Une conférence itinérante avec la CAMERUP à l’adresse des parents d’ados pour prévenir les premières « cuites », des visites en prison par VIE LIBRE aux détenus malades alcooliques, la réalisation d’un documentaire et d’une série soutenue par Entraid’addict afin de promouvoir la débanalisation de la consommation d’alcool : focus sur certaines actions d’associations membres de France Assos Santé contre les risques de l’alcool, à la faveur du Défi de janvier.
Les visites de VIE LIBRE en établissements pénitentiaires
Les premières rencontres de l’association avec des détenus ont eu lieu en 1978, à la demande d’un aumônier qui intervenait à la prison de Toul et était désireux d’aider des détenus malades alcooliques. Aujourd’hui, VIE LIBRE est l’association référente en milieu carcéral sur le sujet de l’alcool et autres addictions. Elle intervient dans 35 prisons au niveau national grâce aux visites de ses « Délégués Vie Libre Prison », des militants de l’association spécifiquement formés. Rappelons que VIE LIBRE est une association de buveurs guéris, d’abstinents volontaires et de sympathisants, qui agissent pour permettre à des personnes malades de se libérer de leur dépendance à l’alcool. « Pour un malade alcoolique, l’incarcération est une double peine, explique Patrick Poupelloz, Délégué Vie Libre Prison depuis plus de vingt ans à la section d’Albertville. En plus de la privation de liberté, il est aussi soumis à une privation d’alcool. Outre la pénibilité d’un arrêt brutal, si aucun accompagnement n’est prévu, à la sortie de prison, l’alcool ou d’autres drogues reviennent en force dans la vie de ceux qui souffrent d’addiction. » Et de préciser que « 60 à 70 % des incarcérations sont dues à l’alcool, puisque l’alcool favorise évidemment les passages à l’acte. Malheureusement, seule une minorité des détenus demandent à rencontrer le mouvement d’entraide VIE LIBRE, et parmi eux, un certain nombre le font uniquement car cela peut les aider à obtenir une réduction de peine ». Pour autant, de belles victoires sont régulièrement enregistrées et il arrive que des détenus, une fois libérés, adhèrent, à leur sortie, à l’association. Au centre pénitentiaire de Caen, certaines personnes incarcérées sont même membres bénévoles de l’association et autorisés à animer des réunions au sein de l’établissement.
« Comment parler d’alcool avec mon ado ? » En tournée avec la CAMERUP et Guylaine Benech
La Coordination des Associations et Mouvements d’Entraide Reconnus d’Utilité Publique (CAMERUP) a lancé un partenariat avec la sociologue Guylaine Benech – spécialiste de la prévention de la consommation d’alcool des jeunes – à l’occasion de la sortie en juin 2024 de son livre Sa première cuite. Présenté comme un manuel de prévention positive autour de l’alcool, il est destiné aux parents, aux grands-parents et à tous les adultes qui se demandent comment parler d’alcool avec les enfants et les adolescents. Une série de conférences baptisées « C’est ma tournée », en présence de l’auteure, se tient un peu partout en France pour aborder cette épineuse thématique. La première a eu lieu en novembre 2024, à Perros-Guirec avec la municipalité et l’association Les Amis de la Santé des Côtes d’Armor, affiliée à la Fédération Nationale des Amis de la Santé, membre de la CAMERUP. Ces conférences participatives gratuites s’organisent en lien avec des partenaires locaux. L’idée est de créer un échange avec le public grâce à des animations et des questions ludiques. L’objectif est de faire le point sur le rapport des adolescents à l’alcool et la manière, donc, d’aborder le sujet de l’alcool en famille. Certains participants se déplacent d’ailleurs en famille. « Souvent les personnes présentes lors de ce type d’échange déclarent avoir changé leur représentation et leur façon de penser les questions de prévention dans le cadre familial », confie Guylaine Benech. Beaucoup de parents, raconte-t-elle, estiment qu’il est contre-productif d’interdire à ses enfants de boire de l’alcool : « C’est une des idées reçues les plus frappantes ». Or la littérature scientifique montre que les adolescents dont les parents ont exprimé une interdiction face à l’alcool, boivent moins et sont moins souvent ivres que les adolescents qui n’ont pas été confrontés à cette interdiction. Bien entendu Guylaine explique aux parents comment formuler et poser le cadre de cet interdit. Ces conférences ont également pour but de faire connaître au plus grand nombre l’existence des associations d’entraide locales, et le soutien qu’elles apportent au quotidien aux personnes en difficulté avec une addiction.
Moteur, ça tourne… avec Entraid’addict !
Au sein de la Fédération Entraid’addict, l’une des actions prioritaires est la débanalisation des usages de substances et notamment de l’alcool chez les jeunes. Ainsi, lorsque Mathieu Thullier, 22 ans, débarque à l’association et leur propose de participer à la réalisation d’un documentaire sur sa propre expérience pour se sevrer à la fois de l’alcool et du tabac dans le cadre de la préparation d’un grand défi sportif, Entraid’addict n’hésite pas une seconde. Grâce au soutien du fonds de lutte contre les addictions, le tournage relate l’entraînement du jeune homme en vue de réaliser un triathlon Ironman (l’un des plus longs de la discipline) en 2023. Pourquoi un tel défi ? Parce que Mathieu sentait qu’il fumait et buvait trop et qu’il lui fallait un objectif fort pour arrêter. « Nous avons été immédiatement interpellés par la maturité d’esprit, par la prise de conscience de Matthieu par rapport à sa consommation d’alcool, rare pour son âge, et tenions absolument à le soutenir dans ce projet de documentaire, baptisé Nouveau Souffle, qui suit son parcours pendant quelques mois et est ponctué d’interventions d’experts », commente Laurent Muraro, coordinateur général de la Fédération Entraid’addict. Présenté en avant-première en avril 2024, le film a déjà fait l’objet d’une dizaine de projections-débats.
Dans la même veine, Entraid’addict est également engagée dans la production et la promotion d’une mini-série, réalisée sous l’impulsion de Vincent Moreau, créateur d’Abstème média, qui a choisi la sobriété après des années d’excès et un grave accident de trottinette. Chaque épisode de la série présente des personnes qui ont préféré dire non à l’alcool pour un temps ou définitivement. L’idée est de promouvoir une normalisation de la non-consommation d’alcool – sans pour autant prôner l’abstinence absolue – mais en allant vers le respect du choix de chacun. « Beaucoup de personnes, parmi celles qui relèvent le Défi de janvier, témoignent souvent du manque de soutien de leur entourage, voire de leur insistance à leur proposer de l’alcool et de leur propension à les désigner comme des rabat-joie », regrette Laurent Muraro.
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