.

 En effet, parmi ses missions, la HAS a celle de mesurer la qualité dans les hôpitaux et cliniques en vue de l’améliorer. Elle recueille pour ce faire de multiples données sur les établissements de santé, données qu’elle analyse et qu’elle restitue notamment sous la forme d’« indicateurs » de qualité, traduits en divers scores.

Dans un souci de transparence et pour mieux orienter les usagers du système de santé, ces indicateurs qui étaient déjà accessibles, mais dont la lecture n’était pas toujours bien compréhensible pour tout un chacun, ont été remis en ligne au mois de juin 2022 sur une nouvelle plateforme baptisée « QualiScope », justement imaginée pour le grand public.

Si elle fournissait peu d’indicateurs lors de sa mise en ligne, QualiScope a été largement enrichie en février 2023 et est amenée à évoluer au fil du temps.

 Que trouve-t-on sur QualiScope ? Comment la plateforme a-t-elle été conçue ? À quoi et à qui peut-elle servir ? Les usagers ou leurs représentants participent-ils aux résultats présentés sur QualiScope ? Voici autant de questions auxquelles répondent Emmanuelle Bara, en charge de la Direction de la Communication, de l’Information et de l’Engagement des Usagers (DCIEU) de la HAS et Laetitia May-Michelangeli, cheffe du Service Évaluation et Outils pour la Qualité et la Sécurité des Soins (SEvOQSS) de la HAS

QUE TROUVE-T-ON COMME TYPES D’INFORMATIONS SUR QUALISCOPE ?

En dehors d’informations descriptives sur chaque établissement, on trouve également sur QualiScope son résultat de « certification » pour la qualité des soins et des données chiffrées. Ces informations mesurées par la HAS sont appelées « indicateurs de qualité et de sécurité des soins ». Il y a ainsi :

  • Des indicateurs de satisfaction et d’expérience rapportés par les patients, calculés à partir de leurs réponses au questionnaire de satisfaction national « e-Satis » (lire l’article de la HAS sur e-Satis), suite à une hospitalisation
  • Des indicateurs qui mesurent la qualité de la prise en charge clinique, par exemple la prise en charge de la douleur, le nombre et le type de complications potentielles après une pose de prothèse de hanche ou de genou, etc.
  • Des indicateurs qui évaluent la coordination de la prise en charge, c’est-à-dire la capacité des équipes à se coordonner entre elles, à bien tracer les soins, etc.
  • Des indicateurs qui renseignent sur la prévention des infections associées aux soins, comme le niveau de consommation de solutions hydroalcooliques, ou le taux d’infections du site opératoire après une pose d’une prothèse totale de hanche ou de genou.

Selon le site de la HAS, « Les indicateurs de la HAS mesurent la qualité et la sécurité des soins dans tous les hôpitaux et cliniques français. Ils sont développés avec les professionnels de santé, les patients et usagers pour améliorer le service rendu au patient. »

Les indicateurs mesurés par la HAS sont en lien avec des priorités de santé comme la prise en charge de la douleur, la lutte contre les infections associées au soin, la bonne coordination avec la ville à la sortie d’une hospitalisation, etc.

Certains indicateurs sont classés par secteurs d’activité comme la médecine, chirurgie et obstétrique (MCO), la chirurgie ambulatoire (CA), les soins de suite et de réadaptation (SSR) ou la psychiatrie.

D’OÙ VIENNENT LES INFORMATIONS QUI PERMETTENT DE CALCULER CES INDICATEURS ?

À l’origine, toutes les informations recueillies étaient issues des dossiers des patients. Désormais la HAS cherche à utiliser d’autres sources car le recueil des données issues des dossiers des patients n’est pas toujours automatisé, ni automatisable et que cet audit des dossiers des patients nécessite donc, de la part des professionnels de santé, d’y accorder un certain temps… Temps qu’ils ne consacrent donc pas directement à soigner les malades.

La HAS recueille donc désormais aussi des données issues de questionnaires adressés aux patients, comme par exemple le questionnaire national de satisfaction « e-Satis », renseigné par les patients à la suite d’une hospitalisation. Une autre des sources utilisées par la HAS est la base de données médico-administratives du PMSI. En effet, le PMSI (Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information) recueille, pour toutes les hospitalisations en France, des données permettant de financer les établissements de santé, dont certaines sont utilisées pour le calcul des indicateurs.

Enfin, la HAS se sert également de questionnaires administratifs qui sont renseignés par l’établissement lui-même.

TOUS LES INDICATEURS RECUEILLIS PAR LA HAS SONT-ILS SUR QUALISCOPE ?

Pas tout à fait, puisque l’objectif de QualiScope est de s’adresser à tous les usagers du système de santé, donc à des non-spécialistes des dispositifs des mesures de la qualité, alors que certains de ces indicateurs sont justement très techniques, et, avouons-le, assez rébarbatifs pour le grand public.

Les premiers destinataires des résultats détaillés de certification et d’indicateurs de qualité et de sécurité des soins sont l’établissement de santé dans lesquels ils ont été mesurés.  L’objectif n’est pas de sanctionner mais d’aider l’établissement à optimiser en continu la qualité des soins qu’il délivre. Ses résultats lui permettent de capitaliser sur ses points forts et de mettre en place des plans d’actions sur les points à améliorer.

Le second type de destinataires sont les pouvoirs publics qui les utilisent pour piloter les politiques d’offres de soins.

Le troisième type de destinataires est le grand public. L’ambition de QualiScope est de repartir de ces mêmes résultats et de les rendre compréhensible pour tout un chacun, d’une part par pur souci de transparence et également parce qu’un patient bien informé peut, à son tour, permettre d’améliorer la qualité du système de santé.

POURQUOI LE NOMBRE DE SPÉCIALITÉS/ACTIVITÉS PROPOSÉ DANS LE MOTEUR DE RECHERCHE DE QUALISCOPE EST-IL LIMITÉ ?

Effectivement, la recherche par activités et spécialités présente des limites. Par exemple, on peut comparer plusieurs établissements qui ont une spécialisation en cancérologie, mais on ne peut pas effectuer une recherche par type particulier de cancer.

Cependant, il y a des types d’actes très précis pour lesquels la HAS parvient à mettre en lumière des indicateurs fiables. C’est le cas notamment de la pose de prothèse de hanche ou de genou, dont on voit un niveau de résultats très détaillé sur QualiScope. Cet indicateur est, en effet, emblématique de ce que la HAS aimerait développer dans ses calculs d’indicateurs. Pourquoi s’être focalisé sur cet acte en particulier ?  En premier lieu car la pose de ces prothèses est un motif d’hospitalisation très courant. L’autre raison est que c’est un bon exemple du type d’activité que la HAS parvient à évaluer avec les seules données du PMSI (voir plus haut le paragraphe sur la provenance des informations). Il se trouve, en effet, que les données du PMSI permettent de faire ressortir assez rapidement et facilement suffisamment d’éléments pour connaître le nombre et le type de complications (infection du site opératoire ou d’une manifestation de type thrombo-embolique) qui ont lieu après la pose d’une prothèse de hanches ou de genou. Pour être tout à fait précis sur cet indicateur, il renseigne en réalité sur le fait de savoir si l’établissement a eu plus ou moins de complications qu’on en attendrait, l’indicateur prenant en effet en compte les profils des patients de chaque établissement, puisqu’il y a, par exemple, plus de risques de complications lorsqu’un établissement traite davantage de patients déjà très fragilisés avec un système immunitaire affaibli, etc.

En résumé, sur cette activité précise, la HAS a réussi à construire, avec les données du PMSI, des résultats qui sont statistiquement, fiables, comparables et elle aimerait bien sûr pouvoir l’appliquer pour d’autres types d’activités.

LORS D’UNE RECHERCHE PAR TYPE D’ACTE, PEUT-ON CONNAÎTRE LE NOMBRE DE CET ACTE PRATIQUÉ EN MOYENNE, CHAQUE ANNÉE, PAR L’ÉTABLISSEMENT ? C’EST, EN EFFET, UNE INFORMATION RASSURANTE POUR LES USAGERS…

Pour l’instant cette donnée n’est pas indiquée sur QualiScope mais c’est une évolution possible à terme.

La mesure du volume d’activité est effectivement intéressante et des études montrent que, dans certains cas, il y a un lien entre le fait de pratiquer beaucoup d’actes et la garantie d’une bonne qualité. Cela dit ce n’est pas systématique et on ne retrouve pas cette corrélation pour tous les types d’actes. En l’occurrence, si on indiquait cette information aujourd’hui, au sortir d’une crise durant laquelle les activités des établissements ont été très bousculées, ce ne serait sans doute pas très pertinent.

PEUT-ON IMAGINER UN JOUR, AVOIR COMME INFORMATION, APRÈS UNE POSE DE PROTHÈSE DE HANCHE PAR EXEMPLE, ÉTABLISSEMENT PAR ÉTABLISSEMENT, LE POURCENTAGE DE PATIENTS QUI, 6 MOIS PLUS TARD, SONT BIEN REMIS ?

Ce serait évidemment intéressant pour les usagers, mais la question pour la HAS est de savoir comment récupérer cette information plusieurs mois après l’hospitalisation. Il y a ce qui paraît pertinent et intéressant à mesurer, et ce que l’on peut effectivement faire.

On pourrait développer le système des questionnaires PROMS (Patient-reported outcomes measures) et PREMS (Patient-reported experience measures), qui se déploient un peu partout dans le monde et interrogent les patients pour les PROMS, sur les résultats des soins, et pour les PREMS, sur leur expérience par rapports aux soins. Très peu d’établissements ont les moyens de mettre efficacement en place une telle action aujourd’hui. La HAS essaye d’acculturer de plus en plus les professionnels de santé à ce type de démarche mais cela prend du temps. Elle sensibilise notamment sur le fait qu’il existe déjà un grand nombre de questionnaires validés, utilisables pour beaucoup de situations et qu’il n’est pas nécessaire d’en réinventer, et elle tente dans le même temps d’identifier les freins et les atouts par rapport au déploiement de ces questionnaires par les établissements. Toujours est-il qu’à ce jour, la HAS n’est pas parvenue au niveau de résultats qui permettrait de mesurer le taux de « réussite » sur tel ou tel acte, par établissement. Cela renvoie à la faisabilité d’une recherche d’informations standardisées, à l’échelle nationale, puisque, pour la certification ou les indicateurs, les données restituées se doivent d’être comparables d’un établissement à un autre.

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