Déremboursement de benzodiazépines : annonce d’un déclin ?

Constatant un faible service médical rendu et un mésusage régulier des benzodiazépines pour les troubles sévères du sommeil, et devant les effets néfastes et la surconsommation de ces substances, la commission de la transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS) a abaissé leur taux de remboursement à 15 % au lieu de 65 % actuellement.

La décision a été publiée au Journal officiel. Sont concernés les médicaments comme estazolam (Nuctalon), loprazolam (Havlane), lormétazépam (Noctamide), nitrazépam (Mogadon), témazépam (Normison), zolpidem (Stilnox), zopiclone (Imovane) et leurs génériques.

La France, l’un des pays où l’on consomme le plus de benzodiazépines

Les benzodiazépines sont une classe de médicaments psychotropes, c’est-à-dire qui agissent sur le système nerveux central en modifiant certains processus chimiques naturels (physiologiques), ce qui entraîne des modifications de la conscience, de l’humeur, de la perception et du comportement. Ils sont couramment utilisés dans le traitement de troubles tels que l’anxiété, les spasmes, l’insomnie, les convulsions, l’agitation ou lors d’un sevrage alcoolique.

La France détient le triste record de championne du monde en matière de consommation de psychotropes (en 2012, près de 12 millions de Français en auraient pris au moins une fois).

Ces molécules qui agissent sur le système nerveux central, aux propriétés anxiolytiques, hypnotiques, myorelaxantes et anticonvulsivantes… et néfastes à long terme

En 2012, 22 benzodiazépines ou apparentées étaient commercialisées en France. Entre 2012 et 2013, trois benzodiazépines ont fait l’objet de mesures particulières : le clonazépam, pour lequel des conditions d’accès restreintes ont été mises en place en France, le flunitrazépam qui a été retiré du marché français pour des raisons commerciales, le tétrazépam dont la réévaluation du rapport bénéfice/risque initiée par la France a abouti à son retrait du marché en Europe en juillet.

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm) mettait en évidence, dans son rapport Etat des lieux en 2013 de la consommation des benzodiazépines en France, la reprise de la consommation globale de benzodiazépines initiée depuis 2010, sous-tendue par la progression de la consommation d’anxiolytiques et d’hypnotiques, malgré la baisse importante de la consommation du tétrazépam retiré du marché et du clonazépam (-70 % entre 2011 et 2012).

Les données de l’Ansm mettaient notamment en évidence ceci :

  • 131 millions de boîtes de médicaments contenant des benzodiazépines ou apparentées ont été vendues en France en 2012 (dont 53,2 % d’anxiolytiques et 40,5 % d’hypnotiques, représentant près de 4 % de la consommation totale de médicaments en 2012.
  • Environ 11,5 millions des usagers en France ont consommé au moins une fois une benzodiazépine en 2012.
  • 22,2 % des utilisateurs consomment 2 benzodiazépines simultanément ou non et 0,7 % en consomment 3.
  • Les consommateurs de benzodiazépines âgés en moyenne de 56 ans sont principalement des femmes pour près des 2/3. Un tiers des femmes de plus de 65 ans consomment une benzodiazépine anxiolytique et près d’une sur cinq (18 %) une benzodiazépine hypnotique.
  • Les principaux prescripteurs de benzodiazépines anxiolytiques et hypnotiques sont des médecins libéraux (90 %), essentiellement des généralistes.
  • Les temps d’exposition aux benzodiazépines sont parfois très supérieurs aux recommandations de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) avec une utilisation annuelle moyenne de 4 à 5 mois pour les molécules hypnotiques et anxiolytiques (et plus de 2 ans pour la moitié des sujets traités). Une proportion importante de patients les utilise en continu pendant plusieurs années.
  • La consommation des benzodiazépines expose à certains risques bien connus en particulier neuro-psychiatriques, ainsi que des risques d’abus et de pharmacodépendance, notamment un phénomène de tolérance et de sevrage à l’arrêt. Les benzodiazépines accroissent également de manière significative le risque d’accidents de la route.
  • Chez le sujet âgé, la consommation de benzodiazépines peut favoriser les chutes et perturber la mémoire.
  • Enfin, certaines études récentes font état du lien potentiel entre ces substances et la survenue d’une démence.

Sur ce dernier point, rappelons l’étude de l’Inserm publiée en septembre dernier sur le lien entre la maladie d’Alzheimer et la prise de « benzos ». Pendant six ans, les chercheurs ont étudié 1 796 cas d’Alzheimer répertoriés dans un programme d’assurance médicale canadien et les ont comparés à plus de 7 000 personnes en bonne santé, de même âge et de même sexe. Cette étude, publiée dans le British Medical Journal, montre que la prise de benzodiazépines durant plus de trois mois est associée à un risque accru de survenue de la maladie d’Alzheimer. Plus la durée d’exposition est longue, plus le risque d’Alzheimer est élevé, un risque également majoré en cas d’utilisation de benzodiazépines ayant une longue durée d’action.

Devant le constat d’une consommation toujours très importante de benzodiazépines, d’une large prescription, en particulier pour des durées trop longues, et de leurs effets néfastes, la décision d’abaisser le taux de remboursement de certains médicaments à base de benzodiazépines à 15 % (au lieu de 65 % actuellement) était attendue.

Il reste à souhaiter qu’elle sera un facteur déclenchant pour une remise en question de la prescription de ces médicaments et une prise de conscience par les patients des risques encourus avec de tels traitements. Et pourquoi pas, peut-être donnera-t-elle envie à certains d’entre eux de se tourner vers d’autres prises en charge (médecines complémentaires dite « douces », psychothérapie).

Pour rappel, voici les principaux médicaments à base de benzodiazépines (liste alphabétique) :

– Alprazolam Générique
– Anxyrex
– Ativan
– Bartul
– Belseren
– Bromazépam Générique
– Bromiden
– Clobazam Générique
– Clonazépam Générique
– Clozan
– Demetrin
– Dialag
– Diazépam Générique
– Dormicum
– E-Pam
– Euhypnos
– Frisium
– Halcion
– Havlane
– Hypnovel
– Imeson
– Lectopam
– Levanxol
– Lexomil
– Lexotanil
– Librax
– Librium
– Lorazépam Générique
– Loridem
– Lysanxia
– Megavix
– Midazolam Générique
– Mogadon
– Myolastan
– Narcozep
– Nitrazépam Générique
– Noctamide
– Noctran
– Nordaz
– Normison
– Novazam
– Nuctalon
– Oxazépam Générique
– Paceum
– Panos
– Planum
– Prazépam Générique
– Psychopax
– Quietiline
– Restoril
– Rivotril
– Rohypnol
– Serax
– Serenase
– Seresta
– Sigacalm
– Stesolid
– Témazépam Générique
– Temesta
– Tétrazépam Générique
– Tranxène
– Tranxilium
– Triazolam Générique
– Urbanyl
– Valium
– Veratran
– Versed
– Vivol
– Xanax

1 commentaires

  • intellol dit :

    Comme d'habitude, personne n'a lu l'étude ni n'a les yeux en face des trous ! 1) L'allongement régulier de l'espérance de vie ne résulte pas de la diminution des traitements, mais de leur augmentation; ( qui ont provoqué, ne vous en déplaise, la raréfaction, voire l'éradication des maladies, ET NON L INVERSE ! – d'où, en partie, la relative multiplication des démences séniles; "relative" car fonction du critère de calcul retenu. 2) Le levier financier (simagrées de pourcentages) est puéril, répressif, mécanique, régressif, narcissique, coercitif, pervers, égocentrique, pathologique et fondamentalement culpabilisant et dévalorisant pour les protagonistes concernés par ces molécules; il a donc pour principale conséquence d' élever sensiblement le niveau de stress de ceux qui s'arrogent le droit de "contrôler" (quel régal !); dont la souffrance et le malaise lui sont à l'évidence totalement indifférents; 3) Les états dépressifs, les troubles du sommeil, les états anxieux, les états de stress, de tension nerveuse ou psychique continues représentent pour le système nerveux central (et bien au-delà !..) une sollicitation chronique éprouvante qu'il s'épuise en permanence à tenter sans interruption de compenser, jusqu'à en "crever" : c'est l' apoptose, c'est-à-dire la fin de la lente agonie des neurones que notre ignorance – parfois légitime – et notre bêtise (toujours scandaleuse !) se sont montrées dans l'incapacité d'assister, de comprendre et de soutenir (on verra VOTRE tête quand VOUS commencerez à délirer ou à affronter la torture d'interminables attaques de panique que vos proches contempleront avec dégoût..) 4) Où donc est passée dans cette brillante étude – qui a coûté, comme on dit "la peau des fesses" ! – le groupe qui a consommé les mêmes BZD SANS que son SNC n'ait eu à subir en continu les graves dommages et nombreux préjudices auquel le groupe de référence a été gravement et durablement exposé (anxiété, stress, dépressions, troubles du sommeil, dysautonomias telles que "CFS-EM-SEID", etc.. et autres causes d'usure prématurée du SNC, qui sont systématiquement retrouvé chez les sujets qui finissent par développer ces fameuses démences… "séniles", (sénile = usure) ; ET QUI LES ONT CONDUIT à recevoir ce TYPE DE PRESCRIPTIONS que vous condamnez (on croit rêver…). Alors comme ça vous avez trouvé la cause de la maladie d'ALzheimer? ! Bravo ! C'est donc un coup des BZD ! Ben Voyons ! Reste plus qu'à boucler ces C… de criminels sadiques qui continuent de les prescrire ! Et cette bande de demeurés congénitaux irresponsables qui ont la stupidité de les bouffer ! Heureusement que vous êtes là, vous les Grands Décideurs avec vos super Q.I. de moins vingt (en fahrenheit) pour les soumettre, les contrôler, les enrégimenter, les museler et les châtier !

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