Patients à haut risque vital et pénuries d’énergie : l’anticipation des pouvoirs publics et l’attention de tous

Début décembre, la baisse de la consommation d’électricité a franchi la barre des 8 % par rapport à l’an passé, pour la même période, selon RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité. Et c’est deux points de plus par rapport au précédent relevé. Le repli se poursuit donc. Cela suffira-t-il à éviter les délestages ? Dans tous les cas, l’exécutif fait en sorte de s’y préparer. On fait le point sur les mesures d’anticipation prévues. L’occasion d’inviter également chacun d’entre nous à aller vers les personnes les plus fragiles et les plus isolées. En amont comme en aval, la réponse est collective.     

A quoi ressemblera le mois de janvier 2023 ? Impossible de le prédire. Une chose est sûre : le spectre de coupures d’électricité flotte bel et bien dans l’esprit de tout un chacun, depuis l’annonce du plan national de délestage, le 1er décembre dernier. Le gouvernement prend les devants pour faire en sorte de garantir les meilleures conditions aux Français pour passer l’hiver, dans l’éventualité de possibles délestages dits « tournants », en cas de trop fortes tensions sur le réseau électrique. Mais, rappelons-le, nous pouvons collectivement contribuer à éviter d’en arriver à cette extrémité. Et, de ce point de vue, les derniers chiffres de la consommation électrique (- 8,3 % pendant la première semaine de décembre par rapport à la même période en 2021) tendraient à indiquer que le message est passé, même si l’hiver est encore devant nous.

Si ces délestages doivent se produire, ils n’interviendront qu’en ultime recours et selon un dispositif qui ne plongera pas le pays dans un black-out total. La coupure électrique sera ciblée, anticipée (J-1, J-2, J-3) et temporaire, d’au maximum deux heures, entre 8 et 13 heures ou entre 18 et 20 heures, jamais la nuit ni le week-end, et elle touchera environ 17 millions d’habitants à chaque fois, répartis sur l’ensemble du territoire.

Mais au-delà de la lumière, du chauffage, etc., ces délestages inquiètent au premier chef les milliers de patients qui vivent à leur domicile et dont la vie dépend d’appareils électriques, dont des respirateurs – les établissements hospitaliers étant épargnés.

A cet égard, les autorités de santé ont envoyé aux préfets des instructions ministérielles et fiches pratiques. Quant aux directeurs des agences régionales de santé (ARS), ils ont eux aussi reçu des instructions pour déployer sur le terrain les actions d’anticipation vis-à-vis des établissements de santé, des structures sanitaires et sociales, et des patients à haut risque vital (PHRV), des personnes hospitalisées à domicile ou fragiles.

Les priorités pour les PHRV, les HAD et les dyalisés à domicile

« Prévoir, c’est déjà agir », dit l’adage. C’est pourquoi les autorités de santé invitent les patients à haut risque vital – ou leurs proches ainsi que leurs prestataires de service – à vérifier qu’ils sont bien répertoriés auprès de leur ARS. Conformément à la circulaire du 16 juillet 2009 rappelant les actions à mettre en œuvre au niveau local pour la prise en charge de ces populations, dans ce type de situation, celles-ci bénéficient d’une obligation d’information spécifique. Sont concernés :

  • Les patients sous respirateurs ayant une autonomie inférieure ou égale à 4 heures par jour ;
  • Les enfants sous nutrition parentérale.

Si tel n’est pas, ou plus, le cas, il est urgent de veiller à inscrire la personne concernée sur la liste PHRV pour qu’elle soit recensée. Une opération en deux temps (et à renouveler chaque année) :

  • Retirer au centre ERDF dont la personne dépend le formulaire Cerfa 10401*02 ;
  • Le remplir puis l’envoyer à l’ARS concernée, en joignant un certificat médical.

En cas d’avis favorable de l’ARS, ERDF est informée et se charge ensuite de faire le nécessaire et de prévenir l’usager 3 jours avant, puis la veille du délestage prévu dans sa zone géographique : courriel, SMS, appel téléphonique, tous les moyens seront utilisés pour s’assurer que chacun est bien alerté de la coupure à venir et en mesure de s’adapter en conséquence. En cas de non réponse, un déplacement au domicile sera mis en place pour s’assurer que l’information est bien passée.

En anticipation, il est prévu que les ARS en lien avec les prestataires de service à domicile, contactent les PHRV délestés pour évaluer leur dépendance vis-à-vis de l’alimentation électrique, qu’ils disposent d’accompagnants/aidants, qu’ils aient si nécessaire des moyens de suppléance. Le jour J, les patients concernés sont censés être suivis étroitement, et, si le maintien à domicile n’est pas possible, réorientés vers une structure publique non délestée voire un établissement de santé après régulation par le SAMU.

S’y préparer, c’est également vérifier le niveau des batteries de secours, si le patient en possède, et s’assurer de l’autonomie de l’appareil pour tenir jusqu’à deux heures sans courant. En ce qui concerne les patients sous oxygénothérapie continue, s’assurer du bon fonctionnement du concentrateur : une bouteille d’oxygène de secours peut être obtenue, par sécurité, pour les gros dépendants, sur prescription médicale.

Pour les patients hospitalisés à domicile et dyalisés à domicile :

Le dispositif prévoit en anticipation le relais des messages et l’appui aux patients par tous les professionnels de santé de ville et opérateurs du secteur du soin à domicile pour :

  • Vérifier l’autonomie de l’équipement ;
  • Evaluer une urgence nécessitant une hospitalisation, la capacité à rejoindre un proche ou une structure publique ;
  • Adapter les horaires des séances de dialyse à domicile si besoin.

Le jour J, les patients pourront être réadmis en établissement de santé, si nécessaire.

France Assos Santé encourage les personnes malades à se rapprocher des associations de patients qui les concernent. Elles sont toutes mobilisées pour vous informer et vous soutenir, en cas de questions, incertitudes ou inquiétudes.

Vigilance et solidarité envers les autres publics vulnérables

Par-delà les mesures envisagées en cas de délestage, France Assos Santé demande aux collectivités locales et professionnels de santé d’aller vers les personnes les plus vulnérables, parce qu’éloignées du soin, en perte d’autonomie ou peu à l’aise avec les outils numériques, et à tous les prestataires de services de s’occuper impérativement des personnes les plus vulnérables.

Il est prévu que les services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) et, en lien avec le département, les services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD) relaient les informations. Dans le même temps, les publics concernés et leurs proches sont encouragés à se manifester auprès de leur mairie pour être enregistrés sur le registre communal des personnes vulnérables afin d’être informés par téléphone en cas de délestage.

Pour que cette solidarité se mette en place dans les meilleures conditions, France Assos Santé appelle les pouvoirs publics à s’engager à permettre aux personnels de santé et autres prestataires de services qui sont sur le terrain de mener à bien leur mission de proximité et d’accompagnement.

Mais l’entraide doit prévaloir à tous les niveaux. C’est l’ensemble de la population qui doit se mobiliser : ne pas attendre qu’il en fasse la demande pour se préoccuper de son voisinage, surtout s’il est en situation de difficulté, et spécialement si cet hiver doit nous réserver des vagues de froid.

En cas de délestage annoncé, à chacun d’entre nous, selon les localités touchées, de s’inquiéter d’un ou d’une voisin(e) dont on sait que sa santé est fragile et son entourage loin ou clairsemé, pour savoir si tout va à peu près bien ou simplement lui proposer un café chaud, préparé avant la coupure. D’autant que, rappelons-le, les coupures d’électricité seront susceptibles d’interrompre les communications, si le téléphone fixe est relié à une box, par exemple. Comme dans les périodes de canicule, rester vigilant et ne pas hésiter à toquer à une porte, ne serait-ce que pour apaiser un possible stress ou signaler un problème. L’occasion de rappeler qu’il faudra composer le 112, en cas d’urgence.

En conclusion, de l’éco-sobriété chez soi (https://monecowatt.fr/) et une attention toute particulière vis-à-vis des plus faibles d’entre nous.

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