Retrouver le sommeil, une affaire de santé publique

Comme on fait son lit, on se couche… ou l’importance du sommeil

Dans un rapport publié le 25 avril, le think tank Terra Nova s’inquiète du peu d’égards que les pouvoirs publics portent à la qualité de notre sommeil et les appelle à mettre en place de véritables mesures pour sensibiliser les populations aux enjeux liés à cette question.

« Les hypnotiques, c’est pas automatique ». Verra-t-on un jour ce slogan, dérivé de celui très populaire utilisé il y a quelques années afin de sensibiliser sur la consommation excessive d’antibiotiques, diffusé auprès du grand public ? C’est un des souhaits émis par le think tank Terra Nova dans un rapport publié fin avril portant sur l’urgence d’intégrer dans les politiques de santé publique des mesures favorisant la qualité de notre sommeil.

A ce chapitre, la lutte contre l’excès de consommation de somnifères, dont on sait qu’ils présentent de nombreux effets délétères sur la santé et qu’ils ne sont pas efficaces sur le long terme, apparaît pour les auteurs de ce rapport comme l’une des mesures à mettre en place en priorité. Comment ? Par exemple en faisant la promotion des traitements alternatifs (psychothérapie, thérapie cognitivo-comportementale, etc.).

Le sommeil en queue de peloton des préoccupations de santé publique

« Des comportements équilibrés (alimentation, activité physique et sportive), lit-on dans le rapport, sont également en mesure d’apporter des réponses de valeur pour nombre de situations rencontrées, évitant ainsi aux personnes des prises médicamenteuses inutiles, coûteuses et inefficaces ».

Au-delà de la question de la surconsommation de somnifères, c’est tout notre rapport au sommeil qu’il faudrait revoir, estiment les auteurs de cette étude. « Le sommeil, écrivent-ils, est ordinairement tenu pour anecdotique, relevant de l’intime, des petits plaisirs ou désagréments de la sphère privée. Dans nos sociétés performantes, chacun est, explicitement ou tacitement, invité à faire de son sommeil une variable d’ajustement (…) ».

Le sommeil serait ainsi devenu « l’ultime frontière à repousser pour parvenir, au nom de la modernité et de la liberté individuelle, à une société fonctionnant à pleine puissance 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 ». Les chiffres sont là pour l’attester : on dort de moins en moins longtemps et de plus en plus mal.

La quantité de sommeil en berne, sa qualité aussi

Les auteurs du rapport citent par exemple une étude publiée en février dernier par le Centre américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC), selon laquelle un tiers des Américains dort moins de sept heures par nuit soit en deçà des recommandations émises en 2015 par les spécialistes du sujet outre-Atlantique. En France, près de deux personnes sur trois se plaindraient d’un ou plusieurs troubles du sommeil. La somnolence de jour touche 20 % des Français et près d’un tiers des actifs dort moins de 6 heures par nuit.

Pression professionnelle, intensification des tâches, allongement des temps de trajet domicile-travail, l’urbanisation et son cortège incessant de bruits et de lumières, la multiplication et l’individualisation des écrans (chaîne 24h/24, smartphones, tablettes, internet)… Les causes de la détérioration de la qualité de notre sommeil sont bien identifiées.

Et elles le sont depuis longtemps. Une étude menée par Jean Pierre Giordanella, docteur en santé publique (qui a également participé à la rédaction du rapport de Terra Nova), remis en décembre 2006 à Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé, dressait le même constat. Certaines de ses conclusions sont toujours d’actualité, regrette Terra Nova. Outre la lutte contre les abus de médicaments psychotropes, le think tank invite les pouvoirs publics à des actions ciblées auprès des enfants plus particulièrement.

Quelles mesures pour nous réconcilier avec l’oreiller ?

Il serait ainsi souhaitable d’encourager l’éducation au sommeil dans le cadre scolaire dès l’âge de 6 ans, mieux prendre en compte les temps de transport scolaire afin éventuellement d’adapter l’horaire du début de la journée ou encore d’encourager la sieste au-delà de la moyenne section de maternelle.

Pour Terra Nova, il est également essentiel d’améliorer la formation initiale et continue des professionnels de santé (médecins et paramédicaux) sur le sommeil et de mener des actions de sensibilisation auprès du grand public.

Le think tank suggère par exemple d’intégrer une communication sur le sommeil dans le « Plan national nutrition santé environnement » qui pourrait préciser la quantité moyenne de sommeil nécessaire de 7 heures/nuit. La lutte contre le bruit et la pollution visuelle en milieu urbain constitue d’autres pistes que les auteurs de ce rapport préconisent de suivre afin de restaurer les conditions d’un sommeil de qualité, au même titre qu’une attention particulière portée à l’équilibre de son alimentation, notamment le soir, ou encore la réalisation régulière d’une activité sportive physique et sportive.

En savoir plus :

Retrouver le sommeil, une affaire publique, rapport de Terra nova, 25 avril 2016

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