EPI-PHARE, le groupement d’intérêt scientifique constitué par l’Agence Nationale de Sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) et la Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnam), a présenté, le 19 décembre dernier, une nouvelle étude de pharmacovigilance afin d’évaluer le risque de méningiome associé aux progestatifs.
Elle s’inscrit dans la continuité de travaux précédents ayant permis de démontrer un risque de méningiomes associé à certains progestatifs, à savoir : Androcur (acétate de cyprotérone), Lutéran (acétate de chlormadinone), Lutényl (nomégestrol), Dépo Provéra (acétate de médroxyprogestérone), Colprone (médrogestone) et Sugestone (promégestone). France Assos Santé s’en était fait l’écho, lors de sa publication en juin 2023.
Les résultats de cette nouvelle étude ne montrent pas de surrisque de méningiome pour les femmes qui utilisent une contraception contenant du lévonorgestrel, seul ou combiné à l’éthinylestradiol. Ils mettent cependant en évidence une augmentation très faible du risque pour les contraceptions à base de désogestrel seul lors d’une utilisation prolongée chez les femmes de plus de 45 ans.
Compte-tenu de ces résultats, de premières recommandations d’utilisation de ces contraceptifs oraux et de surveillance des femmes viennent d’être établies. Le détail, ci-dessous :
Pour les femmes prenant une contraception à base de désogestrel : Antigone, Optimizette, Cérazette, Elfasette et Désogestrel 75µg : il existe une augmentation très faible du risque de méningiome associé à la prise prolongée de ces contraceptifs pour les femmes de plus de 45 ans.
- N’arrêtez pas votre contraception sans l’avis d’un professionnel de santé car il existe un risque de grossesse non désirée ;
- Si vous présentez des maux de tête fréquents, des troubles de la vision, une faiblesse dans les bras ou les jambes, une paralysie, des troubles du langage ou de l’audition, des troubles de l’odorat, des convulsions, des troubles de la mémoire, des vertiges, consultez votre médecin, gynécologue ou sage-femme. Une IRM pourra vous être proposée par mesure de précaution ;
- En cas de découverte d’un méningiome, le traitement devra être arrêté en concertation avec votre médecin ou sage-femme. Un avis neurochirurgical est également requis.
Les recommandations suivantes s’appliquent également :
- En cas d’antécédent de méningiome ou de méningiome existant, une contraception progestative ou un traitement progestatif ne doivent plus être utilisés ;
- Informez votre médecin, sage-femme de la prise de traitements progestatifs par le passé ;
- La contraception peut évoluer tout au long de votre vie et doit être adaptée à vos besoins et votre état de santé. Il est donc important de réévaluer avec votre prescripteur l’intérêt de la poursuite ou de la modification de votre contraception tous les ans jusqu’à l’âge de la ménopause ;
- Nous rappelons qu’après la ménopause, une contraception ne doit plus être prescrite. Le désogestrel n’est pas un traitement hormonal de la ménopause.
Si cette nouvelle étude permet d’y voir plus clair, le tableau des risques de méningiomes liés aux progestatifs n’est pas complet pour autant. En effet, sur la période 2009-2018, le progestatif Visanne et ses génériques, dont le principe actif est le diénogest, n’étaient pas suffisamment prescrits pour disposer de données statistiques fiables permettant de tirer des conclusions sur sa dangerosité. Sa prescription a en revanche beaucoup augmenté à partir de 2020, pour traiter notamment l’endométriose.
La nécessité d’une information directe
France Asso santé estime que tous les dispositifs doivent être actionnés pour informer au plus vite et directement les personnes concernées, conformément à la loi Droit des malades de 2022, qui précise que « lorsque, postérieurement à l’exécution des investigations, traitements ou actions de prévention, des risques nouveaux sont identifiés, la personne concernée doit en être informée, sauf en cas d’impossibilité de la retrouver ».
Or force est de constater que cette obligation qui incombe aux professionnels fait en l’état largement défaut.
En conséquence, nous demandons à nouveau la mise en place d’un outil sécurisé et centralisé pour permettre l’envoi sans tarder de courriers d’informations individualisés aux personnes directement concernées par un risque nouvellement identifié. Lors de la crise du Covid, les autorités sanitaires ont été capables de transmettre des informations personnalisée aux patients concernés. Des moyens techniques et des outils numériques pour un rappel rapide existent, qu’attend-on pour les réactiver ? C’est pourtant un enjeu majeur de sécurité sanitaire.
Bravo, c’est effectivement ce qu’on attend
15 ans que nous nous battons pour ce problème Depuis le MÉDIATOR aucune avancée !!!!!!!!!
J’ai un méningiome au niveau des sinus caverneux avec beaucoup de symptômes que je viens d’apprendre récemment.
Et je vois quoi que sa pourrait venir de la pilule optimizette que je continue à prendre actuellement donc je m empoisonne tous les jours et on nous prévient pas
C’est une honte une catastrophe pour nous les femmes